04/07/2025
MAMI WATA : RETROUVER LA VÉRITÉ D'UNE DIVINITÉ MÉCONNUE.
Un article original de Egouns Orisha de Ouidah
Dans l’univers spirituel du Golfe de Guinée, peu de figures suscitent autant de fascination, de peur et de malentendus que celle que l’on nomme Mami Wata. Trop souvent perçue comme une entité étrangère, mystérieuse, voire dangereuse, cette image est en réalité une déformation d’une figure centrale de nos traditions : LE TOHOSSOU.
UNE DIVINITÉ ANCESTRALE MASQUÉE PAR DES LANGUES ÉTRANGÈRES
Le nom "Mami Wata", littéralement "Mother of Water" en anglais, n’est pas un nom issu de nos langues traditionnelles. Il s’agit d’une traduction simplifiée, utilisée pour rendre compréhensible, acceptable à l'étranger l’essence de Tohossou, divinité de l’eau et des richesses, présente depuis des siècles dans le panthéon vodun du Bénin, du Togo, du Ghana et du Nigéria.
Ainsi, ce que l’on appelle aujourd’hui "Mami Wata" dans l’imaginaire populaire est une version étrangérisée de Tohossou, résultat des échanges souvent imposés entre les peuples africains et les explorateurs, négriers ou missionnaires venus d’Europe.
TOHOSSOU : GARDIEN DES BIENS ET MAÎTRE DES PROFONDEURS
Dans la tradition vodun, Tohossou est la divinité des eaux profondes, des trésors cachés, de la beauté mystique, de la prospérité et parfois même de la séduction spirituelle. Il n’est ni purement masculin, ni purement féminin : il transcende les genres, et peut se manifester par des initiés hommes ou femmes, à travers des possessions ou des songes.
Tohossou détient les clés des richesses de ce monde : pas seulement matérielles, mais aussi symboliques chance, charisme, puissance d’attraction, succès dans les affaires. Mais il est aussi exigeant : les dons reçus de lui doivent être entretenus par la loyauté, la discipline et le respect du sacré.
DES ADEPTES STIGMATISÉS À TORT
Malheureusement, l’ignorance spirituelle a conduit à la persécution des enfants de Tohossou. Sous le nom générique de "Mami Wata", on les accuse parfois de sorcellerie, de tromperie, d’être des "sirènes humaines" maléfiques. Cette stigmatisation est non seulement injuste, mais elle repose sur une méprise profonde : ces initiés ne sont pas des êtres maléfiques, mais des porteurs d’un lien ancien avec l’énergie de l’eau, de la fécondité et de l’abondance.
📷: Abadjayé Justin Sodogandji
, Pour la valorisation et la défense de nos spiritualités.