08/01/2021
Publié le 08/01/2021
Metformine et déclin cognitif : bons souvenirs de Sydney
Le diabète de type 2 exposerait à un déclin cognitif accéléré tout en augmentant le risque de démence notamment vasculaire à long terme. Les mécanismes de cette association évoquée dans plusieurs études prospectives restent imprécis et le rôle du contrôle glycémique quoique probable n’est pas établi. Que dire de l’implication éventuelle de la metformine sur laquelle tout et son contraire ont été suggérés. Selon certaines études, cet antidiabétique protégerait de la démence alors que, selon d’autres, il la favoriserait. La Sydney Memory and Ageing Study ne prétend pas apporter de réponse définitive à cette controverse, mais ses résultats et les hypothèses qui en découlent n’en méritent pas moins d’être rapportés.
Il s’agit d’une étude de cohorte prospective dans laquelle ont été inclus 1 037 sujets âgés (70-90 ans), vivant tous au sein de la communauté urbaine de Sidney (Australie), indemnes de démence à l’état basal. Parmi les critères d’exclusion figuraient, outre démence et troubles cognitifs patents les conditions suivantes : maladie neurologique ou psychiatrique déclarée et majeure ou encore affection maligne connue. Le bilan neuropsychologique réalisé tous les deux ans reposait sur toute une batterie de tests explorant les fonctions d’exécution, la mémoire, l’attention et la vitesse de traitement de l’information, le langage et les fonctions visuelles comme spatiales. De plus, chez 526 participants, le volume hippocampique e parahippocampique tout comme le volume cérébral total ont été mesurés à l’état basal et au bout de deux années de suivi. Les données ont été traitées au moyen de modèles linéaires mixtes qui ont pris en compte diverses variables : âge, sexe, niveau éducatif, indice de masse corporelle, cardiopathie éventuelle, hypertension artérielle, AVC, tabagisme et présence de l’apolipoprotéine Eε4.
Une étude cas-témoins suggestive mais pas de certitude
Au sein de la cohorte, 123 patients étaient atteints d’un diabète traité plus d’une fois sur deux (67/123) par la metformine. Les deux groupes ainsi constitués (metformine ou non, soit M ou non- M) étaient comparables sur le plan démographique, tout autant qu’avec le reste de la cohorte. Dans le groupe M, le déclin cognitif global s’est avéré plus lent que dans le groupe non- M et il a en a été de même pour le déclin des fonctions d’exécution. Par ailleurs, l’incidence des démences toutes causes confondues s’est révélée très nettement plus élevée dans le groupe non- M par rapport au groupe M, l’odds ratio correspondant étant de 5,29 [intervalle de confiance à 95 % 1,17-23,88] ; p = 0,05).
Cette étude qui est de fait du type cas-témoins intra-cohorte n’apporte aucune certitude mais soulève une hypothèse qui a été déjà été évoquée : l’exposition à la metformine protégerait du déclin cognitif et diminuerait le risque de démence. Un tel résultat incite à pratiquer une étude randomisée de grande envergure, la seule méthode qui puisse explorer valablement l’hypothèse précédente. En attendant, l’association relève d’un fait relayé par Diabetes Care qui fait référence en diabétologie…
Dr Joseph Miller
RÉFÉRENCE
Samaras K et coll. : Metformin Use Is Associated With Slowed Cognitive Decline and Reduced Incident Dementia in Older Adults With Type 2 Diabetes: The Sydney Memory and Ageing Study. Diabetes Care. 2020;43(11):2691-2701. Pr Ayoub doi: 10.2337/dc20-0892.