15/03/2023
Impact de la discrimination d'une personne handicapée sur son état mental
* Comment définir le handicap ?
Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « Est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromises ».
Considéré comme l'un des facteurs majeurs de discrimination, le handicap en toutes ses formes influe fortement sur la santé mentale des personnes porteuses.
Souvent exclues, maltraitées, et parfois considérés comme une charge dans leur famille et dans la communauté, les personnes vivant avec handicap sont le plus souvent dans l'isolement ce qui met encore en péril leur santé surtout sur le plan psychique.
"… Au Burundi une personne vivant avec un handicap est perçue comme un " incapable de tout". Cette perception négative à leur égard entraîne des conséquences plus que néfastes comme nous allons le voir dans cet article.
Ainsi, l’isolement, le manque d’estime de soi, l’auto-stigmatisation, la culpabilité... ne sont que les unes des multitudes conséquences de leur discrimination. Leur situation les oblige à vivre de la mendicité dans les rues, alors que les moins chanceux d’entre eux se sont retrouvés emprisonnés à jamais dans leur maison, sans espoir d’y sortir un jour.
* Impact redoutable de l'exclusion scolaire des handicapés
Rencontrant des difficultés à accéder à une scolarisation en milieu ordinaire, ils ne bénéficient pas du pouvoir émancipateur de l'éducation, ce qui diminue les chances d'insertion sociale.
‘‘ …L'école n'est pas fait pour toi ! C'était la seule réponse que je recevais de mes parents quand je leur demandais de me scolariser. Je n'avais d'autres choix que de rester à la maison malgré mon désir de fréquenter l'école et apprendre.’’ Déclare NZAMBIMANA*, vivant avec handicap moteur depuis son deuxième anniversaire.
La non-scolarisation des personnes vivant avec handicap ne fait que renforcer leur invalidation sociale, et vont à la suite développer une faible estime de soi ainsi que l’auto-stigmatisation... générer en eux un sentiment d'incompréhension ou d'être abandonné. C’est ainsi que beaucoup finissent le plus souvent à croire que leur place est dans la rue à mendier.
‘‘…Toujours seul à la maison dans une solitude sans fin, j'avais le sentiment d'être abandonné, la vie ne signifiait plus grand chose pour moi, et souvent je voyais que la seul et unique voie de sortie pour moi était la mort... J'entendais souvent ma mère se plaindre à mon sujet et ça me faisais encore de la peine...’’ ; ajoute NZAMBIMANA*.
Partant de cet extrait de témoignage, signalons que la stigmatisation est tellement dangereuse qu'elle peut générer des idées suicidaires à cause du désespoir profond...qui sont des conséquences redoutables sur leur santé mentale.
* Le regard des autres, moqueries et insultes pèsent encore sur poids du handicap.
Âgée de 28 ans AKIMANA*, a indiqué qu'elle avait quitté l'école quand elle était en classe de 6ème primaire, après avoir subi des brimades de la part des enseignants insouciants de sa situation.
Quand elle essayait de s'asseoir au premier rang de la classe pour mieux voir au tableau, l’institutrice lui criait dessus : « Toi, l'albinos, reste où tu es », a-t-elle indiqué. Son père se plaignait à maintes reprises auprès de la direction de l'école, mais rien n'était jamais fait, les choses ne faisaient qu'empirer jour après jour.
Partant du cas d’AKIMANA*, l’albinisme peut engendrer une déficience visuelle qui peut être considéré comme un handicap. Cependant les albinos ainsi que les personnes vivant avec un handicap entrainant une déficience sensorielle ou mentale sont souvent sujets à des moqueries, insultes, quolibets ; ce qui renforce encore plus leurs dévalorisation, isolement social, culpabilité, honte et apitoiement sur soi.
* La culpabilité et la honte, double vécus des personnes avec handicap.
Avoir un enfant handicapé est considéré par la culture burundaise comme une « punition divine ». Les mauvaises conceptions répandues au sujet des personnes vivant avec handicap mènent plusieurs parents à cacher leurs enfants, ce qui nuit inévitablement au respect de tous leurs droits.
‘‘...Je faisais souvent objet de moqueries des autres enfants de l'entourage, certains m'insultaient et ça me rongeait le cœur. Je vivais toujours avec la peur du regard des autres, la peur d'être jugés… ça m'a pris du temps pour pouvoir s’en sortir, mais j’ai surtout pu compter sur le soutient indéfectible de mes parents qui n’ont jamais cessé de me soutenir. ’’ ajoute-t-elle.
Victimes de moqueries et insultes, les personnes vivant avec handicap adoptent des stratégies d'évitement comme l'isolement choisi.
Il est temps de sensibiliser davantage le public aux droits des personnes vivant avec handicap et d’encourager leur acceptation et leur inclusion dans le monde aux niveaux local, régional, national et international. Cela contribuerait à prévenir les différents problèmes auxquels elles font face au quotidien surtout dans le cadre de leur santé mentale.