19/07/2025
On dit souvent qu’avant de faire du mal à quelqu’un, il faut cesser de le voir comme une personne.
C’est ce qu’on enseigne pour expliquer l’inexplicable : les horreurs de l’histoire, la cruauté envers les plus vulnérables, les abus, les violences.
On parle de déshumanisation de l’autre. Comme si c’était une condition préalable pour réussir à commettre l’impardonnable.
Et oui, cette idée est ancrée dans nos livres, nos récits, nos réflexions collectives.
Des humains ont été traités comme des objets, des enfants comme des fardeaux, des personnes marginalisées comme des anomalies à corriger.
Mais… et si ce n’était pas l’autre qu’on déshumanisait en premier?
Et si, pour devenir capable de rabaisser, de violenter, d’ignorer, il fallait surtout avoir coupé quelque chose en soi?
Parce que pour ressentir la douleur de l’autre, il faut être connecté. Présent. Ouvert.
Un être humain en santé, c’est un être humain qui perçoit. Qui ressent. Qui est touché.
Alors si on peut blesser sans trembler, écraser sans broncher, rabaisser sans hésiter…
Est-ce vraiment parce qu’on ne voit plus l’humanité en face de nous?
Ou est-ce parce qu’on a mis de côté la nôtre?
Et là, la question devient : qu’est-ce qu’on sacrifie en choisissant d’agir sans compassion?
Ce n’est pas seulement l’autre qu’on éloigne.
C’est une partie de nous qu’on éteint.
Chaque fois qu’on choisit le pouvoir au lieu du lien, la froideur au lieu de l’écoute, on se déconnecte un peu plus de ce qui nous rend humains.
Pas pour excuser.
Mais pour comprendre ce que coûte, intérieurement, la violence ou le mépris.
Ce qu’on inflige à l’extérieur a toujours un prix à l’intérieur.
Et peut-être qu’il est temps qu’on le nomme.