05/06/2022
Pour beaucoup de gens, encore aujourd'hui, le préjugé associé au cheminement thérapeutique persiste: aller voir un thérapeute, y'a que les gens qui ont un problème qui font ça.
Faux. Choisir de faire un suivi avec un ou une thérapeute est une étape très importante de la vie d'adulte.
Je m'explique: c'est un moment charnière dans la prise de responsabilité de notre propre vie, de notre bagage émotionnel, et de notre investissement dans notre bien-être.
Une manière de se dire à soi-même: «I've got your back!» (Je suis là pour toi).
Car s'aider et s'aimer soi-même, c'est en grande partie aller chercher les ressources et les outils dont nous avons besoin.
L'autre étape cruciale, qui suit inévitablement cette décision, est de décider vers quel thérapeute se tourner.
Est-ce que tous les thérapeutes ses valent? Non. Et ce ne sont pas les diplômes qui garantissent que nous trouverons ce dont nous avons besoin.
Trouver le bon thérapeute pour soi-même, c'est entre autre trouver la personne en mesure de nous accompagner au travers du passage que nous avons besoin d'effectuer dans ce moment particulier de notre vie.
Mais comment fait-on pour savoir si cette personne est la bonne?
1: La résonance.
Quand on ressent une résonance avec l'énergie et le discours de la personne, c'est une bonne indication que cette personne peut avoir les outils, la vision et l'approche dont j'ai besoin présentement.
Comment savoir si on ressent une résonance?
C'est une sensation intérieure – parfois très subtile -- qu'on peut ressentir, selon les personnes, au niveau du cœur, du ventre ou encore au niveau cellulaire.
Comme une forme d'attraction, d'expansion, ou encore de bien-être (voir soulagement).
(Pour ma part, lorsque je me cherche un thérapeute pour un besoin particulier, je place mon intention, ma demande (en pensée ou par écrit), et j'attends la sensation de résonance (parfois plusieurs semaines) avant d'aller de l'avant.
Le corps ne ment jamais; apprenons à lui faire confiance!)
2: Avec le temps.
Débuter un suivi thérapeutique, c'est développer une relation.
Tout comme une relation d'amitié, ou amoureuse, c'est avec le temps qu'on développe la confiance qui nous permet d'aller en profondeur.
C'est avec le temps et l'expérience, en s'ouvrant doucement, qu'on peut commencer à identifier si l'on se sent suffisamment reçu pour s'ouvrir davantage, si l'on se sent en sécurité et en confiance (safe space).
3- La clarté.
Mettre d'abord ses besoins au clair, c'est se donner la chance de trouver les bonnes ressources.
Quelles sont les raisons personnelles qui me poussent à consulter présentement?
Quelles sont les qualités que je recherche chez un thérapeute?
Parce que souvent ce sont de moins bonnes expériences qui nous amènent à saisir ce dont nous avons besoin, voici quelques «red flags» d'une relation thérapeutique à méditer:
1- J'idéalise mon thérapeute. (Je le met sur un piédestal plus ou moins consciemment, et sa parole devient mon guide principal, ou seul guide.)
2- Il arrive de temps à autre que je ne me sente pas vu ou entendu de mon thérapeute.
3- Mon thérapeute se fâche ou s'impatiente si je ne donne pas la réponse escomptée, ou si nous n'arrivons pas aux résultats désirés.
4- Je me sens parfois jugé sur mes limites (capacités), ou sur ma perception des choses, par mon thérapeute.
5- Dans le processus de recadrer ma perception de moi-même et du monde, je sens parfois que mon thérapeute veut me transmettre sa vision – plutôt que de m'accompagner à redéfinir ce qui fait sens pour moi ou non.
6- Depuis que j'ai commencé le suivi thérapeutique, malgré certains avancements considérables, je me sens plus loin de moi-même qu'avant d'avoir débuter le processus.
7- Au fil des rencontres, je me surprends à taire certaines de mes émotions, pensées ou conscientisations par crainte de ne pas être reçu.
8- L'approche que mon thérapeute me propose ne semble pas ou plus fonctionner pour moi, mais il insiste pour poursuivre le processus.
S'il est si important de prêter attention non seulement à bien choisir, mais aussi à rester alerte au développement de la relation avec son thérapeute, c'est pour une raison très précise.
Lorsque nous en venons à aller chercher de l'aide, c'est généralement que nous sommes à bout de nos ressources personnelles.
Donc nous sommes, à ce point de notre vie, plutôt vulnérables.
Or, quel est l'autre moment de notre vie où nous nous en remettons à une guidance extérieure en toute vulnérabilité?
Notre enfance, bien sûr.
Donc oui, la relation avec notre thérapeute ira jouer dans nos modèles parentaux à plein de niveaux inconscients... ce qui peut avoir du bon, mais aussi du moins bon, selon la manière dont cette relation se déroule.
N'oublions pas que chaque thérapeute est un être humain d'abord, avec ses propres blessures et ses propres limites.
Or, il est facile en période de confusion, d'égarement ou de vulnérabilité, de faire siennes les idées ou perceptions de notre thérapeute sans même s'en rendre compte.
Bien choisir son thérapeute, ça veut donc dire s'assurer de ne pas se retrouver avec des concepts de soi ou du monde ne nous appartenant pas, ne nous ressemblant pas et ne nous convenant pas.
Un bon suivi thérapeutique devrait toujours nous rapprocher de nous-mêmes, de notre vérité, notre authenticité, quelle que soit sa couleur.
Nous devrions en ressortir grandi, redéfini (selon notre système interne), plus en paix, et avec davantage de pouvoir personnel.
Pour finir, voici une suggestion de liste de qualités de base que je considère importantes à retrouver chez un thérapeute. Peut-être vous inspirera-t-elle?
✨Humilité: savoir reconnaître ses limites en tant que thérapeute, reconnaître lorsque l'accompagnement offert ne peut aller plus loin.
Savoir reconnaître lorsqu'il n'a pas les réponses (ce qui ne l'empêche pas de faire des recherches par la suite!).
✨Ouverture: savoir reconnaître que la réalité de chaque être humain est vraie, quelle qu'elle soit, et partir de ce point.
✨Accueil: avoir la capacité de tenir un «safe space» pour toute émotion, toute partie qui pourrait ressortir au cours d'une séance.
✨Non-Jugement: nous ne jugeons que ce que nous ne comprenons pas. Or, un bon thérapeute peut ne pas toujours comprendre complètement la réalité de son client, mais est capable de suffisamment d'espace intérieur pour ne pas le juger et accueillir sa réalité.
✨Soutient: l'attitude du thérapeute en est une de soutient. Il a conscience que le suivi thérapeutique est un processus délicat, qu'aucun processus ne se ressemble, et que comme un jardin, il s'agit d'en assister le déroulement tout en laissant la croissance se faire.
✨Constructif: le thérapeute a conscience que le processus est en cours en dehors des séances et offrira donc des outils, des pensées ou des pistes à utiliser en dehors des rencontres pour favoriser cette continuité. Ses propos et reflets visent à apporter de l'appui dans le cheminement.
✨Ramène vers Soi: un bon thérapeute nous aide à nous reconnecter à nous-mêmes. Nos valeurs, nos émotions, notre réalité, notre centre. C'est ainsi que tout naturellement, il contribue à nous ramener à notre pouvoir personnel. Nous touchons la totalité de notre pouvoir lorsque nous nous déposons dans notre vérité.
Bien sûr, un cheminement thérapeutique peut nous secouer pas mal, nous faire toucher des zones douloureuses... secouer nos repères et nous faire sortir de notre zone de confort.
Mais l'important à retenir, c'est qu'on devrait toujours s'y sentir dans un espace de bienveillance; parce que guérir, c'est mettre de l'amour là où il en manque.