10/05/2021
Mon enfant, moi, nos émotions, ça nous rend vivant.
L’émotion c’est de la vie en mouvement qui se manifeste en nous. Elle nous parle, nous informe, nous transforme. C’est de l’énergie dans notre corps, le réveil d’un ou plusieurs de nos sens.
Agréable ou désagréable, elle est là pour donner du sens à ce que l’on vit, elle donne une direction.
Elle nous tire en arrière, nous porte vers l’avant, nous met à terre ou nous pousse en l’air…
L’accueillir, la ressentir, l’exprimer, lui donner vie, lui permet de se mettre en action pour nous éviter de tourner en rond.
L’émotion me fait penser à une vague, de celle qui nous bouscule, nous fait tourner 3-4 fois sur nous même, sans même nous donner le temps de reprendre notre souffle.
L’émotion, telle cette vague, naît et meurt juste après.
Mais alors ? Pourquoi reste-elle en moi parfois des heures, voire plusieurs jours ?
Parce qu’une fois qu’elle se manifeste, si elle est réprimée, elle se transforme en sentiment que je nourri par la mémoire de mes expériences passées.
Peur, joie, colère, tristesse, on connait tous ces émotions qui chaque jour viennent nous rendre visite et nous mettent dans un état ou un autre.
Chez moi, les émotions on ne les vivait pas… oh non, interdiction de manifester la vie en nous… et c’était comme ça pour toute la famille, pour les petits comme pour les grands, c’était tabou de vivre, d’exprimer, de partager ce qui se passait en nous, et j’ai grandi avec ça… faire taire tout ce qui se passe en moi.
Vous imaginez l’effort surhumain pour ne jamais laisser transparaitre quoi que ce soit ?
Quand on sait que l’émotion c’est de l’énergie qui se manifeste en nous, rendez-vous compte de la quantité d’énergie qu’il faut pour retenir tout ça ! Une vraie bataille, un éternel épuisement…
Voilà ce que j’ai appris depuis toute petite : sois lisse, ne fait pas de bruit, n’exprime rien sinon les conséquences risquent de te mettre en péril… Gard à toi si tu t’autorises à vivre, même juste ressentir ce qui te traverse !!!
Alors en bonne enfant bien lisse, drivée par la peur, j’ai refoulé la vie qui en moi voulait se manifester et je vous laisse imaginer les dégâts…
L’inconvénient c’est qu’en étouffant mes émotions, je privais tout ce flux de vie d’exister, de s’exprimer.
Je ne le faisais pas par choix, mais par obéissance. Encore à l’âge adulte, je continuais d’obéir à mes parents avec qui je ne vivais pourtant plus depuis bien longtemps. En réalité, je ne vivais pas, je continuais à être cet enfant bien obéissant qui ignorait tout ce qui se passait en moi. C’est là que la spirale infernale commence… Mais bon, je ne suis pas là pour vous parler de cette période de ma vie.
Il y a 2 types d’émotions ; les agréables et les plus désagréables.
Ce qu’on oublie souvent quand on est parent, c’est que chaque émotion privée d’exister chez nos enfants, (pareil pour nous au passage) c’est lui laisser un poison à l’intérieur de son corps. Le cumul de ces petits poisons peut inconsciemment induire un immense impact dans notre vie et nos relations. Tous ces petits poisons nous apportent une pollution intérieure un peu similaire à tous ces bouts de plastique jetés 1 à 1 dans les océans qui finissent par s’accumuler dans un coin. En nous c’est pareil et chez nos enfants aussi.
Toutes ces colères qui n’ont pas pu s’exprimer vont se loger dans notre foie, ces tristesses refoulées viennent affaiblir nos poumons, toutes ces peurs qui n’ont pas été accueilli affectent l’énergie de nos reins, ces non-dits et ressassements nous bouffent la rate et toutes ces joies qui n’ont pu être dansées enferment notre cœur.
J’ai mis longtemps à comprendre l’impact négatif et destructeur qu’avait cette privation de liberté d’expression sur mon corps, ma psyché, mon énergie et combien je m’aimais mal pour laisser faire une chose pareille.
J’ai aussi remarqué que chacune des émotions vécues chez mon enfant venait toucher en moi tous ces blocs bien scellés à l’intérieur et par peur que tout ressurgisse, je privais mon enfant de vivre ses propres émotions, qui par effet miroir venaient mettre en lumière tout ce qui en moi était refoulé depuis si longtemps.
J’imagine que ça vous est aussi arrivé de ne pas supporter de voir votre enfant jouer, sauter dans tous les sens et exprimer la vie qui se manifeste en lui.
- Reste tranquille ! tu fais trop de bruit ! ce n’est pas le moment ! j’ai besoin de calme ! ne saute pas dans les flaques ! non, pas maintenant !...
En réalité tous ces freins que l’on met chez nos enfants sont nos propres freins parce que l’on n’a pas appris à accueillir et vivre la joie qui en nous, se manifeste.
Et pourquoi ? parce qu’on nous a dit la même chose : reste tranquille ! ne fait pas tant de bruit ! arrête de sauter dans tous les sens ! tu me stress, cesse de pleurnicher…. Et j’en passe…
Il en va de même pour la tristesse
- Tu ne vas pas pleurer pour ça ! t’es grand maintenant ! les garçons ça ne pleure pas ! t’en verra d’autre ! si tu pleures pour ça, tu n’arriveras à rien dans la vie !…
La colère aussi apporte son lot de frustrations et pour celle-ci en particulier, on y répond avec la même attitude.
- Mon enfant se met en colère, crie, se roule par terre et moi, je lui crie dessus et je me mets en colère contre lui… je réponds donc à sa colère, par la colère…
Et la peur ? elle n’est pas que sienne…
- Mais non…, t’inventes n’importe quoi, les monstres ça n’existe pas ! vas-y ça ne fait pas peur ! tu ne vas quand même pas avoir peur de ça ! mais non…, c’est ton imagination il n’y a rien !…
Ça, c’est pour les peurs de nos enfants et il y a toutes celles qui en nous se sont bien ancrées et que gracieusement on leur transmet, sans même s’en rendre compte…
Voilà comment on apprend à nos enfants à bien refouler leurs émotions. Mais rassurez-vous, j’ai moi aussi été un parent qui ne savait absolument pas gérer mes propres émotions et du coup, je privais mon enfant de vivre librement les siennes.
J’ai pourtant, comme chaque parent, toujours voulu le meilleur pour mon enfant et j’ai finalement compris que tant que je n’avais pas appris à accueillir mes émotions, j’aurais beaucoup de mal à accueillir celles de mon enfant.
J’ai aussi pris conscience qu’à mettre tant de force pour retenir mes émotions, il me fallait redoubler d’énergie pour « gérer » celles de mon enfant.
Résultat ? je m’épuisais et ce, sans vraiment atteindre une issue positive. Ni pour moi, ni pour lui.
Pire encore, je renforçais tout ça en lui transmettant exactement les mêmes schémas que j’avais reçu…
Alors qu’au lieu de repousser cette énergie de vie qui venait se manifester, j’aurais simplement dû ouvrir les bras pour l’accueillir plutôt que la réprimer.
C’est donc ce que j’ai commencé à faire d’abord pour moi-même. J’ai ouvert mon cœur à ce qui passait à l’intérieur de moi et comme par magie, j’ai aussi petit à petit pu le faire avec mon enfant. Magie oui d’accord mais je ne vais pas non plus vous vendre du rêve et vous mentir. Je vous avoue que cela n’opère pas toujours… il m’arrive encore parfois de répondre à la colère par la colère quand je suis trop fatiguée ou si je ne me suis pas accordé un temps rien que pour moi. Ne pas réussir à accueillir toute la joie de mon enfant quand je rentre du travail avec la tête pleine de tout ce que je dois encore préparer ; le souper, les courses, la lessive…
La différence aujourd’hui, c’est que j’ai des clés et une meilleure compréhension. Même si je n’arrive pas toujours avoir le bon accueil au bon moment, je ne culpabilise plus car je m’aime mieux et j’ai compris qu’être parfaite ne serait jamais une réalité en soi. Quel soulagement !
J’ai également compris que je m’épuiserais beaucoup moins à laisser vivre les émotions et qu’elles se canaliseraient beaucoup plus vite en leur ouvrant les bras.
- Maintenant, je peux accueillir la colère de mon enfant sans me mettre moi aussi en colère et cela ne veut pas dire que je lui laisse tout passer ou que je lui donne raison. C’est juste que je le comprends mieux et lui donne le droit de s’exprimer.
- Je prends le temps de partager et vivre avec lui ses moments de joie même quand je fais quelque chose qui auparavant me semblait plus important.
- Je l’accueil avec ses peurs sans juger si elles sont légitimes ou pas. Ce sont ses peurs et au lieu de lui dire que c’est son imagination, qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur, je l’accompagne plutôt à changer sa perception.
- Pour sa tristesse, je lui offre ma présence, mon écoute, je comprends que c’est difficile pour lui, je le rassure, j’accepte qu’il veuille parfois rester seul tout en lui disant que je suis là pour lui. Je ne lui cache plus mes propres tristesses et surtout je lui dis que je l’aime et qu’il a le droit de pleurer.
Si je vous parle de tout ça c’est que ma vie à la maison et dans ma maison intérieure s’est totalement transformée depuis que j’ai ouvert les bras à mes émotions, à la vie qui se manifeste en moi et chez mon enfant. L’harmonie en famille est beaucoup plus douce, on se comprends mieux, nous communiquons mieux et on se soutien d’avantage.
J’ai cessé de dépenser mon énergie inutilement en allant contre ces vagues d’émotion et j’ai appris à les surfer. Aujourd’hui je me sens beaucoup plus sereine avec une plus grande confiance en moi. Je n’appréhende plus les réactions émotionnelles de mon enfant parce que j’ai appris à écouter, à communiquer et à comprendre et je respect ce qu’il vit sans le juger ou vouloir le contrôler.
Ce parcours qui n’a pas toujours été facile et qui parfois a pu scléroser beaucoup trop de précieux moments de partage, de vie et d’amour m’a permis de retrouver un meilleur équilibre en moi et par évidence avec mon enfant, mon foyer, mes relations. Ces expériences m’ont aussi rempli d’un fort enthousiasme à accompagner les familles pour leur permettre de retrouver harmonie et fluidité ainsi qu’une vie plus agréable et sereine.
Désormais, ce qui me tient à cœur, c’est d’apporter aux familles une meilleure compréhension sur le rôle des émotions, ce qui se passe en nous pour mieux les identifier et les vivre au quotidien et de vous permettre d’apprendre à vos enfants à mieux gérer leurs propres émotions tout en les autorisant à les vivre et les exprimer. Je souhaite offrir aux familles et aux enfants ce cadeau, qui pour moi est d’une valeur inestimable et qui est une part essentielle pour un parent et son enfant.
Nous sommes des exemples pour nos enfants et j’ai l’intime conviction qu’un enfant libre dans ses émotions deviendra un adulte libre dans l’expression de son authenticité ce qui me semble vraiment indispensable dans un monde où l’on nous demande de plus en plus d’être façonné à l’image de la société.
Je vous remercie profondément d’avoir pris le temps de voyager un moment avec moi au cœur des émotions et j’espère sincèrement que quelque chose, un mot, une phrase, une situation, une énergie aura pu résonner en vous et vous apporter une petite graine à naître.
Je vous souhaite une belle et harmonieuse lumière en vous, dans votre vie et votre foyer.
Par amour et gratitude
Sylvie