10/18/2025
Excellent texte sur l'importance de prioriser avant de se faire avaler tout rond!
838 MAILS NON LUS.
C'est le chiffre que j'ai vu l’autre jour en ouvrant ma boîte. Après cinq semaines au Maroc. 838 !!!
Mon premier réflexe ? Panique. "Il faut que je rattrape. Vite."
Mon deuxième réflexe ? Me souvenir que j'ai 55 ans et quinze ans de pratique quotidienne.
Respirer. Fermer l'ordinateur. Marcher sur la plage.
Et me poser LA question : "Pourquoi je cours comme ça ?"
PARCE QUE VOILÀ LA VÉRITÉ : on peut réussir professionnellement et se perdre complètement.
Avoir un agenda plein et une vie vide. Cocher toutes les cases et ne plus se reconnaître dans le miroir.
Je vois ça partout. Dans les yeux fatigués des managers que j'accompagne. Dans les épaules tendues des entrepreneurs qui viennent en retraite. Dans les sourires crispés des thérapeutes qui s'oublient à force de prendre soin des autres.
Ils réussissent. Objectivement. Socialement. Financièrement.
Mais à quel prix ?
COMMENT J'EN SUIS ARRIVÉ À 838 MAILS ?
Pas en cinq semaines. En trois ans. Peut-être plus.
En disant oui trop facilement. En multipliant les projets et les sources d’information. En voulant être partout. En croyant que plus égale mieux.
En oubliant une vérité simple : ton temps n'est pas extensible. Ton énergie n'est pas infinie. Et ta vie, elle, a une date de péremption.
Chaque oui que tu dis à quelque chose, c'est un non que tu dis à autre chose. Souvent à toi-même. Souvent à ce qui compte vraiment.
L'HISTOIRE DE CLAIRE :
DRH dans une grande boîte. Brillante. Reconnue. Promue trois fois en cinq ans.
Elle est venue me voir l'an dernier. Pas pour un coaching professionnel. Pour un SOS existentiel.
"Je gagne bien ma vie. J'ai du succès. Mais mes enfants ne me reconnaissent plus. Mon mari et moi, on se croise. Et moi ? Je ne sais même plus ce que j'aime faire en dehors du boulot."
On a parlé longtemps. Pas de stratégies. Pas de techniques. Juste cette question : "C'est quoi, réussir pour toi ?"
Elle a pleuré. "Je ne sais plus."
Six mois plus t**d, elle a négocié un 1/3. Baisse de salaire. Mais elle déjeune avec ses enfants le mercredi. Elle a repris le piano. Elle respire.
"Je gagne moins d'argent. Mais j'ai retrouvé ma vie."
LES TROIS MENSONGES SUR LA RÉUSSITE PROFESSIONNELLE :
1. MENSONGE 1 : Plus tu en fais, plus tu réussis.
Faux. Plus tu en fais, plus tu te disperses. La vraie réussite, c'est faire moins mais mieux. C'est choisir. C'est dire non à 80% de bruit pour dire un vrai oui à 20%.
2. MENSONGE 2 : Si tu ralentis, tu seras dépassé.
Faux. Si tu ne ralentis pas, tu t'épuises. Et quelqu'un d'épuisé ne crée rien de génial. Il survit. Il gère. Il tient le coup. Mais il n'innove pas. Il ne rayonne pas.
3. MENSONGE 3 : Le travail et la vie personnelle doivent s'équilibrer.
Faux. Ils ne s'équilibrent jamais parfaitement. L'équilibre, c'est un mythe culpabilisant. Ce qui marche, c'est l'intégration. Vivre de façon alignée. Où ton travail nourrit ta vie au lieu de la dévorer.
CE QUE QUINZE ANS DE PRATIQUE M'ONT APPRIS :
Je ne suis pas au-dessus de ça. Je retombe régulièrement dans le piège. 838 mails, souviens-toi.
Mais j'ai appris quelques repères.
# REPÈRE 1 : Ton corps sait avant ta tête.
Quand tu commences à avoir mal au dos. Quand tu dors mal. Quand tu n'as plus faim ou que tu manges trop. Quand tu t'énerves pour un rien.
Ce ne sont pas des bugs. Ce sont des signaux. Ton corps te dit : "Stop. Tu te perds."
# REPÈRE 2 : Demande-toi régulièrement "Pourquoi je fais ça ?"
Pas une fois par an. Une fois par semaine. Ce projet, ce rendez-vous, cet engagement : pourquoi ? Pour qui ? Ça nourrit quoi en moi ?
Si la réponse est "parce qu'il faut", "pour ne pas décevoir", "parce que tout le monde fait ça"... c'est un panneau danger.
# REPÈRE 3 : Protège tes espaces de non-productivité.
Marcher sans but. Lire pour le plaisir. Regarder les nuages. Jouer avec tes enfants. Ne rien faire du tout.
Ces moments ne sont pas du temps perdu. C'est là que tu te retrouves. C'est là que ta créativité revient. C'est là que tu redeviens toi.
CE QUE J'AI FAIT AVEC MES 638 MAILS :
J'en ai lu quinze. Les choses importantes ou les « urgences vraies ». Pas les urgences factices.
Le reste ? Supprimé. En masse. Sans les lire.
Radical ? Oui. Libérateur ? Absolument.
Si c'était vraiment important, les gens reviendront vers moi. Si ce n'était pas important, j'ai gagné des heures de vie.
Cette capacité à distinguer l'urgent de l'essentiel, à protéger ton énergie, à dire non sans culpabilité, à construire une réussite qui ne te dévore pas... ça se cultive.
Pas dans des livres de productivité. Pas dans des méthodes de time management.
Dans des espaces où tu ralentis suffisamment pour te demander : "C'est quoi, MA définition de la réussite ?"
C'est ce qu'on explore au week-end Second Souffle. Pas comme théorie. Comme expérience vécue. Comment être présent à ce qui compte.
Comment sentir dans ton corps quand tu te perds. Comment revenir à ton centre même quand tout s'accélère autour.
Parce que réussir sans se perdre, ce n'est pas une question d'agenda. C'est une question de présence. À soi. À ce qui compte vraiment.
TU PEUX RÉUSSIR SANS TE PERDRE.
Mais ça demande de redéfinir ce que réussir veut dire. Pour toi. Pas pour Facebook, Instagram ou LinkedIn. Pas pour tes parents. Pas pour la société.
Pour toi.
Et cette redéfinition commence par un ralentissement. Par un moment où tu t'arrêtes de courir et tu te demandes : "Où est-ce que je cours comme ça ?"
Jean-Marc