Les pensées de Bambatall

Les pensées de Bambatall Ces pensées, destinées à un tiers, et qui arrivent jusqu’à vous, sont des trésors à partager, donc destinés à tous.

LA LETTRE DE L’ÉDUCATEURMonsieur le Président de la République Bassirou Diomaye Faye,Monsieur le Premier Ministre Ousman...
09/15/2024

LA LETTRE DE L’ÉDUCATEUR

Monsieur le Président de la République Bassirou Diomaye Faye,
Monsieur le Premier Ministre Ousmane Sonko,

Ô vous, espoirs incarnés de toute une génération, et de tout un peuple, à qui la Providence a offert le privilège et la charge de conduire les destinées de notre pays, à vous je m’adresse très solennellement.

Excellences, c’est un modeste éducateur comme il en existe des milliers au Sénégal qui s’adresse à vous. Quand bien même ma voix risquerait de n’avoir aucune portée du fait de mon statut et de ma position de négligé sur l’étendue du territoire national…

Monsieur le Président de la République, si vous pensez que les remèdes du Sénégal sont entre les mains des économistes, probablement vous vous trompez.

Si vous pensez que les soins de premier ordre dont notre pays a besoin ce sont des finances publiques saines, vous vous trompez encore plus que jamais.

Si vous pensez que l’agrobusiness qui est en vogue et avec lequel on fait grand bruit dans ce pays règlera définitivement nos soucis, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge.

Monsieur le Président, il est de bon ton et de nobles intentions que d’encourager tous ceux qui fournissent des efforts pour tirer ce cheval rétif que représente notre Sénégal, lequel avance difficilement dans le droit chemin. Mais ce cheval récalcitrant risque de mourir à la peine, si vous continuez, comme vos prédécesseurs, à ignorer les cris et les alertes des éducateurs, qui du haut de leur sagesse et de leur connaissance de la nature humaine, voient venir mieux que quiconque les travers qui guettent un pays qui n’est pas sur la bonne voie.

Excellences, les citoyens sénégalais ont besoin de boire et de manger pour pouvoir tenir debout. La jeunesse sénégalaise a besoin de travail pour se prendre en charge elle-même, et se sentir utile et valorisée. Toutefois, ni du pain et du beurre partout, ni du travail pour tous ne pourront changer ce pays durablement et éliminer les habitudes malsaines des Sénégalais qui sont des entraves tangibles et inamovibles à toute possibilité de développement.

Ce dont ce pays a vitalement besoin, c’est de l’éducation : l’ÉDUCATION DU PEUPLE. L’éducation pour tous, car « l’éducation est la composante de base de toute société. C’est le meilleur investissement que peuvent faire les pays pour fonder une société prospère, saine et équitable »[1]. Mais hélas, notre pays a choisi d’autres voies d’investissement qui consacrent beaucoup de temps à des guéguerres inutiles, aux mensonges, à la petitesse, au folklore, au désordre social, au népotisme et aux grands bruits qui ne riment à rien, parce que simplement nous nous croyons trop malins.

Excellences, quand allons-nous comprendre enfin que l’éducation est la locomotive sans laquelle, il n’y a aucun mouvement allant dans le sens du progrès qui vaille? L’éducation est l’antidote le plus sérieux de l’incivisme. L’éducation est la clef principale du patriotisme.

L’éducation doit être à la fois le socle et la clef de voute de tout projet de développement.

Excellence Diomaye D Faye,
Excellence Ousmane Sonko,

Dans un passé récent, vous aviez invité la jeunesse du Sénégal à prendre d’assaut les rues dans tous les coins du pays pour les nettoyer. Quelle belle, mais vaine initiative!

Excellences, retournez partout où les jeunes ont fait le ménage. Vous allez être étonnés au point de penser alors qu’ils ne sont jamais passés en ces lieux pour les nettoyer. Qu’ils nettoient mille fois, et mille fois les déchets reviendront plus nombreux que jamais. Nettoyer n’est pas la solution durable; c’est éduquer qui est le clou final et pérenne.

Pour combattre l’insalubrité et l’indiscipline dans ce pays, la recette n’est pas dans un éternel recommencement. Il n’est pas nécessaire d’acheter des milliers de camions à ordures, des pelles et des râteaux et de mobiliser des milliers de jeunes gens volontaires pour des besognes qu’il faut toujours recommencer. Tout cet argent pourrait mieux servir ailleurs et de manières beaucoup plus utiles en éducation. En effet, pour du changement durable, il faut commencer par nettoyer le cerveau des Sénégalais avec la serviette de l’éducation. C’est dans l’esprit de nos citoyens que se trouvent les nids de tous les hideux problèmes de notre pays. Du matin au soir, chaque Sénégalais cherche à montrer à l’autre qu’il est plus malin que lui. Sur les routes du pays, la priorité et le bon sens n’y roulent point : chaque chauffard se croit plus pressé et plus rusé que les autres. Tout le monde est persuadé de mériter plus que ce qu’il gagne et pense normal de voler sans vergogne son prochain. Les gendarmes et les policiers dépouillent au quotidien les conducteurs de véhicules qui, à leur tour, se rabattent sur leurs clients en vue de récupérer leur manque à gagner. Et les clients, qui médecins, qui boutiquiers, qui préposés à l’état civil, et bien d’autres encore, attendent de pied ferme, quelque part, gendarmes, policiers, transporteurs, et autres spoliateurs pour leur soutirer de l’argent quand viennent leurs tours d’accueillir et de servir les citoyens. Tout compte fait, voici pourquoi tout coûte cher au Sénégal. Voilà pourquoi tout est compliqué. Tout est enfer dans notre pays.

Le Sénégal est pris dans un engrenage où chacun cherche à enfariner l’autre pour s’en sortir. Le cercle vicieux de la malignité à grande échelle finira à coup sûr par tuer notre beau pays... Chaque Sénégalais ne pense qu’à lui-même et à ses avantages propres, ne se souciant guère du bien-être des autres et de leurs éventuelles difficultés. En vérité, c’est le cœur et l’esprit des gens du pays qui ont besoin d’être balayés, récurés à fond pour enlever négativité et méchanceté, je-m’en-foutisme et laxisme, égoïsme et à-plat-ventrisme, fatalisme et cynisme…

Excellences, investir dans le ramassage des ordures par des esprits pollués d’ordures, c’est investir dans un éternel recommencement ; c’est nettoyer à répétition une plaie qui suinte sans arrêt. Or investir dans l’éducation, c’est investir à régler durablement les sempiternels maux du Sénégal. C’est attaquer à la racine le mal du pays, c’est dégoupiller le subconscient des Sénégalais afin que prenne feu, s’enflamme et s’évapore tout ce qui est ordure ou ordurier dans la mentalité profonde des gens du pays.

Excellences, les économies que l’État fait en sevrant l’éducation ne sont pas des économies : ce sont des coups de poignard sur l’avenir de notre jeunesse. Les investissements qui se font au détriment du secteur éducatif ne sont rien d’autre qu’une négation de la place et de l’importance du Savoir dans le paysage sénégalais.

Excellences, le Sénégal a reçu des pluies de milliards ces dernières décennies. Qu’est-ce que cela a véritablement comblé? Les Sénégalais sont-ils plus riches ou plus heureux? Chose certaine, notre endettement a aujourd’hui la taille de l’océan, et les difficultés cernent de partout notre îlot de misère.

Excellences, puisque vous venez à peine d’arriver au pouvoir, qu’il nous soit permis de vous dresser de façon caricaturale le portrait de notre système éducatif qui, toute proportion gardée, ressemble à un animal qui a une tête d’une souris, un ventre d’une baleine bleue et des pattes de mouches. Notre système éducatif est lamentablement difforme et déséquilibré. Environ 80% du budget de l’éducation reste dédié à la masse salariale, et 15% du même budget est alloué au fonctionnement de la machine éducative. Sortons alors la calculette pour savoir ce qui reste comme ultime force à l’animal difforme pour tenir sur ses pattes et avancer avec assurance!

Au demeurant, une éducation des adultes structurée n’est ni dans le portrait ni dans les plans de notre ministère de l’éducation. Le taux d’analphabétisme de ce pays est effarant. Et nous prétendons rêver de développement! Sacré pays.

Bref, que ceux qui s’étonnent des maux et des tares de notre système éducatif arrêtent de l’être : en réalité, c’est sa performance seule qui devrait nous étonner tous. Les abris provisoires des écoles sénégalaises sont encore là pour 50 ans. L’insatisfaction des enseignants sera toujours grandissante et la déscolarisation plus massive que jamais. Les routes du désert et les pirogues subrepticement placées la nuit au bord de l’Océan seront sans cesse prises d’assaut. Voilà notre prometteur avenir, à moins de changer de perspective et de vision sur les priorités, en comprenant que ce n’est pas l’Économie ou les Finances qui sont le socle du développement d’un pays, mais plus plutôt l’Éducation pour tous.

Excellences, j’ai parlé.

À mon nom propre et au nom de tous les éducateurs du Sénégal, j’ai parlé!

Mamadou Bamba TALL,

L’éducation est la composante de base de toute société. C’est le meilleur investissement que peuvent faire les pays pour fonder une société prospère, saine et équitable.

08/10/2024

LA MORT

La mort ne m’effraie pas
C’est le silence qui l’entoure qui me désespère
Le silence du corps inerte
Le silence de la famille
Le silence dans la communauté
Le silence des maisons où la nouvelle tombe
Le silence des bouches alors que les mémoires bruissent de paroles.

La mort ne m’effraie pas
C’est le silence qui l’entoure qui me désespère
Le silence à l’hôpital
Le silence de la Morgue
Le silence lourd dans le cimetière
Le silence au retour du cimetière
Le silence des lendemains

La mort ne m’effraie pas
C’est le silence qui l’entoure qui me désespère
Le silence qui s’abat sur le nom des morts
Telle une chape de plomb inamovible

Les morts sont des absents
Dont les noms s’effacent dans les conversations du quotidien

La mort n’effraie plus
Là où l’on a enterré notre enfant

La mort n’effraie plus
Quand on a enterré notre douce moitié

La mort n’effraie plus
Là où l’on a enterré notre propre frère

La mort n’effraie plus
Quand on a enterré notre propre sœur

La mort n’effraie plus
Là où l’on a enterré notre propre père

La mort n’effraie plus
Quand on a enterré notre propre mère

La mort n’effraie plus
Quand on est mort de la mort de ceux qui sont véritablement morts
Ceux-là que nous avons toujours aimé et qui sont partis sans nous
Nous laissant comme compagnons la Désolation et la Solitude

La mort ne m’effraie pas
C’est le silence qui l’entoure qui me désespère
C’est l’absence qui le caractérise qui m’attriste
C’est le vide qu’elle crée autour de moi qui me brise le cœur en mille morceaux impossible à recoller.

Mamadou Bamba TALL,
Poète, philosophe et penseur contemporain Montréal Québec, Canada.

06/01/2024

OSONS L’ÉDUCATION :
L’évaluation des apprentissages: parlons des notes!

Il faut changer! Vite! Au plus vite! Pas dans un mois, pas la semaine prochaine, pas demain, mais aujourd’hui et toute de suite même, si possible. Enseignants du Sénégal, vous ne semblez pas être conscients des enjeux, mais surtout de l’impact négatif des mauvaises notes que vous donnez en classe au moment de l’évaluation des apprentissages sur le devenir des étudiants du Sénégal. Votre manière de noter les apprenants perpétue une tradition de sévérité insensée qui remonte de l’époque coloniale.
N'avons-nous pas l’habitude de répéter que le système éducatif sénégalais est une copie conforme des tares et défauts du système français? En matière d’éducation, le Sénégal peut se considérer comme étant l’appendice de la France. En vérité, là où l’école française prend du laxatif pour se soulager, l’école sénégalaise est déjà morte de constipation.

Les étudiants français qui arrivent au Canada pour y poursuivre des études, dix fois plus nombreux que les Sénégalais, se plaignent souvent de leurs notes acquises en France qui frisent parfois le ridicule quand on les compare à celles des étudiants canadiens. Ces plaignants ne savent pas que les Sénégalais ont les mêmes difficultés en manière de notation. Et que même notre système est encore beaucoup plus sévère que ce qui se fait en France en matière d’évaluation.

Dans les lycées et collèges du Sénégal, il est courant de voir un premier de classe avec une moyenne de 12 sur 20. La plupart des bonnes moyennes dans les compositions semestrielles se situent entre 12 et 13 sur 20. Dès l’instant qu’un élève franchit la barre de 11 sur une note de 20, presque tout le monde considère que c’est une bonne note. Dans les séries scientifiques quand un élève a une moyenne entre 14 et 16 sur 20, il est considéré comme excellent.
Tant qu’un étudiant reste dans l’univers clos du Sénégal, ses mauvaises notes pourraient ne pas constituer un problème majeur. Les ennuis commencent réellement quand il sort du pays pour aller vers des écosystèmes éducatifs comme celui du Québec. Les réalités changent alors du tout en tout.

Au Canada, le système de notation des étudiants n’est pas chiffré, on utilise la notation littérale. C’est-à-dire que les notes dans les examens sont traduites sous forme de lettres (A+ A, A-, B+, B, B-; C+, C, C-, D, D-, E) affectées de pourcentages en termes de correspondance. Dans le contexte du Québec où la notation littérale est en vigueur, la majeure partie des notes des étudiants se situe généralement entre A+ et B, c’est-à-dire entre 100% et 75%. Les rares étudiants qui obtiennent des notes se situant dans la catégorie des C, malgré leur réussite, se comportent comme s’ils étaient en échec. Évidemment, c’est parce qu’ils sont conscients que de pareils résultats, au-delà d’altérer leur fierté, tuent en eux aussi la moindre prétention à une bourse d’études ou à un tableau d’honneur.

En vérité, même avec une note de A-, l’étudiant n’a parfois aucune chance de succès dans certains types de compétitions académiques très sélectives, a fortiori s’il a des notes inférieures à un B+. En d’autres mots, il importe de comprendre que beaucoup de jeunes Sénégalais malgré leur mention bien ou très bien obtenue au Sénégal, lorsqu’ils débarquent au Canada, ils se retrouvent dans une situation où ils n’ont aucune possibilité de prétendre à une bourse d’études ou mêmes d’entrer dans certains programmes universitaires, à cause de leurs notes acquises fièrement au pays, mais hélas jugées faibles au Québec, en comparaison à celles des Canadiens.

Les notes des étudiants sénégalais les plus brillants ne peuvent pas rivaliser avec celles des Canadiens qui excellent dans les mêmes disciplines. Cette situation constitue donc un sérieux problème pour la jeunesse sénégalaise qui poursuit des études au Canada. Les étudiants canadiens seraient-ils meilleurs que les Africains? La réponse est mille fois non! Pourquoi des notes supérieures à 17 sur 20 sont-elles très courantes au Canada, mais rares au Sénégal?
L’explication des écarts n’est pas compliquée à fournir. Au Canada, on promeut une pédagogie de la réussite. Il n’existe pratiquement pas d’évaluation surprise; ensuite, l’enseignant ne donne rien en évaluation qui n’a pas été vue et exploitée en classe au préalable. En d’autres mots, l’évaluation au Canada n’est pas un traquenard où l’on cherche par tous les moyens à prendre en défaut l’apprenant. Son but vise à vérifier l’acquisition des connaissances vues en classe, et non pas à tester la capacité de l’étudiant à déjouer des pièges...

Au Sénégal, en revanche, il est courant de voir les enseignants donner pendant l’évaluation des questions qui n’ont jamais été abordées en classe. Les évaluations surprises sont monnaie courante. Les caprices des correcteurs peuvent parfois interférer dans le travail. Sans compter le fait que les corrections sont d’une sévérité écœurante. Les enseignants utilisent dans leurs corrections des barèmes de notation qui commencent à zéro et s’arrêtent à la barre maximale de 15 ou 16 sur 20, tout au plus. Dans tous les établissements du Sénégal et à travers toutes les disciplines existantes, obtenir des notes de 19 voire 20 sur 20 demeure exceptionnelle.

La question fondamentale qui mérite d’être posée aux enseignants est de savoir pourquoi ils portent leurs évaluations sur 20, alors qu’en aucune façon ils ne sont pas prêts à donner à l’élève une note supérieure a seize sur vingt. Même si la réponse à une telle question n’est jamais claire auprès des enseignants, force est d’admettre que cette manière de procéder n’a aucun sens. Le plus paradoxal encore, et il faut le signaler, c’est que beaucoup de correcteurs n’ont aucun état d’âme à distribuer de mauvaises notes, mais lorsqu’il s’agit d’en donner de très bonnes à ceux qui le mériteraient, on dirait qu’ils coupent sur leur propre chair...
L’école sénégalaise va vraiment mal! L’université ne vaut pas mieux. Les mêmes pathologies se poursuivent à travers les cycles et les univers d’apprentissage par voie de vases communicants que le système éducatif a du mal à endiguer.

Si l’évaluation fait partie du talon d’Achille du système sénégalais, n’allez surtout pas croire que ses travers datent d’aujourd’hui. C’est tout le contraire : les problèmes ont toujours été là. Pour preuve, en 1945, Cheikh Anta Diop a obtenu son baccalauréat avec la mention passable. En revanche, l’histoire nous fait penser aujourd’hui que ce n’était pas lui le médiocre, mais plutôt ses propres enseignants. À bien des égards, la bonne note de l’étudiant reflète le travail qualitatif de l’enseignant. C’est pourquoi d’ailleurs, dans des endroits comme le Québec quand les notes sont catastrophiques dans les établissements d’enseignement, c’est plutôt l’enseignant qui est appelé à rendre compte, et non les étudiants. Dans le même ordre d’idée, l’occasion est belle de réveiller ici le triste souvenir que nous avons d’un Professeur en sciences économiques et gestion de l’UGB dénommé F. B. qui terrorisait ses étudiants par ses mauvaises notes. Ce dernier est devenu tristement célèbre pour avoir proclamé un seul admis aux examens de fins d’année dans toute une Faculté, en 1990. Et il en bombait fièrement le torse. De tels résultats, quelles que soient les explications fournies, n’auraient jamais été validés au Canada. Le professeur aurait été remercié illico presto.

Au regard de tout ce qui précède, nous sommes convaincus que les enseignants du Sénégal dans leur écrasante majorité doivent revoir leurs façons d’évaluer les apprenants. En disant cela, nous ne cherchons pas à plaider pour la distribution de notes de complaisance à tout venant. Nous en appelons juste à davantage de logiques et de cohérences de la part des enseignants dans les barèmes de notations, en les exhortant à donner le maximum de points à tout apprenant qui répond correctement aux questions posées. Il est donc grand temps que des raisonnements loufoques du genre « c’est le bon Dieu qui peut avoir partout 20 sur 20 » soient purgés de la tête de certains enseignants. Plafonner la note de l’apprenant à un seuil de 15 ou 16 qu’il ne pourra jamais dépasser en partant, alors que le travail reste noté sur 20, et cela, quelle que soit l’excellence des réponses fournies, c’est une injustice! Quelle aberration!

L’évaluation des apprentissages, c’est du sérieux. Elle engage le futur des apprenants; quand elle est mal faite, elle peut être une entorse fatale au rêve de certains d’embrasser plus t**d certaines carrières. Elle doit être guidée par le bon sens, l’équité, l’esprit de justice et s’adosser principalement aux valeurs du système et au professionnalisme du correcteur. Une mauvaise note quand elle n’est pas justifiée, elle est cassante, démotivante, humiliante et parfois même criminelle. Beaucoup de jeunes sénégalais chaque année sont privés d’admission dans des institutions d’enseignants à l’étranger, et de bourse d’études à cause de leurs mauvaises notes, alors que leur valeur intrinsèque, souvent éloignée de ce que traduisent leurs notes, aurait pu leur permettre d'étudier à l’étranger sans souci. D’ailleurs, n’est-il pas étonnant de constater que les étudiants sénégalais performent dix fois mieux dans les études à l’étranger qu’au Sénégal.

En définitive, affirmer que l’évaluation des apprentissages est un gros problème au Sénégal, c’est une vraie lapalissade. Tout le monde le sait, mais la volonté réelle de s’occuper de ses défis majeurs semble manquer de tout bord. L’évaluation des apprentissages est une responsabilité partagée entre l’État, les enseignants et les acteurs intermédiaires qui assurent la gouvernance des institutions d’enseignement. Forts de ce constat, nous appelons les correcteurs dans tous les ordres d’enseignement du Sénégal à faire preuve de plus de cohérence et de professionnalisme dans leurs démarches évaluatives, même si nous reconnaissons à contrario que les évaluations harmonisées constituent un pas important au Sénégal dans le sens de l’amélioration. Bref, que les évaluateurs sachent que les effets des notes et leurs conséquences sur la vie des apprenants dépassent le cadre légal de leurs obligations professionnelles, ils façonnent ou déstructurent des futurs probables. Enfin, pour ce qui concerne les décideurs, notamment le ministre de l’Éducation nationale et son homologue de l’Enseignement supérieur, nous les exhortons fortement à engager un vrai débat sur les pratiques et les valeurs, impulser ainsi de facto une réflexion profonde sur l’évaluation et ses enjeux dans une perspective de réussite éducative pour tous.

Mamadou Bamba Tall,
Spécialiste en planification et gestion de l'éducation.
Consultant international en Gestion de l'éducation.
Courriel: bambatall@yahoo.fr / Whatsapp: 514-604-2263

05/28/2024

LETTRE OUVERTE AUX SÉNÉGALAIS QUI S’INTÉRESSENT AU SAVOIR
Sénégalaises, Sénégalais, mes amis du milieu de l’éducation avec qui je me suis forgé jadis sur les bancs des universités (UGB et UCAD), mes frères d’armes avec qui j’ai trimé dans les classes, gens du milieu de l’éducation, étudiants et parents d’élèves, vous les abonnés sur ma page qui me suivez sur Facebook, cette présente missive n’a qu’un but : vous remercier du fond du cœur pour l’accueil chaleureux réservé à mes articles et notamment mon dernier texte portant sur l’évaluation.
J’ai reçu des centaines de réactions par courriel. Je me suis efforcé de répondre à tout le monde. Et je n’ai pas encore fini, car je continue de recevoir des messages. La plupart des courriels reçus vont dans le sens d’appuyer mes propos, ou de partager des expériences similaires. Il va sans dire que j’ai essuyé aussi des critiques, même si elles sont moindres en comparaison aux flots de messages de soutien et de demandes d’amis reçus. J’aurais été extrêmement surpris, s’il n’y avait pas eu de voix discordantes, car l’unanimité n’est pas de ce monde.
En rédigeant mon texte, je savais pertinemment qu'il allait y avoir certaines âmes sensibles, d’autres superficielles, qui allaient se focaliser uniquement sur l’élément anecdotique de mon propos en laissant de côté l'essentiel du discours. Pourtant, il aurait été beaucoup plus simple pour moi de ne pas évoquer cet exemple de correction. Toutefois, j'ai dépassé cet âge où sauver ma propre réputation, miser sur le bien paraître serait beaucoup plus important que rendre service à la Nation.
Par ailleurs, j’ai pris le soin de ne pas préciser avec exactitude l’année de la correction. Certaines personnes imprudentes ont avancé une année de grève qui ne correspond pas du tout pas à l’époque où je suis allé à Kaolack pour corriger le Bac. Plus graves, ils fabulent en disant que je valsais d’un centre à un autre pour gagner beaucoup d’argent. Si je suis allé à Kaolack, sous la chaleur, après Kédougou, c’était plus par sens aigu du devoir. La maigre allocation que j’ai reçue cette année-là pour mes corrections, avant même de l’obtenir, j’ai dû courir longtemps face à un État qui ne respecte pas ses enseignants. Que mes détracteurs cherchent d’autres prétextes que l’argent.
À ceux qui parlent de déontologie ou de professionnalisme, je voudrais leur rappeler qu’on ne naît pas avec la déontologie attachée au nombril. Dans ce temps-là, il n’y avait pas dans la fonction publique sénégalaise d’initiation à l’éthique et à la déontologie pour le personnel. On pourrait à la limite me parler de bon sens, peut-être, pour justifier un possible refus de corriger les copies. Mais c’est oublier que je ne suis pas de cette nouvelle génération prompte à se rebeller pour un oui ou pour un non, et ce même au détriment de la carrière.
Au Sénégal, ceux qui ont eu à travailler avec moi savent que j’ai toujours été un enseignant sincère, engagé, passionné, responsable. J’ai souvent eu des démêlés avec l’administration publique à cause de mon tempérament très réfractaire à toute forme d’injustice. D’ailleurs, j’ai quitté le Sénégal à la suite d’un scandale lié au baccalauréat. J’avais dénoncé publiquement à la radio une fuite d’épreuve du baccalauréat orchestrée à partir de l’Office du Bac. On a cherché à me faire taire, on m’a menacé, intimidé. Mais mes preuves étaient tellement solides que l’administration ne pouvait rien contre moi. Finalement, c’est un gardien de l’Office du bac qui a été arrêté et emprisonné. Pour me punir, on m’a enlevé toutes classes de premières et de terminales, en me laissant juste une classe de seconde. Pour toute l’année scolaire, je n’avais que 6 heures de cours par semaine. J’étais devenu un paria à qui on avait privé tout droit de participer à la moindre activité de l’établissement. Quelle façon de me sanctionner! Je ne venais au lycée Malick Sall que les lundis, et les six jours qui restaient de la semaine, j’étais libre comme l’air. J’en ai profité pour m’inscrire et obtenir mon DEA à l’UGB. J’ai sauté sur l’occasion pour préparer trois concours afin de quitter une école sénégalaise trop injuste, suffisante et avec aucune volonté de s’améliorer. Par la grâce de Dieu, j’ai été admissible à tous les concours auxquels je me suis présenté. Finalement, j’ai réussi au sélectif concours international de programme de Bourse de la Fondation Ford pour faire un doctorat en Sciences de l’éducation au Canada… À la jeunesse de mon pays qui se cherche, par mon expérience personnelle, je suis capable aujourd’hui de vous dire ceci : tant qu’on reste fidèle à ses principes, on finira par voir le bout du tunnel.
Ces quelques précisions faites, venons-en maintenant à un dégât collatéral créé par ma publication. Des proches m’ont informé que le ministre de l’Éducation nationale a été vertement critiqué à la suite d’une sortie médiatique en lien avec mon texte. Monsieur le ministre Guirassy croyait bien faire, son discours était une plaidoirie pour que les choses changent. Il s’est certes trompé en parlant de « copies tirées au pif. » Je ne pense pas qu’il existe au Sénégal un enseignant aussi irresponsable au point de s’adonner à une loterie avec des copies du baccalauréat. Une erreur de communication mériterait-elle qu’on le discrédite de la sorte? Je ne pense pas! Tant que tous ceux qui veulent faire avancer la cause de l’école ne seront pas solidaires les uns les autres, il nous sera difficile de faire avancer notre système éducatif dans le bon sens.
Que ceux qui déchirent leur chemise sous prétexte qu’un monsieur Guirassy ou un monsieur Tall discrédite l’école sénégalaise aillent se rhabiller au plus vite! L’école sénégalaise n’est la propriété d’aucun individu ni d’aucune corporation! Ceux qui pensent qu’ils possèdent plus de droits que les autres sur l’école sénégalaise ou bien qu’ils en font plus que tout le monde se trompent lourdement. Tant qu’il nous restera un souffle de vie, nous chérirons cette école et nous travaillerons à la faire avancer par notre engagement et par la réflexion. Je suis tellement attaché à cette école que je ne suis pas capable de me départir à l’idée que je ne suis plus dans les classes où j’ai beaucoup donné. J’ai la reconnaissance de mes anciens supérieurs, celle de mes collègues et aussi de mes anciens élèves dont certains sont devenus enseignants! Que puis-je espérer de plus ? Partout où je suis passé, j’ai marqué les esprits par mon mental d’acier et ma détermination à travailler sans relâche.
Pour conclure, je puis vous assurer, mes amis, que j’ai réussi de grandes choses dans ma vie, mais la plus belle, la plus grande, celle dont je suis le plus fier, c’est d’avoir été enseignant au Sénégal. Ainsi, jusqu’à ma mort, je serai au service de l’éducation. Je tiens aussi à vous préciser que les réactions, positives ou négatives, ne prouvent qu’une chose : les Sénégalais s’intéressent au Savoir. Les danseurs, les lutteurs, les politiciens ont pris en otage ce pays depuis des décennies qu’il est devenu presque impossible de croire que les Sénégalais sont capables de s’intéresser à toute autre chose qui ne rime pas avec le folklore. Enfin, mes amis et chers lecteurs, je vous donne rendez-vous ce week-end pour la suite de mon texte sur l’évaluation. Ce sera l’avant-dernier sur le même thème; ensuite, nous allons tourner la page pour nous attaquer à d’autres thématiques, toutes aussi importantes, car notre système d’éducation à son état actuel est assimilable à un corps qui souffre de partout.
Mamadou Bamba TALL, Montréal, CANADA
bambatall@yahoo.fr - WhatsApp : 514-604-226

05/07/2024

OSONS L’ÉDUCATION :
De la nécessité de revoir les conditions d’accès aux concours et à certaines professions.
Le système éducatif sénégalais est une copie conforme des tares et défauts du système français. Le monde évolue et l’imaginaire de l’ex-colonisé, le Sénégalais, semble stagner. En effet, qu’il s’agisse du contenu de nos programmes, des rapports hiérarchiques en milieu scolaire, de l’introduction des langues vernaculaires dans l’enceinte de l’école, et de beaucoup d’autres aspects de notre éducation qui continuent d’avoir une place de choix dans notre milieu de vie scolaire - tout en étant objet de discorde entre nous – tout ceci date du temps où les parents et les arrière-grands-parents de certains d’entre nous récitaient aveuglément avec le plus grand sérieux du monde, dans leur cours d’histoire que leurs ancêtres étaient des Gaulois. Incapables d’arrimer pleinement nos propres besoins existentiels et identitaires à l’évolution du monde et à nos réalités propres, nous n’avons jamais osé amorcer le virage de folie qui nous guérirait définitivement de nos migraines et de nos troubles digestifs en éducation.
Les Français sont nos référents en matière d’éducation pour ne pas dire nos maitres. Qu’on enlève à notre système éducatif tout ce que nous leur devons et notre univers scolaire s’écroulerait comme un château de cartes. Rappeler cette vérité ici est moins un souci de décrier le passé que de mettre en exergue notre refus d’évoluer par nous-mêmes sans qu’on nous prenne par la main. Le monde actuel est un hub ouvert où tout le monde est capable de parler à tout le monde. On est donc bien loin de ce temps où pour pouvoir parler aux autres peuples, notre pays devait suivre du regard la France et attendre son hochement de tête, signe de son approbation, pour oser aller de l’avant.
Cette même France qui s’est beaucoup inspirée des Latins et des Grecs pour se doter d’une éducation féconde et virile, cette France fière de ses ancêtres gaulois refuse de se figer dans le temps en ne se fiant qu’aux fondements de la vision de Jules Ferry sur l’école. Elle refuse de reposer son avenir uniquement sur ses beaux acquis d’hier. Chaque année, elle apporte des modifications à son système éducatif quand la situation l’exige. Les Français sont à l’affût des nouvelles théories émergentes en éducation. Ils s’inspirent de ce qui marche à travers le monde, et à contrario, ils délaissent sans regret ce qui ne correspond plus au besoin du peuple ou qui n’est plus adapté au temps présent.
Mais nous Africains, et particulièrement Sénégalais, que faisons-nous? Nous marquons le pas à presque la même cadence : les idées fortes que le Colon nous a laissées après 1960 continuent d’être les lignes directrices de notre enseignement en 2024. En d’autres mots, il est possible de relever beaucoup d’incongruités de notre éducation qui relève de notre mimétisme et de notre incapacité à oser le changement.
Pour l’accès à la fonction publique sénégalaise, pour ne prendre que cet exemple, le critère d’âge constitue un écueil insurmontable pour bon nombre de jeunes gens qui se sont battus durement pour obtenir leurs diplômes, mais qui finalement se rendent compte que beaucoup de concours ne sont plus à leur portée à cause leur âge. Avec cette discrimination pas toujours justifiable, non seulement on perd des hommes et des femmes qui auraient pu être des ressources humaines de qualité, mais on crée aussi une situation d’injustice qui ne se justifie pas.
Pourtant, au Sénégal, la notion de « jeune » est un concept bien élastique. En effet, beaucoup de personnes dans la quarantaine sont considérées dans nos quartiers comme étant de jeunes gens. D’ailleurs, il faut regarder ceux qui s’activent dans le milieu Navétane pour mieux comprendre le sens de nos propos. Aussi bien au niveau des ODCAV que des ONCAV , on retrouve beaucoup de dirigeants du mouvement national de jeunesse ayant plus de 45 ans. Tout ceci pour dire que socialement et culturellement, il y a une sorte de déphasage paradoxal entre l’image que la société se fait d’une personne jeune et les exigences de notre administration publique qui place la barre très basse pour admettre en son sein de « jeunes » Sénégalais qui aspirent à travailler pour elle.
En France et dans beaucoup de pays développés, l'absence de limite maximale d'âge pour l'accès aux concours est devenue aujourd'hui la règle dans la fonction publique, même si quelques exceptions sont maintenues dans certains cas spécifiques. Nous ne comprenons pas donc pourquoi, on continue au Sénégal de maintenir si basse la limite d’âge pour accéder à la plupart des concours de la fonction publique. Cette limitation qui recale les postulants est d’autant plus incongrue qu’il y a peu de solutions alternatives prévues pour les diplômés ayant plus de 30 ans.
Au demeurant, il est facile de constater que bon nombre de jeunes sénégalais, la plupart issus du monde rural, mettent plus de temps qu’il en faut pour obtenir leurs diplômes universitaires. Un ret**d dans les études dû en grande partie aux conditions de vie difficile de leurs familles qui manquent presque de tout. Ces jeunes très méritants au regard de leur parcours et des défis surmontés, au lieu de les soutenir pour leur persévérance dans les études, on tue leur ultime espoir de travailler dans la fonction publique en incriminant leur âge.
Nous avons des façons de faire archaïques et inadaptées à l’évolution actuelle du monde. Par ce fait même, nous oublions qu’un individu peut se découvrir t**divement une vocation ou un intérêt particulier pour une profession dans l’administration publique. Ailleurs, en de pareilles circonstances, il est possible de se réorienter et de changer complètement de carrières. Pour illustrer nos propos, nous n’avons pas besoin de chercher loin, la communauté sénégalaise au Canada regorge de talents qui travaillent dans des secteurs d’activités de pointe qui n’avaient rien à voir avec leur formation initiale au Sénégal. Nous pouvons donner en exemple le cas de plusieurs Sénégalais qui étaient des enseignants du primaire et qui sont devenus au Canada des comptables, des informaticiens, des banquiers, des gestionnaires, etc. il s’agit de personnes qui, s’ils étaient restés au Sénégal, auraient été condamnées à renoncer à leur rêve pour des raisons liées à la limite d’âge ou encore par le manque de souplesse de nos structures à accueillir des reconversions professionnelles.
C’est dans ce même sillage des limites d’âge imposées çà et là que nous dénonçons particulièrement l’âge maximal pour le service militaire fixé à 24 ans. Cela n’a aucun sens de notre humble point de vue. Nous ne voyons pas le moindre argument à l’état actuel du monde qui pourrait le justifier. Mieux déverrouiller ce plafond de 24 ans permettrait à beaucoup de jeunes sénégalais d’intégrer l’armée à la fin de leurs études universitaires sans passer par des concours très sélectifs d’officiers ou de sous-officiers où les sélectionnés se comptent du bout des doigts. Cette exigence de notre armée est évidemment plus aberrante quand on se compare à des pays comme le Canada. En effet, plusieurs Sénégalais parviennent sans difficulté à intégrer l’armée canadienne, là où ils n’auraient jamais pu porter la tenue militaire dans leur propre pays d’origine à cause de leur âge.
Au Canada, un Sénégalais âgé de 50 ans peut s’enrôler dans l’armée, alors qu’au Sénégal à 25 ans la même personne est très vieille pour être militaire. Quelle est la logique dans tout ça? C’est à nos officiers de s’expliquer, car en ce qui concerne les Canadiens la réponse est claire, nette et précise : « Il n'y a pas de discrimination par rapport à l'âge. Si les gens sont aptes médicalement et qu'ils sont capables de faire le travail, il n'y a rien qui les empêche de relever ce défi-là. » Bref, nous devons nous regarder dans le miroir et revoir sans complaisance certaines de nos façons de faire.
Toujours en restant dans l’univers des examens et concours au Sénégal, il est possible de décrier d’autres anomalies. Notre pays, par exemple, ne promeut pas l’égalité des chances entre les individus. Cette affirmation, nous pouvons l’étayer de plusieurs façons et sous plusieurs angles, mais nous nous en limiterons ici uniquement au cas criard des personnes en situation de handicap qui sont laissées à eux-mêmes. Il n’existe pas de programme d'accès à l'égalité permettant à certaines personnes d'exercer leurs compétences et d'occuper des emplois qu'elles n'auraient pu jamais obtenir autrement. Pour favoriser l'intégration des personnes en situation de handicap dans tous les domaines de la société, au même titre que tous les citoyens, ça prend des mesures adaptatives auxquelles notre État n’est même pas prêt à songer.
Le droit à l’égalité fait partie des valeurs fondamentales des sociétés modernes. Mais au regard de la manière dont fonctionne notre pays, on dirait que l’État n’en a cure, ce n’est pas de ses préoccupations de créer les conditions minimales d’égalité entre ses citoyens. La véritable égalité exige que des personnes ou des groupes en situation de vulnérabilité soient traités différemment afin de respecter les différences entre individus et de répondre à leurs besoins.
Au Sénégal, avoir un handicap semble être une fatalité en soi, alors que dans d’autres sociétés cela ne constitue pas une quelconque malédiction en soi. Quelles que soient les limites physiques de l’individu, il est capable de jouer dans la société un rôle valorisant. Or chez nous on pense qu’être en situation de handicap est une raison suffisante pour tendre la main. L’État ne fait rien de significatif pour accommoder en éducation les personnes en situation de handicap. Ni leurs déplacements ni leur environnement de travail ne sont pas adoptés en fonction de leurs contraintes.
En définitive, nous persistons à croire que notre pays doit s’efforcer d’opérer des ruptures audacieuses pour aller de l’avant. Il est donc temps que le Sénégal mette l’emphase sur une éducation plus inclusive. Les changements nécessaires que doit opérer une société ne tombent jamais du ciel, il est toujours l’œuvre d’hommes et de femmes de bonne volonté qui ont le courage et la conviction de leurs idées. Ce n’est que de cette façon que les changements que nous attendons depuis des décennies pourront se réaliser. Autrement, nous allons continuer de nous leurrer nous-mêmes comme toujours, et comme dit Albert Einstein : « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. »
Mamadou Bamba TALL,
Spécialiste en planification et gestion de l'éducation.

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