07/31/2020
Ça fait un bout que je pense à celui-là
Je ne sais pas comment l’aborder. Je ne sais pas trop comment le bâtir, le rendre intéressant.
Ce sera vraiment plate à lire pour certains, voire dérangeant
Ceux qui me connaissent personnellement savent que je n’en ai pas parlé souvent
C’est un sujet encore tabou : Le Viol
Je n’en parle pas, ou seulement lorsque c’est nécessaire, et ça n’arrive pas souvent
La première fois que j’en ai parlé c’est à un ex-copain, pour expliquer certains de mes comportements freaks
Toujours m’asseoir dos à un mur pour voir qui peut entrer dans le resto, par exemple
Ou pourquoi je dors avec un chandail de laine
Pourquoi je ne dors pas la nuit
Pourquoi je fais des terreurs nocturnes
Pourquoi j’ai un tempérament nerveux et déteste les bruits soudai
Pourquoi je l’ai pris à la gorge la fois où il à voulu me faire une blague en me faisant faire un saut dans le sous-sol
Évidemment la relation n’a pas durée… et c’est correct aussi
Je n’étais encore qu’une adolescente innocente quand c’est arrivé
J’ai été élevé avec des valeurs chevaleresques venant de mon père et je ne pouvais pas concevoir qu’un homme pouvait avoir des pensées et des intentions si déviantes envers une ado!
Oh Well, p’tite fille : Tu viens d’entrer dans le monde adulte contre ton gré
Je gardais des petits monstres à l’époque, 5 jours semaines, du matin au soir
Beau petit quartier résidentiel et familial, tout ce qu’il y à de plus commun et bourgeois où les voisins se connaissent tous et se disent « Bonjour! » le matin en partant travailler tous aux mêmes heures
J’en suis donc venue par la bande à devenir très proche de cette belle petite famille recomposée
J’avais confiance : C’était devenu de la famille, des amis
Je m’en suis toujours voulue d’être restée dormir là une chaude, très chaude, nuit d’été, parce que je voulais dormir une heure de plus le matin au lieu de m’y rendre le lendemain matin
Cette nuit-là, j’ai compris la vie
Cette nuit-là , j’ai compris ce que la race humaine pouvait être
Cette nuit-là, j’ai compris ce qu’un homme pouvait faire pour assouvir ses bas instincts
Cette nuit-là : J’ai compris bien des choses
Cette nuit-là : J’ai été laissée pour morte dans une flaque de mes propres fluides dans un appartement coquet aux façades propres
Je ne me souviens pas de tout parce que lorsque j’ai compris ce qui était pour arriver, mon cerveau a éteint
Mon psychiatre m’a expliqué plus t**d que c’était un mécanisme de défense instinctif très commun
L’instinct de survie embarque, le cerveau reptilien prend toute la place et : BLACK-OUT!
La mémoire peut se raviver plus t**d, des années plus t**d… Ou jamais
Je me souviens de m’être dirigée vers ma chambre qui m’était exclusivement attribuée pour dormir et je ¨feelais¨ quelque chose de désagréable émotivement et physiquement
Ma petite voix voulait me parler mais ne savait pas comment le faire et, à mon plus grand malheur, je ne l’ai pas écoutée
Quand j’ai enfin compris ce qu’elle voulait me dire il était déjà trop t**d
Il faisait extrêmement chaud cette nuit là et j’étais restée habillé, enroulée dans plusieurs douillettes, la tête cachée sous les oreillers
Un faux sentiment de protection : Comme un enfant dans son lit, caché sous la couette durant l’orage qui lui fait peur
Pour la première fois de ma vie j’étais terrifiée
Ces sentiments de peur, d’urgence, de panique, de perte de contrôle, d’absence de souveraineté sur mon propre corps; le coeur dans les tempes
J’avais tellement chaud, j’étais trempée, mes cheveux collaient sur mon visage
J’avais si peur de bouger
Je ne pouvais plus respirer, complètement étouffer par la terreur absolue et pour laquelle la langue française ne pourrait que proposer euphémismes et comparaisons enjouées
J’avais pourtant l’impression d’hurler à pleins poumons. Dans le plus absolu des silences
Il était venu me porter un ventilateur. « À cause de la chaleur » qu’il m’a dit en fermant la porte
J’ai senti son regard à travers les draps. Longtemps. Immobile. Paralysée
À ce moment sa femme était dans une pièce voisine. J’avais encore une chance de m’en sortir… selon moi
Je me souviens avoir été soulevée puis projetée au mur où il y avait une fenêtre
À cet instant précis j’étais profondément persuadée que j’allais y rester
J’allais mourir: C’était définitif, clair, net et précis
Lorsque j’ai été frappée pour une première fois et que j’ai été projetée au sol
Ma tête, mon corps, mon esprit; tout ce que j’étais a lâcher prise
J’ai perdu conscience, mais pour moi : C’était ça mourir
Lorsque je suis revenue à moi, le soleil s’était déjà levé
Ça m’a pris un certain temps pour réaliser ce qui m’était arrivé
Après coup j’ai conclu qu’il s’était écoulé entre six ou sept heures avant que je reprenne conscience
J’avais de la difficulté à voir et entendre
Mais je me souviens de l’odeur : Un mélange d’alcool, de métal et de sel. J’ai appelé ça l’odeur de rat mort
J’étais presque nue, sauf le haut
Je baignais dans mon jus. Je savais que j’avais vomi car c’était âcre et amer dans ma bouche
J’ai t**divement réussi à me lever ainsi que m’habiller et c’est là que j’ai vu l’état du sol où je gisais
Le tapis gris; les bouteilles de vitres cassées; des souillures quelconques
Le sang : Tellement de sang
Je savais ce qui c’était passé dans cette chambre, sans m’en souvenir
J’ai couru jusqu’à ce qu’un passant passant par là me reconnaisse dans la rue et m’interpelle
Les chances que ça arrive! Il était très tôt
Ce que je voulais, c’était rentrer chez moi, me laver et avoir la paix
Tel un gros lendemain de veille : Me coucher et oublier
Évidemment, je ne m’étais pas regardée dans un miroir avant de partir : C’était très loin dans ma liste de priorités à ce moment
De fil en aiguille, j’ai fini par aboutir à l’hôpital, en spécifiant CLAIREMENT que j’accepterais leur fameux protocole si on me laissait tranquille
Pas de questions, pas de téléphone, pas de police, pas de : « Veux-tu qu’on appelle quelqu’un pour toi? » RIEN!!
J’étais encore à l’étape de pas trop savoir quoi penser de tout ça
Merci à celle qui s’est occupée de moi et qui a compris
J’étais en transe, comme un robot, en choc
Mon cerveau ne réagissait plus
À la toute fin du processus, quand la mascarade fût enfin terminée, je savais que j’avais trois (3) côtes fracturées
Une mâchoire disloquée puis remise à sa place
Des lacérations aux jambes
Plusieurs ecchymoses qui sommes toutes n’étaient pas si apparentes
Et que j’avais été violée. Avec violence. Moult violence
J’ai eu plusieurs points de sutures. Étrangement je ne sentais rien. Complètement insensible, déconnectée
On a trouvé du sang dans ma bouche qui ne m’appartenait pas; sous mes ongles aussi ce qui voulait dire que je m’étais défendue
Durant quelques mois, j’ai fait comme si ç’a ne s’était jamais passé
Pas trop difficile pour quelque chose dont je ne me souvenais pas!
J’ai eu la bonne idée un jour de faire une demande de dossier : les ardeurs refroidies, je pensais y lire mon histoire comme un roman tel un récit glauque sur fond scabreux
Le passage assez explicite où il était décrit : Des lacérations internes eue à l’aide « d’un objet contondant » fûrent de trop
Le petit roman était devenu un gros Patrick Sénécal.
Ma thérapie : je me la suis faite moi-même
«Homemade Fashion Style »
Connaissez-vous le film « Irréversible » avec Monica Bellucci et son ex-mari Vincent Cassel?
Il se termine avec une interminable scène de viol de 10 minutes, en plan séquence
Je l’ai regardé en boucle jusqu’à en vomir
Encore et encore et encore
Lorsque je ne la regardait pas, je l’écoutais!
Bizarrement ce qui m’a aidée à me désensibiliser le plus fût d’écouter des cris d’effrois
Des cris de femmes en détresse. Jusqu’à s’en devienne ennuyant.
Jusqu’à ce que cela ne me fasse aucun effet
Je devenu avec le temps
Détachée de ces cris...de glace… anesthésiée…
Ces mêmes cris qui pourtant aujourd’hui me tétanisent d’une terreur transcendante
J’en suis arrivée à l’auto-mutilation
Période très brève car je n’y acquérais aucune satisfaction
Je ne sentais pratiquement rien : Mon corps restant de marbre face à la douleur physique
Alors, que me restait-il?
Vers quoi pouvais-je me diriger pour satisfaire mon besoin de souffrir?
Parce que c’est ce que je voulais : SOUFFRIR!
Souffrir avec un Grand S
Souffrir avec un Grand S Majuscule!
Il me restait alors la douleur psychologique
La douleur de l’âme!
Le mal d’amour.!
Faire souffrir pour moins souffrir!
Pour que la vie soit juste, il doit y avoir un équilibre, un balancier
C’est le principe du Yin et du Yang, le noir et le blanc
Le meilleur moyen que j’ai trouvé pendant de trop longues années à été de blesser : Pour mieux souffrir!
Je crois au Karma : Ce que tu fais de mal te sera remis éventuellement
Vous me voyez venir?
C’est entre autre ça
Mon Ouragan Dans L’Âme!
Mais! Après la pluie vient le beau temps
Ma thérapie se termine aujourd’hui
Ce n’est pas Mon Viol
Il ne m’appartient pas
Il ne m’a jamais appartenu
-Lune