05/11/2024
Un Jour dans la Vie d’un Magicien de l’Attention
Il était une fois, dans un royaume pas si lointain, un magicien doté d’un superpouvoir étonnant : le trouble de l’attention.
Oui, vous avez bien lu un superpouvoir. Pourquoi ? Parce que, contrairement aux simples mortels, notre maître de l’illusion pouvait être à plusieurs endroits à la fois, du moins dans sa tête.
Un matin, alors que le soleil se levait paresseusement, notre virtuose du sortilège se lança dans sa quête quotidienne : trouver le téléphone, la télécommande de la télévision et les clés de la voiture.
Mais voilà, en route, il rencontra un dragon redoutable, la poussière sur la table du salon. Ni une ni deux, il jaillit son épée enchantée (le chiffon) et terrassa la bête. Victorieux, il décida de nettoyer tous les meubles du domaine, car après tout pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Le chien royal, fidèle destrier, demanda à sortir. Notre envoûteur, toujours prêt pour l’aventure, se prépara en un éclair, laissant derrière lui la salle de bain autant encombrée qu’un marché aux puces. « Je reviendrai pour la prochaine quête de nettoyage », se promet-il, sachant très bien que le futur est aussi incertain que le contenu de son réfrigérateur. »
En promenant son loyal compagnon, une idée lumineuse lui traversa l’esprit : « Tiens, je n’ai plus aucune ne goûte d’élixir de lait ! » Et comme par magie, ils se retrouvèrent au supermarché. Là, des plantes suspendues l’appelèrent, elles étaient autant attirantes que des sirènes pour un marin. Il succomba à leur charme et décida d’en faire cadeau à son royaume et à celui de son héritier. Notre thaumaturge généreux en prit quatre, deux pour son manoir et deux pour le balcon de son prince.
De retour au château, il vit que le panier à linge de Son Altesse Royale débordait. « Qu’à cela ne tienne », se dit-il, « je vais lancer une brassée pour ses vêtements de travail. » Une petite poussière le naguère depuis le sol. Il était prêt à une joute maléfique pour gagner contre notre roi de la magie. Et c’est ainsi que le plancher, aimant à poils de petites bêtes à quatre pattes, se fit nettoyer par notre magicien multitâche.
Après tant d’aventures, il s’accorda une pause bien méritée à son bureau, se perdit dans les méandres de Facebook. Il découvrit une corbeille qui semblait tout droit sortie d’une légende urbaine, une poubelle double, un trésor qui ferme le sac seul et résiste aux chiens.
Il la mit dans le panier virtuel d’Amazon. Il se laissa ensuite emporter par la quête de jouets pour la petite chienne mondaine, la reine incontestée de la maison. Le choix était vaste, et notre envoûteur, hésitant, décida finalement de quitter la page d’Amazon, optant pour un nouveau départ avec Walmart.Il finalisa son achat et organisa la livraison de ses produits pour 15 h 30.
Exténué de la technologie, notre enchanteur s’évada sur son quadriporteur, explorant la ville sans se soucier du temps ou de la charge de la batterie. À 16 h 30, après trois heures d’errance, il tomba en panne. Il réalisa que même un maître des subterfuges a besoin d’un coup de main, et c’est avec une pointe d’humilité qu’il appela son père pour le sauver.
Épuisé par ses péripéties, notre magicien rentra chez lui, où le malaise post-effort le frappa de plein fouet. Il se sentit comme un chevalier après une bataille, fatigué et confus.
Il chercha ses mots, son allocution devenant pire qu’un ivrogne après une fête trop arrosée. La guenille attendait toujours dans le salon, les jardinières n’étaient pas installées, la brassée de vêtements a pris une odeur de dessein oubliée et les articles du Walmart sont disparus.
Notre magicien, après une journée remplie d’aventures et de rebondissements, repéra finalement le chemin de son lit. Il s’y effondra, rêvant de nouvelles quêtes, espérant secrètement que la télécommande sera à sa place, que les plantes auront trouvé leur terre promise, et que le panier à linge du prince sera vide.
Mais pour l’instant, il se contenta de sombrer dans un sommeil réparateur, laissant le monde continuer de tourner, avec ou sans sa magie.
Le lendemain, enveloppé dans un brouillard mental aussi dense que les matins irlandais, le magicien se retrouvait dépourvu de toute force, incapable de mobiliser sa magie pour même se lever et préparer une simple tartine.
Il s’apprêtait à affronter plusieurs jours de malaise et de symptômes post-effort. En tant que magicien, il se retrouvait sans astuce ni numéro, perdit tous les pouvoirs magiques qu’il avait. Aucune astuce ne lui venait à l’esprit pour apaiser sa grande fatigue et n’était incapable gérer son peu d’énergie.
Allongé dans son lit, ses pensées étaient éparpillées, les souvenirs de la veille flous, et son corps était trempé de sueur. Des journées de repos et de sieste seront au rendez-vous les prochains jours pour soulager le roi de la magie — tout cela parce qu’il avait omis de prendre ses médicaments.