23/05/2025
L’AUTOMÉDICATION ET LA DRÉPANOCYTOSE : comment j’ai échappé de justesse à un drame
Je vous raconte. À cette époque, je n’étais encore qu’une petite fille. Je ne me sentais pas bien : fatigue, fièvre, pâleur… Ma mère, inquiète, a vite compris que j’étais anémiée. Etant drépanocytaire, elle savait que chaque symptôme devait être pris au sérieux. Mais financièrement, c’était une période très difficile pour elle.
Poussée par l’urgence et l’amour maternel, elle a rassemblé tout ce qu’il lui restait pour acheter des médicaments à la pharmacie, selon son expérience. À force de s’occuper d’un enfant atteint d’une maladie chronique, elle pensait savoir quoi donner.
Mais sur le chemin du retour, un événement inattendu s’est produit : elle est descendue du transport en oubliant le sachet de médicaments. Ce n’est qu’en arrivant à la maison qu’elle s’en est rendu compte. Je me souviens encore de ses larmes et de ses cris… Elle était bouleversée.
C’est alors que ma grand-mère est intervenue. Elle l’a consolée, et lui a dit : « Nous allons chercher de l’argent pour aller à l’hôpital. » Puis elle a ajouté une phrase que je n’ai jamais oubliée : « C’est peut-être un signe de Dieu. Ces médicaments auraient pu la tuer, même si tu pensais bien faire. »
Nous sommes donc allées à l’hôpital, et il s’est avéré que grand-mère avait raison : ces médicaments n’étaient pas du tout adaptés à mon état. Ce jour-là, la perte du sachet fut un miracle.
Pourquoi je vous raconte cela ? Parce que l’amour sans connaissance peut tuer.
Ma maman voulait sincèrement bien faire. Mais son geste aurait pu m’être fatal. C’est pour cela que je vous encourage à soutenir vos proches lorsqu’ils traversent des situations difficiles, et surtout, à vous rappeler que l’expérience en tant que malade ou aidant ne fait pas de vous un médecin. Un simple symptôme en plus peut tout changer. Beaucoup de maladies partagent les mêmes signes.
Je parle souvent de moi pour que vous compreniez : je suis drépanocytaire, j’ai 28 ans, ancienne étudiante en médecine. Pourtant, je consulte, je fais mes bilans régulièrement. Je ne me soigne pas toute seule.
Dans le témoignage ci-dessus, l’argent dépensé pour les médicaments aurait suffi pour une consultation et quelques examens de base. Cela nous aurait permis d’avoir un vrai diagnostic, et si nécessaire, de poursuivre le traitement à la maison.
Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
Et s’il vous plaît, ne venez pas me parler des exceptions en commentaire. Merci
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