
03/09/2025
Quelle magnifique constatation.
J’avais cinquante ans quand j’ai découvert que mon mari — oui, François, celui qui faisait un drame si les pâtes n’étaient pas al dente — avait décidé de partir avec sa psychologue.
Une femme toujours souriante, perchée sur des talons impossibles, avec une voix de présentatrice de télé-réalité. Même pour saluer le facteur, on aurait dit qu’elle animait une émission.
« J’ai besoin de vivre pour moi », a-t-il déclaré, le ton solennel, comme si je lui cédais une couronne.
« Je veux découvrir qui je suis. »
Qui es-tu, François ?
Celui qui perd ses clés trois fois par mois dans la même poche ?
Celui qui me demande chaque semaine son code de carte bancaire ?
Je suis restée silencieuse. Non pas par surprise, mais par cette sérénité étrange qui naît quand on a déjà trop donné.
J’avais entendu tant de fois ses « J’ai oublié », « J’ai changé d’avis », « Je me suis trompé »… que ses mots n’étaient plus qu’un bruit de fond.
Et pendant qu’il parlait, je me suis souvenue.
De ses pulls en laine que je lavais à la main malgré mes bras abîmés.
De ces dîners interminables avec ses amis, où il n’était question que de foot et d’immobilier — des sujets qui ne m’ont jamais intéressée.
De ses silences répétés, de ses fermetures, de son éternel « j’ai besoin de réfléchir ».
Et voilà qu’il s’en allait « se réinventer » avec une femme qui croyait que Monet était une marque de parfum.
« Ça n’a rien à voir avec toi », m’a-t-il dit, les yeux fuyants.
C’était vrai. Je n’étais simplement plus « nouvelle ».
Désormais, la mode est au « bien-être », à la « positivité », et surtout… aux relations sans engagement.
— Et toi, qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? — m’a-t-il demandé, comme si j’étais la perdue.
— Moi ? Je vais faire ce que tu n’as jamais su faire : vivre. — ai-je répondu en serrant ma robe comme une armure.
Il est parti.
Avec son sac à dos de faux aventurier et sa veste qui sentait plus l’habitude que la liberté.
Et moi, je suis restée.
Seule. Mais pas vide.
J’ai attrapé cette bouteille de vin que nous gardions « pour une grande occasion ».
Je l’ai ouverte. Je l’ai bue.
Parce que quitter la vie avec François, c’était déjà une excellente raison de porter un toast.
Le lendemain, je suis allée chez le coiffeur.
À la banque.
Puis à la petite boulangerie du coin où j’avais toujours rêvé goûter la tarte aux cerises, mais où « ce n’était jamais le moment ».
Le soir, j’ai créé un profil sur une application de rencontre.
Pas pour trouver quelqu’un.
Juste pour voir si quelqu’un voyait encore la femme que j’étais, moi qui avais été pendant des années le décor effacé d’un mariage sans fin.
Ce soir-là, je me suis endormie avec un roman entre les mains et mon chat au pied du lit.
Sans projet. Sans plan.
Mais avec un cœur léger.
Parce que parfois, il ne s’agit pas de recommencer avec quelqu’un d’autre.
Il s’agit de recommencer avec soi-même.
Et tu sais ce que j’ai compris ?
Qu’une femme doit être sa propre meilleure alliée.
Je m’aime. Pas parce que je suis parfaite, mais parce que j’ai enfin choisi de vivre sans peur.
Mesdames, aimez-vous. Valorisez-vous chaque jour.
Parce que vous ne méritez pas les miettes.
Vous méritez tout le gâteau. 🎂