29/10/2025
La Gardienne du Passage
Dans le silence suspendu du cimetière, elle veille. Son regard ne pleure pas la mort : il la comprend, car elle sait que mourir n’est qu’un verbe mal compris, une porte qu’on franchit, vêtue d’un souffle nouveau.
Sous son grand chapeau d’ébène, le vent murmure les noms oubliés. Les pierres dressées autour d’elle ne sont pas des fins, mais des phares allumés dans la brume guidant les voyageurs vers l’autre rive.
Sa robe, brodée de nuit et de mystère, recueille les prières des vivants. Chaque fil noir renferme un éclat d’étoile, chaque dentelle un souvenir, une promesse, une larme devenue perle.
Elle ne craint pas la mort — elle la salue. Elle sait que sous le suaire de l’obscurité, la vie continue de chanter, plus pure, plus vaste, plus vraie, car ce que nous appelons fin, elle l’appelle retour.
Retour à la Source, au Souffle, à l’Essence immuable.
Et quand les vivants repartent, les cœurs serrés,
elle demeure — gardienne des passages,
sororité silencieuse entre l’ombre et la lumière,
tenant la main invisible de ceux qui osent traverser.