
09/28/2025
Je trouve les mots de Clara d'une grande justesse. Pour la jeune mère que j'ai été et pour toutes les femmes qui donneront naissance. À ma première, je rêvais d'un accouchement dans l'eau, à la maison de naissance. J"ai finalement accouché sous péridurale, épistomie, forceps sous menace imminente de césarienne... Le deuil a été difficile car je pensais que j'étais prête, que c'était naturel, que je le voulais tellement, que je (nous) méritions le meilleur! Un jour, ma fille m'a dit: "Tu sais Maman, je devais naitre à l'hôpital car un jour je serai infirmière et je dois me souvenir de mon projet de vie. 😲" Bon! J'aurais aimé connaître son projet avant, mais comme quoi tout est parfait! 🤗 Et ma belle Agathe est... Une invroyable INFIRMIÈRE 😍
Une part de moi semblait se dire
- inconsciemment -
que si je prenais tous les cours, les certifications, si je parlais avec des sages femmes et des doulas, si je lisais tous les livres, si j'adressais un maximum de peurs, de conversations confrontantes, de croyances héritées,
j'ai pensé - inconsciemment- que cela me mènerait vers une naissance extatique, blissful, naturelle, physiologique.
Pareil comme si quelqu'un - quelque part, là haut? - me verrait, m'offrirait la grâce suite à mon travail ardu.
Pareil comme une bonne élève à son affaire.
Je me suis dit - inconsciemment - que je pouvais contrôler le mystère de la naissance de mon fils, par mes attentes, mes souhaits, ma préparation.
Comme femme, comme mère en devenir, et comme doula, je plaçais les naissances en hiérarchie - inconsciemment -, comme si la nature réservait l'expérience facile et naturelle à celles qui vraiment, font le travail (ouch) de conscience. Comme si les interventions se présentaient dans le chemin de celles qui vivaient en amont la déconnexion à leur corps.
Je sais... c'est laid.
Ça ne fait pas de sens.
C'était naïf... égotique, injuste et violent de ma part - bien qu'inconscient. Et cela fait partie de l'héritage p4tri4rcal qui nous habite... ces structures qui demandent à être vues et démantelées présentement. J'offre ces mots dans l'espoir qu'en mettant en lumière cette partie de moi, cela offre le courage à ceux/celles qui liront de s'observer plus profondément.
J'ai pensé que je savais m'abandonner, lâcher le contrôle - j'avais profondément tort.
Je divisais les idées, le bon, le mauvais, j'étais noyée dans cette illusion que la facilité m'était accessible. Que j'avais mérité.
Beware... c'est bien là l'illusion que peut nous faire miroiter le monde des naissances, le système, ce monde 0ccidental dans lequel nous avons grandi. La famille au sein de laquelle nous avons évolué.
Cette part de moi... meurt tranquillement.
La vie me présentait pour ma première grossesse à terme, un placenta praevia complet, une césarienne planifiée et un bébé en légère prématurité.
"Oh Clara je suis désolée... ça n'a pas dû être facile à accepter" "Te connaissant, je me doute que tu aurais préféré une naissance moins médicalisée..."
I know. Je me suis dit cela aussi. J'ai résisté. J'ai cherché le sens.
Quelle leçon d'humilité. Quel chemin parsemé de vérités piquantes, et de deuils. Et en quelque part... ce fut l'expérience profondément juste, relative à ce que je devais apprendre à ce moment de ma vie.
Dans la naissance, dans la mort, dans le cycle de la nature... il n'y a pas de "méritance". Il n'y a pas de but, pas de réussite, ni d'échec. Cette illusion de mérite et de performance nous fait souffrir.
Il n'y a que toi, notre soi, nu, fragile, devant la force brute et implacable de la vie nouvelle qui se met au monde... à sa façon.
Il n'y a que notre corps et psyché en offrande pour le grand passage d'une âme sur terre.
Il n'y a que cette humilité, ce privilège sacré qui nous ouvre en deux et nous remplit d'une capacité d'amour comme jamais expérimentée.
Il n'y a que ce détachement de ce qu'on a connu de soi... pour renaître dans l'inconnue encore, la mère.
Il n'y a que ce portail, non pas nécessairement extatique, blissful, mais messy, toujours libre, inconfortable, transformateur, toujours wild quand on s'y attend le moins.
Il n'y a pas de promesse.
Il n'y a rien à prouver.
Il y a chacune de nous, qui se tient droite, si brave, humble, gorgée d'amour, au milieu de ce torrent qui vient la rencontrer.
Je partage ceci... non pas pour attirer vos mots de soutien vers moi, mais plutôt pour éveiller cette réflexion : Où vivent en moi ces structures qui font perdurer les vi0lences de ce monde, et comment je peux y faire croître plus de compassion ?
Avec amour,
C. 🌹
📷 co-création photo avec mon amour