19/08/2022
S’oublier pour être aimé
Chaque histoire, chaque existence est singulière, naturellement ; pourtant nous constatons souvent que, presque toujours, cette culpabilité qui empêche le bonheur date de la petite enfance. Elle est particulièrement fréquente chez les enfants non désirés ou ceux qui sont élevés par des parents hyperexigeants. Dès leurs premières années, se sentant en trop, manquant d’estime de soi, ils se sont efforcés de satisfaire prioritairement les besoins de leur entourage, sans jamais s’autoriser à penser à leur propre bien-être. Dans l’espoir d’être aimés, ils se sont en quelque sorte conditionnés à s’oublier, à vivre pour les autres. Comment pourraient-ils être heureux, même dans le plus beau château de l’univers ?L’inaptitude au bonheur est fréquente également chez les enfants de parents dépressifs. Ils grandissent dans une atmosphère pesante, morose, entre un père et une mère qui voient le monde à travers des lunettes noires et leur transmettent cette vision de l’existence, sans relief ni couleurs. Ils se sentent coupables de leurs élans de joie, car ils ont la pénible sensation de jouer les trouble-fête dans cette ambiance de silence et de grisaille. Et peu à peu s’éteignent. Le phénomène est amplifié si, de surcroît, les parents manifestent des tendances superstitieuses : « Ne te réjouis pas trop vite, dissimule ta joie, sinon le malheur te guette. » La maison est toujours susceptible de brûler, la voiture d’être accidentée, l’être cher de mourir, etc.