05/13/2025
PLUS DE PESTICIDES DANS L'EAU POTABLE QUE DANS LA RIVIÈRE!!!
Catherine Mercier de Radio-Canada écrit que 《 Une récente étude québécoise montre que les pesticides sont toujours présents dans l’eau potable, même après le passage par une usine de traitement. Dans certains cas, les concentrations de pesticides sont plus élevées dans l’eau destinée à la consommation humaine que dans l’eau de la rivière où elle est puisée.
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Lors de cette étude, le chercheur Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale à l’Université de Montréal, et son équipe ont analysé l’eau de la rivière Châteauguay avant et après son traitement à l’usine d’eau potable d’une municipalité en Montérégie.
Cette rivière coule au cœur d’une des plus grandes régions de production agricole au Québec.
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Des échantillons d’eau ont été récoltés pendant plus de 800 jours, d’avril 2021 à août 2023. C’est la plus longue étude du genre au Québec. La fréquence de l’échantillonnage, deux fois par semaine, permet d’avoir un portrait plus précis des concentrations de pesticides au fil du temps.
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Les chercheurs ont ciblé 46 pesticides parmi les plus utilisés en agriculture, dont le glyphosate, l’herbicide le plus vendu au monde, et les insecticides néonicotinoïdes. L’étude se penche également sur 8 métabolites, des molécules qui résultent de la dégradation des pesticides.
Très répandus dans l’environnement, ces métabolites sont potentiellement plus toxiques que le pesticide dont ils sont issus, mais ils sont si nombreux qu’il est impossible pour les agences réglementaires d’établir une limite de concentration maximale pour chacun d’entre eux, mentionne l’étude.
Aucune diminution des concentrations
Les analyses permettent de constater qu’un système de traitement des eaux standard, pourtant tout à fait conforme à la réglementation en vigueur au Québec, est incapable d’éliminer les pesticides.
Dans le cas de 19 molécules sur 54, le traitement de l’eau n’entraîne aucune diminution des concentrations. C’est le cas notamment de l’imidaclopride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes.
Selon Benoît Barbeau, cotitulaire de la Chaire en eau potable à Polytechnique Montréal et coauteur de cette étude, les usines de traitement de l’eau ne font tout simplement pas le travail quand il s’agit des micropolluants.
« Historiquement, les usines de filtration ont été conçues pour enlever des particules [...], la couleur jaunâtre qu'il y a naturellement dans les eaux de surface et pour désinfecter l'eau. » - Benoît Barbeau, chercheur et coauteur de l’étude
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Dans le cas de 12 autres molécules, dont l’atrazine, un herbicide très persistant dans l’environnement et interdit en Europe depuis 2003, les concentrations étaient même « significativement plus élevées dans l’eau du robinet que dans les eaux de surface », nous apprend cette étude.
lusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse post-traitement, par exemple le fait que les particules, emprisonnées dans le filtre, soient peu à peu relarguées quand celui-ci atteint sa capacité maximale d’adsorption.
Un effet cocktail méconnu
Pris individuellement, aucun échantillon ne dépassait les seuils permis au Canada, mais l’étude avance que l’exposition à long terme à de multiples pesticides et à leurs métabolites pourrait avoir des effets toxiques cumulatifs ou synergiques posant des risques pour la santé.
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« Quand on arrive dans un cas où on a un mélange de 50 pesticides et métabolites, c’est quoi, l’effet de cette combinaison-là avec des ratios qui changent dans le temps? On ne le sait pas. » - Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale,
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Que faire face à une pollution chronique?
Si l’eau embouteillée peut sembler une solution simple pour contourner le problème de la contamination aux pesticides, les experts consultés soulignent qu’elle n’est pas viable, ne serait-ce qu’en raison des microparticules de plastique présentes dans cette eau et de la pollution occasionnée par les bouteilles.
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« Il y a plein de choses qui ne sont tout simplement pas réglementées ou pas suivies ou pas vérifiées. Moi, je serais satisfait si on avait des règles d'eau potable plus sévères. Ça rassurerait les gens. » - Sébastien Sauvé, professeur de chimie environnementale.
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Pour Maryse Bouchard, qui vient de lancer la plus vaste enquête épidémiologique sur l’exposition aux pesticides au Canada, la solution se trouve en amont.
Selon elle, il faut « offrir aux agriculteurs des méthodes de lutte non chimique qui seraient efficaces et qui arriveraient à maintenir la productivité, qui est vraiment nécessaire en agriculture. »
Réduire le recours aux pesticides dans les champs aurait pour résultat de diminuer la charge de contaminants dans les rivières et, ultimement, dans notre eau potable.》
Partagé par Alain Mignault.