15/09/2025
Magnifique oui
Personne ne parle de la mort qui survient là, juste au moment où la vie commence.
Tous les regards se posent sur le bébé, parfait, fragile, un miracle incarné. Mais personne ne la regarde, elle.
Cette femme qui vient d’accoucher de bien plus qu’un enfant : elle a mis au monde une nouvelle identité, un nouveau corps, un nouveau temps.
Et, dans le même instant, elle a perdu tout ce qu’elle savait d’elle-même.
Meurt la femme libre, celle qui dormait quand elle le voulait.
Meurt la femme qui contrôlait son propre corps, son propre destin.
Meurt la femme qui parlait d’elle au présent, et non seulement à travers son enfant.
Au plus profond de son âme, s’éteint la version d’elle qui ignorait que ses jours étaient comptés.
Et naît la mère.
Entre les points de suture, le sang et les larmes.
Elle naît dans la peur, l’abandon, la douleur et l’amour le plus pur qui soit.
Elle naît dans le silence des nuits interminables et dans l’écho de pleurs que personne n’entend, ni ceux de l’enfant ni les siens.
Être mère, c’est renaître en portant le deuil de la femme laissée derrière.
C’est se voir étrangère dans le miroir, sans reconnaître son corps, sans se souvenir du dernier instant qui lui appartenait.
C’est aimer quelqu’un plus que tout, tout en luttant désespérément pour ne pas se perdre soi-même.
C’est apprendre à se reconstruire morceau par morceau, pendant que tous s’attendent à ce que tu sois déjà entière.