06/11/2023
Merci monsieur pour vos mots ❤️❤️❤️
Daniel Meurois, écrivain et conférencier
LES BEAUX SENTIMENTS
Il paraît que tout le monde cherche de l'amour, du mieux-être, bref un peu plus de douceur et d'harmonie. C'est possible et je crois même que c'est vrai… Il n'empêche qu'un certain nombre d'entre nous fait régulièrement démonstration d'une bonne dose d'inconséquence et d'illogisme.
Comme tout le monde, il m'arrive évidemment d'écouter la radio et de feuilleter des revues. La rubrique "spectacles" y retient souvent mon attention. Or, la semaine passée, le chroniqueur m'a fait réagir. Et à vrai dire, c'était l'ixième fois depuis le début de l'année.
- « Oui, déclarait-il pompeusement, on pourrait, à la rigueur, aller voir ce film… N'empêche qu'il est fatigant avec tous ses beaux sentiments. Et puis, ses images sont délibérément trop belles… un peu à la "National Geographic". Laissons cela aux amateurs de Disney ! Je vous parlerai plutôt du dernier long-métrage qui nous vient d'outre-atlantique et qui, lui, est un véritable portrait au vitriol… »
- « Fort bien, Monsieur, ai-je aussitôt eu envie de lui répliquer, à chacun ses goûts et sa sensibilité ! Néanmoins, il faudrait que vous m'expliquiez… Est-ce que le beau vous dérange à ce point ? Est-ce que le bon vous incommode ? Qu'est-ce qui vous effraie en eux ? L'idée que l'on puisse avoir une âme ou une conscience en quête d'un horizon différent vous indispose donc réellement ? Si c'est le cas, j'aimerais savoir pourquoi…
Oui, pourquoi faudrait-il, selon vous, détourner le regard dès qu'il est question de donner à notre vie une dimension autre que celle de son agressivité quotidienne ?
Pourquoi faudrait-il briser les ailes des semeurs d'espoir et casser les élans de ceux qui tentent de nous parler d'amour autrement qu'avec des mots de domination, de jalousie et de vengeance?
Si vous avez une réponse honnête et cohérente, j'aimerais vraiment la connaître…
Oh, je sais, vous n'êtes pas le seul à esquisser un sourire narquois et à décocher quelques flèches assassines dès qu'apparaît une œuvre qui nous ensoleille l'horizon. Vous êtes même parfaitement conforme à la mode ! Pas original du tout ! C'est vrai, aujourd'hui, il est plutôt de bon ton, dans certains milieux, de faire l'éloge de ce qui salit et qui tasse vers le bas. Aimer le laid, le violent et le disharmonieux y est devenu une sorte de snobisme. Il paraît que c'est tout simplement plus adulte et plus réaliste que le reste.
Mais le problème, voyez-vous, Monsieur le chroniqueur, c'est que votre profession vous donne une responsabilité. Vous formez des opinions et, au delà de ces opinions, vous façonnez des mentalités. En parlant de votre présent intérieur… - et forcément sans vous en douter - de vos propres peurs, vous semez du futur chez les autres. Et ce futur-là, de quoi aura-t-il l'air?
Quant à moi, sachez-le, je ne suis pas prêt de me lasser du beau ni du bon. Comme beaucoup, et malgré les statistiques, je ne me fatigue pas d'imaginer les perspectives qu'ils pourraient ouvrir à notre monde si on voulait bien leur donner quelques amplificateurs de plus.
Je ne parle pas, bien-sûr, de cette confiture émotionnelle à bon marché dont nos écrans sont si souvent généreux. Ce dont j'ai soif, c'est bien de ces vrais sentiments et de ces grands idéaux par lesquels notre âme se souvient qu'elle existe.
Est-ce que c'est cela que l'on appelle être naïf ou rêveur ?
Après tout, si cela vous fait plaisir, je veux bien accepter de tels qualificatifs car c'est toujours à coup d'espoirs "insensés" et de visions "irraisonnables" que les plus belles choses ont été accomplies.
Alors, je rêve ? Peut-être… Mais le rêve, ne l'oublions jamais, c'est du devenir en état de fabrication…
Daniel Meurois