
03/07/2025
Après avoir soutenu Freud qui le considérait comme son successeur, Carl Gustav Jung se sépara de lui. Leur désaccord porta notamment sur la sexualité que Freud considérait comme la clé de l’interprétation de tous les comportements humains. Pour Jung, la libido désignait de manière générale la manifestation psychique de l’énergie vitale dont le désir sexuel n’était qu’une des manifestations. Jung souhaitait rester ouvert à tout ce qui pouvait conduire l’être humain à quêter le sens de la vie : la spiritualité ne pouvait pas relever de la seule sexualité. Jung accorda aussi une importance majeure à ces images originelles qui surgissent dans les mythes, les rêves, les délires et qui témoignent de l’inconscient collectif inné. Ces idées contribuent à la description que fait Jung des étapes de la vie. Après l’enfance qui est un combat pour l’existence du moi, vient le jeune âge qui s’étend de la puberté jusqu’au milieu de la vie. L’être humain doit alors transformer par la lutte sa nature primitive pour acquérir une existence sociale et s’y adapter. Puis, à partir de la quarantaine, commence l’après-midi de la vie. L’être humain, progressivement, doit accepter de se tourner vers lui-même et tout au long de cette étape qui le conduira à la vieillesse, quêter le sens de sa vie, poursuivre son développement personnel, progresser dans un processus d’individuation qui est réalisation de soi-même, réalisation de « son Soi ». Le vieillissement n’est donc pas un déclin mais ouvre à la possibilité d’un épanouissement en se découvrant soi-même, en devenant ce que l’on est. La mort devient alors le but de la vie et l’inconscient collectif qui plonge dans l’histoire de l’humanité, conduit à faire de la mort la porte d’entrée de l’éternité et donc une étape dans le déroulement de la vie. Il s’agit bien sûr d’un acte de foi, d’une croyance qui échappe au domaine scientifique. L’essentiel est de se laisser porter par ces images primitives issues de l’inconscient collectif même si l’on doute ou si on refuse de croire en l’immortalité. Et ainsi Jung invite à ne pas confondre la croyance en Dieu et l’idée de Dieu en l’homme. C’est le refus d’accepter le passage d’une vie tournée vers l’action et la réussite sociale, c’est le désir de prolonger sans cesse la jeunesse, de se cramponner à elle qui entraîne les dépressions et les manifestations névrotiques survenant dans « l’après-midi de la vie ».
La vie, la vieillesse et la mort dans l’œuvre de Carl Jung