09/27/2025
À tous les amoureux des plantes, de la planète et bien sûr d’Albert Mondor♥️
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La fin d’un monde, le début d’un nouveau
Ce week-end est paru mon dernier texte dans le Journal de Montréal. Il s’agit de la 1200e et dernière chronique d’une longue série qui a débuté au tournant du nouveau millénaire, très exactement le 7 mai 2000.
Ce fut un bonheur et un privilège de m’exprimer chaque semaine dans ce journal. J’ai appris beaucoup et fait de nombreuses découvertes durant ces 25 années passées à écrire ces textes hebdomadaires. J’espère que ma chronique aura pu être utile à toutes celles et ceux qu’ils l’ont lue et qu’elle aura permis à certaines et certains de mieux apprécier et respecter les plantes et la nature. Je tiens d’ailleurs à vous remercier chères lectrices et chers lecteurs pour votre fidélité. Je remercie aussi la direction et l’équipe du Journal de Montréal pour leur confiance et leur soutien indéfectible.
C’est donc avec énormément d’émotion que j’écris ces quelques phrases. Comme tout être humain arrivé à un terme, c’est l’occasion pour moi de faire un bilan. Bien que je sois assez satisfait du travail accompli, je dois avouer que j’ai l’âme triste en ce moment. Je constate la fin d’une époque, la fin d’un monde… Les médias traditionnels sont assurément en crise et j’en subi actuellement les contrecoups comme plusieurs de mes collègues.
Je suis triste aussi parce que je constate comme vous – quasi-quotidiennement – l’état lamentable de notre environnement qui ne cesse de se dégrader au profit d’une économie capitaliste qui court à sa perte. Les problèmes sociaux, économiques, politiques, alimentaires, de santé et climatiques que nous connaissons actuellement trouvent tous leur source dans la crise écologique actuelle. Sans un environnement sain, il n’y a assurément pas de société humaine qui soit équilibrée et viable…
L’horticulture a connu un essor spectaculaire durant les dernières décennies. L’agriculture urbaine et diverses infrastructures vertes sont apparues au tournant du millénaire et de nombreuses nouvelles phytotechnologies fort prometteuses telles que les murs et les toits verts sont maintenant plus populaires que jamais.
Malgré toutes ces avancées horticoles, il faut admettre que nous n’avons pas réussi à surmonter les énormes défis environnementaux qui se posent. Il est clair que nous n’avons pas encore assez planté de végétaux sur cette planète, puisque les plantes et les microorganismes qui y sont associés constituent une des seules armes réellement efficaces pour contrer les changements climatiques, la pollution et les autres graves problèmes environnementaux auxquels nous faisons face.
Depuis que les humains pratiquent l’agriculture, soit environ 10 000 ans, nous avons coupé environ la moitié des arbres et des forêts qui recouvraient la Terre. Et la déforestation de notre planète se poursuit à un rythme effréné. Chaque année, ce sont entre 13 et 15 millions d’hectares de forêts qui disparaissent, soit une superficie équivalente à celle du Nicaragua. Et cela sans compter les feux de forêt !
Le message le plus important que j’ai à vous livrer dans cette chronique est celui-ci : plantez des végétaux ! Peu importe quel genre de végétal et peu importe où et avec qui vous le faites, plantez ! Par exemple, en organisant ou en participant à une plantation d’arbres dans votre communauté vous aurez le sentiment de poser une action réellement utile et concrète. Dans ce monde qui vacille, planter un arbre un geste puissant et fort utile, voire nécessaire.
La majorité d’entre nous sommes parfaitement conscients du fait qu’il est urgent de réduire la pollution et les émissions des gaz à effets de serre. Bien que certains élus et entrepreneurs posent des gestes concrets afin d’améliorer la qualité de notre environnement, malheureusement, la croissance économique demeure actuellement la grande priorité de plusieurs gouvernements et industriels.
D’autre part, certains se fient sur l’intelligence artificielle et sur d’autres technologies pour sauver l’humanité. Je doute que ce sont là des avenues prometteuses pour notre avenir…
Je préfère plutôt m’en remettre à une technologie verte savamment développée et améliorée par la nature pendant plusieurs centaines de millions d’années – les premières algues unicellulaires étant apparues sur terre il y a un peu plus de 3,5 milliards d’années. Le végétal est à mon avis la meilleure ressource pour relever les immenses défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés.
Entièrement renouvelable et disponible gratuitement pour encore au moins 1 milliard d’années, l’énergie solaire est à la base du fonctionnement des plantes. En effet, durant un processus appelé photosynthèse, les végétaux absorbent de l’eau ainsi que du gaz carbonique qu’ils transforment en hydrates de carbone grâce à l’énergie solaire, et ils rejettent ensuite de l’oxygène dans l’atmosphère, une substance gazeuse essentielle à la survie de tous les animaux et humains. Certains scientifiques ont évalué que l’ensemble des plantes de la terre, incluant le phytoplancton des océans, absorbent chaque année quelque 100 milliards de tonnes de gaz carbonique !
En fait, tout ce que nous sommes et faisons dans nos vies, nous le devons aux plantes, ne serait-ce que parce nous en ingérons quotidiennement et parce que nos maisons et nos vêtements sont fabriqués à partir de végétaux. Mais ce n’est pas tout…
En plus d’être de véritables filtres à air, les plantes permettent de lutter contre les îlots de chaleur, réduisent la vitesse et l’impact des vents, empêchent l’érosion de sols et captent une grande partie des eaux de pluie évitant ou diminuant l’incidence des inondations.
Les plantes contribuent aussi à réduire le taux de mortalité et le nombre de visites dans les hôpitaux. En 2010, on estime que les forêts urbaines ont absorbé quelques 17,4 millions de tonnes de pollution atmosphérique aux États-Unis ! Cela s’est traduit par une économie de près de 7 milliards de dollars sur les soins de santé.
Outre la plantation massive d’arbres – il ne faut pas oublier qu’un arbre commence à stocker du carbone environ vers l’âge de 20 ans –, qui est assurément le meilleur moyen de lutter contre les changements climatiques et la perte de biodiversité, deux autres choses permettent de contrer efficacement la pollution et les méfaits des gaz à effet de serre, soit la pratique de l’agriculture urbaine ainsi que l’utilisation du génie végétal et des phytotechnologies. Ces deux derniers termes font référence à l’ensemble des techniques et des technologies qui emploient les végétaux pour résoudre diverses situations environnementales problématiques. Autrement dit, la plantation de végétaux comestibles ou dépolluants est un excellent moyen de nous éviter bien des épreuves et des tourments.
Mais il ne faut pas se fier uniquement aux gouvernements pour planter des végétaux dans les parcs et le long des rues, il est souhaitable aussi que chaque citoyen se responsabilise et plante des végétaux utilitaires et comestibles autour de sa résidence. Ce mouvement de végétalisation a déjà commencé puisque de plus en plus de potagers et de vergers urbains ainsi que des forêts-jardins sont créés par des citoyens.
Et comme l’espace au sol est plutôt restreint dans les villes, on peut même envisager de couvrir de plantes les murs et les toits des maisons et des édifices. La végétalisation des édifices et des infrastructures n’est pas une utopie mais bien une réalité car des bâtiments couverts de plantes voient présentement le jour un peu partout sur la planète.
Dans le contexte environnemental présent, il m’apparaît nécessaire que nous fassions une démarche pour mieux comprendre et apprécier le fonctionnement de la nature et des végétaux si nous voulons assurer notre propre survie. Plus que jamais, une reconnexion des humains avec la nature est à mon avis essentielle.
Les végétaux se révèlent donc être de précieux alliés en temps de crise, tant pour notre santé que d’un point de vue écologique et économique. Nous finirons un jour par comprendre et accepter collectivement que notre survie sur cette planète dépend entièrement des végétaux et qu’il est essentiel de mettre la nature au centre de nos préoccupations et de nos vies.
Notre salut viendra lorsque nous saurons enfin considérer la plante. Ce sera alors peut-être le début d’un nouveau monde, un monde végétal où l’humain laissera un peu plus de place aux autres êtres vivants…