07/10/2025
L’hypotension artérielle, définie par une pression systolique inférieure à 90 mmHg, est une urgence clinique fréquente au cabinet dentaire, souvent sous-estimée. Elle traduit une diminution transitoire ou prolongée du débit sanguin cérébral et peut compromettre la conscience, la respiration et la stabilité hémodynamique du patient. Cette chute tensionnelle peut être liée à divers mécanismes : baisse du tonus vasculaire, diminution du volume sanguin circulant, ou dysrégulation neurovégétative.
Chez le patient au cabinet, plusieurs facteurs peuvent en être responsables :
– Une hémorragie peropératoire non compensée ;
– Une prémédication sédative ou anxiolytique excessive ;
– Une injection trop rapide d’anesthésique local contenant de l’adrénaline, entraînant un effet vasodilatateur secondaire ;
– La fatigue, le jeûne, ou la déshydratation avant la consultation ;
– Une réaction vagale induite par la peur, la douleur ou la vision du sang ;
– Enfin, certains traitements antihypertenseurs, diurétiques ou antidépresseurs peuvent également fragiliser la régulation tensionnelle.
Sur le plan clinique, les signes d’hypotension apparaissent souvent de façon insidieuse : sensation de vertige, bourdonnement d’oreilles, vue trouble, faiblesse musculaire ou sueurs froides. La pâleur du visage, la lenteur du pouls et la respiration superficielle sont caractéristiques. Dans les cas plus graves, le patient peut présenter une lipothymie (perte de connaissance partielle) ou une syncope complète, avec relâchement musculaire et chute brutale.
La prise en charge doit être immédiate et adaptée à la gravité de la situation :
1. Arrêter tous les soins en cours et s’assurer de la sécurité du patient.
2. Allonger le patient en position déclive, jambes surélevées, afin de restaurer la perfusion cérébrale.
3. Desserrer les vêtements et aérer le local pour améliorer l’oxygénation.
4. Surveiller la tension artérielle, la fréquence cardiaque et la respiration.
5. Si la bradycardie persiste malgré le repositionnement, administrer de l’atropine (0,5 à 1 mg en IV lente). Et faire appel aux services des urgences.
6. En cas de collapsus ou de non-réponse, utiliser de l’adrénaline à faible dose sous stricte surveillance.
7. Si un état de choc s’installe, perfuser une solution saline isotonique pour restaurer le volume circulant et solliciter les urgences médicales pour une prise en charge hospitalière.
Du point de vue préventif, le rôle du dentiste est essentiel. Avant tout acte, il est nécessaire de rechercher les antécédents médicaux : traitements hypotenseurs, troubles cardiaques, diabète, épisodes syncopaux antérieurs, etc. Une bonne communication et un environnement rassurant permettent de diminuer le stress et de prévenir les réactions vagales. De même, il convient d’éviter le jeûne avant les soins, de faire lever le patient progressivement après une longue position allongée, et de respecter les doses d’anesthésiques locaux.
L’hypotension n’est pas anodine : elle constitue souvent un signal d’alarme physiologique que le praticien doit reconnaître sans délai. En cas de mauvaise réaction, la rapidité de la réponse et la connaissance des gestes de premiers secours peuvent sauver une vie. Le chirurgien-dentiste, en tant qu’acteur de santé, doit donc rester formé, vigilant et préparé à affronter ce type d’urgence médicale dans son cabinet.
Source : Docteur Néhémie Édouardi