17/11/2025
À FORCE DE SE TAIRE 😶
Crier, c’était son arme. Pas pour se faire comprendre, mais pour dominer. Pour faire peur. Pour te faire sentir petit·e, idiot·e, coupable. Et toi, tu te taisais. Pas parce que tu n’avais rien à dire. Mais parce qu’à chaque tentative, tu te faisais pulvériser. Parce qu’un mot de travers suffisait pour déclencher l’orage. Parce que tu as compris que dans cette “relation”, ta voix n’avait jamais été la bienvenue.
Tu t’es tu pour éviter le pire. Pour ne pas attiser la colère. Pour préserver un semblant de calme. Mais en vérité, tu n’as pas évité le conflit. Tu l’as juste encaissé. Tu l’as pris dans les tripes, dans le cœur, dans la gorge. Et tu t’es effacé·e un peu plus chaque fois. Parce que quand quelqu’un te hurle dessus jour après jour, tu ne t’éloignes pas seulement de cette personne. Tu t’éloignes aussi de toi-même.
T’as fini par croire que ton silence était noble. Que t’étais fort·e de ne pas répondre. Mais c’est faux. Ce n’était pas du courage, c’était de l’usure. Le genre de fatigue qui te fait oublier ce que tu vaux. Parce qu’à force de se faire écraser, on finit par ramper sans même s’en rendre compte. Tu ne t’es pas protégé·e, tu t’es trahi·e. Tu t’es laissé·e convaincre que ton calme valait moins que sa fureur.
Et pendant qu’il ou elle hurlait, toi tu te taisais. Tu encaissais les humiliations, les mots qui blessent, les gestes qui dépassent, les regards qui écrasent. Et personne ne le voyait. Parce que tu faisais en sorte que ça ne paraisse pas. Parce que tu voulais juste que ça passe. Mais la vérité, c’est que tu crèves à petit feu quand on t’agresse verbalement et que tu dois rester digne pendant que l’autre pète un câble.
Ce genre de personne, elle ne veut pas parler. Elle veut gagner. Elle ne veut pas entendre. Elle veut avoir raison. Et si tu continues à te taire, tu valides ça. Tu valides l’inacceptable. Tu légitimes cette violence qu’on ne voit pas toujours de l’extérieur, mais qui laisse des bleus à l’intérieur. Tu crois que tu tiens bon. Mais tu t’éteins. Tu crois que tu laisses couler. Mais c’est toi que tu laisses couler.
Et un jour, t’es juste plus là. T’as le regard vide. Le cœur en veille. La voix enterrée. T’es devenu·e une version effacée de toi-même. Et ce jour-là, même s’il ou elle continue de crier… il n’y a plus personne en face. Parce que ton silence, il a fini par t’emporter. Et personne ne t’a entendu partir.
À force de se taire, on disparaît. Pas d’un coup. Mais lentement. Et c’est souvent ce que le bourreau voulait depuis le début : ton silence. Ta soumission. Ta disparition. Maintenant, il ne tient qu’à toi de revenir. Et pour ça, il va falloir briser quelque chose : pas toi… le silence.
© Francis Machabée
PS :
Regarde dans les commentaires, j’ai mis un outil pour t’aider à reprendre ton pouvoir.