23/10/2025
*Hotep à tous*
Thème : Le phénomène des enfants de la rue : Un échec de la famille, de la société ou de l'ÉTAT ?
_*"Pour savoir où la pluie a commencé à te mouiller, il faut remonter le chemin"*_, dit un proverbe africain.
Le phénomène des *enfants de la rue*, omniprésent dans de nombreuses villes africaines, est aujourd’hui l’un des symptômes les plus visibles de la *désintégration des mécanismes traditionnels de protection de l’enfance*. Ces enfants, abandonnés ou en fuite, vivent dans des conditions de grande précarité, exposés à la violence, à l’insécurité, aux abus et à la misère. Leur situation interroge profondément : *s’agit-il d’un échec de la famille, de la société ou de l’État ?*
D’abord, *la famille*, socle traditionnel de l’éducation et de la protection en Afrique, est souvent fragilisée par la pauvreté, les ruptures conjugales, les décès prématurés, ou encore par l’abandon d’enfants jugés "non conformes", perçus comme "sorciers" ou "porteurs de malheur". Les logiques de survie prennent parfois le pas sur la solidarité parentale, et les liens de filiation se brisent.
Ensuite, *la société elle-même*, marquée par la perte progressive de certaines solidarités communautaires, *n’assume plus pleinement son rôle de seconde barrière protectrice*. L’enfant de la rue est fréquemment stigmatisé, marginalisé, vu comme un fauteur de trouble, et non comme une victime d’un système en crise.
Enfin, *l’État*, garant des droits de l’enfant, peine à mettre en place des politiques sociales durables, inclusives et efficaces. *Faiblesses institutionnelles, manque de volonté politique, budget insuffisant, absence de stratégie de long terme*, tout cela contribue à l’aggravation du phénomène. Les actions menées, souvent ponctuelles et sectorielles, ne répondent ni à l’urgence, ni à la profondeur du problème.
Mais sortir de cette impasse nécessite *plus qu’un simple sursaut technique ou administratif*. Il faut puiser dans ce que *l’Afrique porte déjà en elle : une vision du monde centrée sur l’humain, sur la relation, et sur la co-responsabilité*.
La *cosmologie africaine traditionnelle* place *l’être humain au cœur de l’ordre du monde*, non pas en tant qu’individu isolé, mais comme *maillon d’une chaîne communautaire interconnectée* (vivants, ancêtres, esprits, divinités). *Revenir à cette sagesse, c’est remettre l’enfant à sa juste place : un être sacré, porteur d’avenir, et donc à protéger à tout prix*.
Cela suppose aussi de *réactiver les valeurs africaines de solidarité, respect de la vie, responsabilité collective, accueil de la vulnérabilité, parole rituelle et transmission intergénérationnelle*. Il faut que les familles, les communautés et les autorités redécouvrent que *l’enfant n’appartient pas qu’à ses parents, mais à tout le peuple*.
*La spiritualité africaine*, enfin, rappelle que *tout déséquilibre social ou humain est un signe de rupture avec l’ordre sacré des choses*. Les enfants dans la rue ne sont pas seulement une crise sociale : ils sont *un cri spirituel, un désordre du vivant*, et interpellent la conscience collective. *Réparer cela implique aussi des gestes rituels, symboliques et communautaires de réintégration*, non simplement des mesures administratives.
En somme, *le phénomène des enfants de la rue est un échec partagé entre la famille, la société et l’État*. Mais c’est aussi une *opportunité historique de revisiter nos fondements culturels et spirituels, pour réinventer des formes d’inclusion qui soient enracinées dans l’âme africaine*. Car *l’Afrique ne pourra se relever sans ses enfants, et ses enfants ne pourront se relever sans une Afrique qui se souvient de ce qu’elle est*.
Cependant, il est clair que *les cadres institutionnels modernes* (qu’il s’agisse des *écoles*, des *politiques publiques*, ou même des *programmes sociaux*) bien que nécessaires, semblent *peiner à résoudre ce phénomène complexe*, tant ses racines sont profondes, systémiques et humaines.
Face à cela, *l’Afrique, dans sa sagesse millénaire*, possède déjà en elle des *mécanismes ancestraux de résolution de crise*, qui sont heureusement *réactivés avec lucidité et respect* :
*Les Temples africains*, lieux de régénération, de mémoire, de parole et de réintégration.
*Les Prêtres africains*, dépositaires de la science de l’équilibre, de la guérison des âmes et du lien sacré entre les vivants, les ancêtres et les divinités.
*La Voie africaine*, qui place l’humain, l’enfant et la communauté au cœur du vivant, dans un rapport sacré à la nature, au groupe et à la mémoire.
*Ce n’est qu’en mobilisant conjointement ces forces visibles et invisibles* (institutions modernes et ressources traditionnelles) que nous pourrons *guérir nos sociétés*, restaurer l’équilibre perdu et offrir à chaque enfant *une place digne, protégée et vivante dans le cercle communautaire*.
*Ayez la paix ! Ayez la paix ! Ayez la paix !*
*La Palabre Africaine*
*Papa Ngangba*