26/02/2023
Grossesse à haut risque
Sous la loupe des spécialistes à Sétif
L’Institut National de Formation Supérieure Paramédicale (INFSPM) de Sétif a abrité, jeudi 23 février, les travaux de la journée d’évaluation du programme national de prise en charge de la femme enceinte, notamment la grossesse à haut risque, plus connue sous l’abréviation de GHR. Des gynécologues, des généralistes s’occupant de parturientes, des sages-femmes et les responsables de plusieurs structures de santé publique et privées étaient présents à la salle de conférences de l’INFSP, pleine comme un œuf. Ils se sont montrés attentifs aux chiffres et remarques avancés par le responsable dudit programme au niveau local, Mohamed Faouzi Rezig. Ce dernier a tenu à indiquer que ce plan d’action lancé par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n’a pas été évalué à temps à cause de la pandémie de la Covid-19. Le conférencier a annoncé, d’emblée, que les lits qui étaient dédiés à la Covid-19 ont été rendus à la maternité, tout en soulignant que le taux de mortalité chez la femme enceinte a baissé. Chiffres à l’appui, il dira qu’en 2022, le nombre de décès a baissé à trente cas dont quatre de Covid-19, contre quarante cas dont 19 de Covid-19 en 2021. D’autres décès sont liés à d’autres pathologies dont le diabète et hypertension artérielle (HTA), nous dira le docteur Faouzi Rezig. Il a, par ailleurs, tenu à annoncer à L’Est Républicain que le dispositif sera incessamment reconduit. « Notre premier objectif est de réduire sensiblement le nombre d’accouchements par césarienne afin de baisser le nombre de décès. Ce n’est un secret pour personne, la majorité des parturientes qui décèdent sont jeunes. Le manque de gynécologues dans les structures publiques a fait que les femmes enceintes ont recours aux cliniques privées. Les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indiquent que le nombre d’accouchements par césarienne ne doit pas dépasser les 15 % de la totalité des accouchements. Or, nous sommes à 60 % dans les cliniques privées. Le pourcentage est moindre dans le secteur public il y existe moins de gynécologues », a renchéri notre interlocuteur qui a souligné que le recours à la césarienne ne doit pas être systématique. Il est à noter que selon des sources concordantes, le nombre de césariennes a été revu à la hausse depuis l’entrée en vigueur de la convention entre les cliniques privées et les caisses d’assurance. En 2022, pas moins de 8.000 femmes présentant une grossesse à haut risque ont été suivies. « En 2018, nous avons enregistré quatorze décès contre 41 en 2017. Cela est dû essentiellement à l’intensification des opérations de formation pour les généralistes et les sages-femmes. La formation et la stabilité des personnels a un grand rôle dans l’amélioration de la prise en charge des femmes enceintes en général et de celles présentant une grossesse à haut risque en particulier », a souligné le représentant de la direction de la Santé. De son côté, la présidente du bureau de Sétif de la société des sages-femmes algériennes, Khadidja Barchi, a tenu à préciser que cette journée a été ponctuée par la présentation de plusieurs communications. Le professeur A. Nechadi du service de médecine interne a présenté une communication intitulée « diabète et grossesse » et le docteur Boukri a fait une présentation sur la dysthyroidie et la grossesse. Quant au professeur Chouali, il a abordé le volet de l’HTA et l’anémie chez la femme enceinte. De son côté, le docteur Dilmi a exposé un travail sur l’apport nutritif chez la femme gestante.
Les gynécologues privés impliqués
Selon certaines indiscrétions, le nouveau Directeur de la Santé et de la Population (DSP) de la wilaya a décidé dernièrement de procéder à la signature de conventions avec des gynécologues privés pour assurer des gardes au CHU Abdennour Saadna et l’Etablissement Hospitalier Spécialisé (EHS) mère et enfant d’El Eulma. Il est à rappeler que lorsque le service de garde n’est pas disponible à El Eulma, les parturientes sont évacuées vers le CHU de Sétif. Et lorsqu’il n’y a pas de médecin de garde dans ce CHU, elles sont acheminées vers l’EPH Bouzidi de Bordj Bou Arreridj. Par ailleurs, s’agissant du plan d’action de 2023, le docteur Rezig a précisé qu’il s’agit aussi de réduire le nombre d’évacuations vers les structures sanitaires des grandes villes. « Les évacuations ne sont pas toujours organisées et n’obéissent pas aux directives et instructions des services compétents. Notre cheval de bataille durant les prochains mois est de former davantage les différents intervenants tout en insistant sur les conditions d’évacuation des parturientes présentant une grossesse à haut risque afin de réduire au maximum les complications et les décès », nous dira le coordinateur du programme. Il est à noter, aussi, que la wilaya de Sétif qui compte près de deux millions d’habitants n’a que onze gynécologues exerçant dans le secteur public, une mission chinoise et un seul médecin privé conventionné avec l’Etablissement Public Hospitalier (EPH) de Béni Ourthilène. Signalons, enfin, que cet événement a été sponsorisée par le laboratoire Green et Bio.
F. Senoussaoui