03/10/2025
De mon coeur au tien...🩶
Il y a une douleur qui ne se mesure pas, qui ne se nomme pas vraiment. Une douleur qui ne se limite pas aux muscles, aux nerfs ou aux os, mais qui s’infiltre partout, jusque dans l’identité, dans l’ombre des rêves laissés en suspens.
C’est un matin où le corps refuse d’obéir. Un matin où l’esprit voudrait courir, créer, vivre comme avant, mais où chaque mouvement rappelle cruellement que ce « avant » n’existe plus. C’est la main qui hésite à saisir une tasse parce qu’elle sait déjà que le poids du geste sera trop lourd. C’est le dos qui brûle sous l’effort d’un quotidien devenu un champ de bataille silencieux. C’est la solitude d’une douleur que personne ne peut voir, que peu peuvent comprendre.
J’ai longtemps cherché des réponses. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? J’ai nié, j’ai résisté, j’ai supplié mon corps de redevenir celui qu’il était. Mais il n’y a pas de retour en arrière. Il y a seulement ce qui est.
Et ce qui est, c’est une route chaotique entre acceptation et révolte. Ce sont des jours où l’envie d’abandonner est plus forte que la volonté de continuer. C’est le deuil de ce que j’étais, de ce que j’aurais pu être, de ce que je croyais intouchable. C’est la douleur qui vient non seulement du corps, mais de la perte d’un monde intérieur, d’une confiance que je croyais acquise. Parce que la douleur ne vole pas seulement la mobilité, elle prend aussi les certitudes, les élans spontanés, la légèreté des jours sans calcul.
Et pourtant, au creux de cette perte, il y a aussi quelque chose d’autre. Quelque chose de brut, d’essentiel. Une autre façon d’exister, de ressentir, de se redéfinir. Ce n’est pas un message d’espoir facile, ce n’est pas une leçon apprise en une nuit. C’est un chemin que je trace chaque jour, avec des pas hésitants et des éclats de lumière furtifs. C’est apprendre à voir ce que je n’aurais jamais regardé si tout avait continué comme avant.
Je ne suis plus celle que j’étais, mais je ne suis pas non plus brisée. Je suis en métamorphose, quelque part entre ce qui a été et ce qui sera. Et même si parfois j’aimerais tout échanger contre une seule journée sans douleur, je sens, au fond de moi, qu’il y a encore une route à suivre. Une route que je construirai à mon propre rythme, avec ce corps qui porte les cicatrices, mais aussi la force insoupçonnée de ceux qui ont appris à danser avec la tempête.
Manon xx