13/11/2025
Au cœur d’un vieux monastère, vivait un moine en quête de paix. Un matin, il quitta la pierre et les prières, cherchant le silence au-delà des murs. Il prit une barque et glissa sur le lac, là où l’eau se confond avec le ciel.
Quand il atteignit le centre, il ferma les yeux. Autour de lui, le monde s’effaça. L’air était léger, immobile, le souffle du vent, à peine un murmure. Les heures passèrent, calmes et profondes, comme si le temps lui-même retenait sa respiration.
Soudain, un fracas brisa la quiétude : une autre barque venait heurter la sienne. Le choc, faible mais inattendu, fit naître dans son cœur la braise de la colère. Les yeux clos encore, il sentit monter la tempête intérieure, prête à éclater en mots.
Mais lorsqu’il ouvrit enfin les yeux, il ne vit personne. Devant lui, une barque vide, abandonnée, flottait au gré des courants. Le silence du lac lui répondit. Et en ce silence, il comprit.
La colère n’était pas dans l’autre. Elle dormait en lui, prête à se réveiller au moindre heurt. L’autre n’était qu’un miroir, un bateau sans rameur, un prétexte porté par le vent.
Depuis ce jour, quand une voix s’élève, quand une main le bouscule, le moine se souvient :
« Celui qui me heurte n’est qu’un bateau vide. Sur les flots de mon esprit, seule ma colère fait des vagues. »
Alors, le lac redevient calme, et la lumière, paisible, danse à la surface de l’eau.