26/04/2024
''Tout ce que vous avez fait dans votre vie équivaut à une exploration de votre corps, seulement cela a été formulé autrement. Tôt ou t**d, vous vous rendez compte que les êtres rencontrés, les pays visités, résonnent en vous. Si vous allez en Chine ou au Japon, la Chine et le Japon vous les sentez par votre corps. Tous les amis, tous les gens qui vous ont créé des problèmes, toutes les nourritures que vous avez absorbées, installent des liens très profonds avec votre sensibilité. Tous les paysages que vous avez vus, les odeurs, les goûts, tout cela constitue une exploration du corps. Par manque d’information on la sent comme extérieure. Vous ne pouvez rien sentir qui ne soit déjà dans le corps. Quand vous dégustez une fraise, elle révèle une caractéristique déjà
existante dans votre palais, langue et structure gustative ; la saveur de la fraise ne siège pas à l’intérieur de la fraise.
Tout ce que l’on entreprend dans la vie revient à une exploration du corps. À un moment donné, cela devient plus cerné, plus conscient, mais il n’y a jamais de temps perdu. Le monde et le corps, c’est la même chose. Quand le vent vous caresse la joue, comment affirmer si c’est le vent que vous sentez ou votre propre joue ? Il n’y a pas l’un ou l’autre, mais seulement contact.
À un moment, il peut sembler plus opportun de laisser vivre en vous les zones insensibles du cerveau, les régions bloquées, que de préparer un nouveau voyage en Orient, sauf si l’Orient vous appelle. L’exploration proprement dite se fait dans l’instant, sur votre lit ou votre chaise, sans but,
sans rien à trouver. Devenir sensible corporellement n’amène rien, ce qui est visé ne se situe pas au niveau de la sensation, mais dans un état d’ouverture où cette découverte se fait. Ce qui est vécu, est cette attitude de découverte. Aucune transformation n’est visée : ni un corps de plus en plus vacant, subtil, ni énergétique ou autre, sinon vous vous égarez. Le corps devient un prétexte à cette ouverture. La sensorialité devenue libre vous ramène à cette écoute.
Au début le corps est écouté, puis ce qui est écouté va se libérer de l’objectivité, se mourir dans votre écoute pour devenir écoute de l’écoute : méditation. C’est la finalité de l’approche corporelle. Non pas atteindre telle ou telle habileté corporelle ou sensorielle.''
Éric BARET, extrait ''Le Sacre du Dragon Vert''