09/18/2025
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Je suis médecin omnipraticien.
Christian Dubé, lui, il n’est pas ministre de la Santé, il est le ministre de la Magie.
Je m’explique. Je travaille en santé et non en finance, mais je me rappelle quand même mes cours de maths et d’économie au secondaire pour comprendre que le PL106 n’a aucune chance d’atteindre l’objectif noble d’offrir accès à des soins de première ligne à tous les Québécois et Québécoises sans sacrifier la qualité des dits soins.
L’enveloppe budgétaire dédiée à la rémunération des médecins de famille s’élève présentement à environ 3 milliards par année et on estime qu’environ 25% ne sont pas inscrits avec un médecin de famille ou un GMF.
La logique conventionnelle dirait que d’offrir des services de première ligne supplémentaires pour le 25% qui reste, SANS augmenter la valeur des actes ou la valeur du temps travaillé, devrait se traduire par une augmentation de 25% de l’enveloppe budgétaire. Si on demande à un travailleur/travailleuse d’effectuer plus de volume ou d’heure (donc plus de travail), il est logique que ce travailleur/travailleuse s’attende à être payé pour avoir travaillé plus.
Or, le ministre Dubé et la CAQ ont dilapidé tellement d’argent public dans des projets mal gérés (Northvolt, Lion Électrique, SAAQclic, 3e lien, etc…), que maintenant l’état n’a plus la capacité fiscale (en plus d’avoir subi une décote au crédit) d’offrir des soins supplémentaires et dignes aux Québécois et Québécoises.
Ainsi, Christian Dubé doit trouver un moyen pour soigner 100% des Québécois et Québécoises sans mettre une cenne de plus dans la rémunération. En d’autres mots, il veut trouver un moyen pour soigner le 25% de la population orpheline, sans payer les médecins pour ce travail.
Voici donc le tour de magie avec lequel il tente de tromper la population avec le PL106 :
1. Le mensonge : Déclarer à la population que tous les maux du système et le problème d’accès est 100% à cause des médecins paresseux, en invoquant des statistiques manipulées et erronées, alors que les rapports d’experts (qui ont été commandés par le ministre aux frais des contribuables) disent le contraire.
2. L’illusion du choix : Présenter un projet de loi qui dit vouloir lier la rémunération des médecins à la performance avec des cibles impossibles à atteindre (sans aucun plan pour valoriser la médecine de famille et augmenter les effectifs, ni aucun plan pour augmenter le nombre de salles d’opération ou les plateaux techniques nécessaire pour les spécialistes, etc.). Il faut rappeler que la rémunération à l’acte n’est pas parfaite, mais elle est intrinsèquement liée à la performance. Par exemple, une chirurgienne est seulement rémunérée si elle opère un patient. Donc, plus qu’elle opère, plus elle est rémunérée.
3. Le coup de théâtre : avec le PL106, il va simplement donner un coup de baguette magique et il va déclarer que tous les patients seront automatiquement inscrits à un GMF, sans aucun égard des ressources disponibles sur le territoire (pas seulement médecins, mais infirmières, physio, psycho, ergo, agente admin, etc.). Les GMF étant déjà à capacité maximales, l’augmentation du bassin de patient se traduira nécessairement par une diminution de l’accès et de la qualité des services.
4. La pénalité : lorsque les objectifs irréalistes décidés unilatéralement par le ministre ne seront pas atteints, alors il appliquera une réduction de 25% à l’enveloppe de rémunération aux médecins. Le PL106 lui donne aussi le pouvoir de changer les cibles comme bon lui semble. Notez ici la coïncidence (ou pas) de la pénalité de 25% et le fait qu’il y a 25% de la population qui ont moins d’accès aux services.
5. L’écran de fumée : toute cette joute médiatique publique a été minutieusement préparée par l’équipe de communication du ministre (publicités déjà préparées aux frais des contribuables, déclarations publiques du ministre de la Santé et du premier ministre qui « veut se battre avec les médecins », etc.).
Un magicien sait très bien diriger l’attention du public vers la mauvaise direction, sinon son tour risque d’être démasqué. La question que la population doit se poser est de quoi la CAQ veut-elle nous distraire…
Ne soyez pas dupes, chers concitoyens et concitoyennes, toute cette saga n’a aucun rapport avec la rémunération des médecins. Il s’agit d’un problème de finances publiques et d’un jeu politique d’un gouvernement désespéré au bord du précipice.
