10/24/2025
Lettre de fibromyalgie
Je m'appelle « FIBROMYALGIE » et je suis une maladie chronique invisible. Je suis désormais liée à toi pour la vie. Ton entourage ne peut ni me voir ni m'entendre, mais TON corps me ressent. Je peux te faire mal n'importe où et comme bon me semble. Je peux te causer une douleur intense ou, si je suis de bonne humeur, je ne peux que te faire mal partout. Souviens-toi de l'époque où ton énergie et toi vous combiniez et vous amusiez. J'ai pris ton énergie et je t'ai donné de la fatigue. Essaie de t'amuser maintenant ! J'ai aussi pris ton sommeil et je t'ai donné un coup de fouet. Je peux te faire frissonner de l'intérieur, te donner froid ou même chaud quand tout le monde se sent bien. Ah oui, je peux aussi te rendre anxieux ou déprimé. Si tu as quelque chose de prévu, ou si tu as juste hâte de passer une bonne journée, je peux aussi te le prendre. Tu ne m'as pas demandée ; je t'ai choisie pour plusieurs raisons : le virus que tu avais déjà attrapé et dont tu ne t'es jamais débarrassée, ou cet accident de voiture, ou peut-être les années de maltraitance et de traumatisme. Quoi qu'il en soit, je suis avec toi pour toujours !
Je savais que tu allais voir un médecin incapable de me débarrasser de moi. Je me roule par terre de rire. Essaie. Tu vas devoir consulter plusieurs médecins avant d'en trouver un qui puisse vraiment t'aider. On va te faire prendre des analgésiques, des somnifères, on va aussi te dire que tu souffres d'anxiété ou de dépression, on va même te faire porter un appareil TENS, te recommander des massages, on va te dire si tu dors bien et ce que tu fais bien, les exercices que je vais te laisser, on va te dire de penser positivement, on va te tatouer les doigts, on va te faire des pressions sur les points sensibles et, pire que tout, on ne va pas te prendre au sérieux si tu vas faire sentir au médecin à quel point ta vie est handicapante chaque jour.
Ta famille, tes amis et tes collègues t'écouteront jusqu'à ce qu'ils soient impatients de savoir comment tu te sens. Je suis une maladie invalidante. Certains diront des choses comme « Ah, tu passes juste une mauvaise journée » ou « Bon, souviens-toi, tu ne peux pas faire les mêmes choses qu'il y a vingt ans », sans entendre ce que tu as dit il y a seulement vingt jours. D'autres commenceront à parler dans ton dos, tandis qu'en silence, tu auras l'impression de perdre ta dignité à essayer de te faire comprendre, surtout quand tu es en pleine conversation avec une personne « normale » à qui tu ne peux pas t'identifier. Tu te souviens de ce que tu as dit !
