11/06/2025
Ne manquez pas Le vif du sujet à 9h à https://radioreveil.ca/, on parle de l’effet placebo, entre autres, de son effet pervers:
«Pour être commercialisé, un médicament doit prouver que son effet thérapeutique est supérieur à ce que procure un simple placebo. Cette démarche suppose implicitement que l’effet placebo n’est pas négligeable, puisqu’il doit être pris en compte. Mais elle suppose également que l’effet placebo, en lui-même, n’est pas suffisant, puisqu’il faut le dépasser, sinon il ne serait pas nécessaire de développer de nouveaux médicaments…
Quoi qu’il en soit, cette procédure entraîne un effet pervers.
Lors d’un essai mesurant l’efficacité d’un médicament, un groupe de patients reçoit le médicament, un autre le placebo: chaque patient est assigné au hasard à un groupe ou l’autre, sans qu’il sache lequel. La différence entre les deux groupes mesure l’effet du médicament par rapport à celui du placebo. Évidemment, chaque patient va se demander dans quel groupe il se trouve, et le moindre indice va diminuer son incertitude. Tout est fait pour que ces patients ne puissent rien deviner; mais en fait, en les interrogeant, on se rend compte que la plupart devinent plus ou moins correctement. Mais par quel moyen?
Les médicaments, le fait est connu, ont généralement des effets secondaires plus ou moins forts (décrits dans la petite notice papier soigneusement pliée dans la boîte). En percevant une incommodité, une douleur inhabituelle, une irritation, des rougeurs sur la peau, etc., le patient suppose que c’est bien le médicament qu’il a pris, et non pas le placebo sans substance active. Cela pose un sérieux problème: ceux supposant qu’ils sont dans le groupe traité par le médicament, anticipant un effet thérapeutique certain, vont développer un super effet placebo; ceux supposant qu’ils sont dans le groupe contrôle, par déception, vont développer un effet placebo bien plus modeste. Et ce, même si le médicament n’a en réalité aucun effet thérapeutique particulier.
Ainsi, plus les effets secondaires sont forts, donc ressentis, plus grande sera la différence thérapeutique entre les deux groupes, et plus le médicament aura de chances d’être homologué. En cherchant des médicaments ayant des effets thérapeutiques supérieurs à celui d’un placebo, on peut ainsi sélectionner des molécules aux effets secondaires importants, sans garantie d’effet thérapeutique supérieur.» - Michel Raymond, «Le pouvoir de guérir – Effet placebo, homéopathie, alimentation… et santé»
Bonne écoute!