18/10/2025
SPONDYLARTHRITES
Les dernières avancées dans la spondylarthrite ankylosante.
Aujourd’hui, on regroupe sur le terme de spondylarthrite un ensemble de rhumatismes inflammatoires chroniques qui ont des caractéristiques communes.
Je vous propose de nous intéresser dans un premier temps, à la spondylarthrite ankylosante (SPA).
Comme nous l’avons dit, il s’agit d’un rhumatisme inflammatoire qui touche principalement les articulations de la région lombaire et du bassin, et qui affecte essentiellement le jeune adulte.
Suivant les cas, elle peut évoluer rapidement détruisant les articulations et aboutissant progressivement à une ankylose d’où son nom.
Les principaux mécanismes physiopathologiques mis en cause.
_ On retrouve une prédisposition génétique avec la présence du HLA B27 dans 60 à 90 % des personnes atteintes de SPA.
Il faut savoir que sa présence ne suffit pas à déclencher la maladie puisqu’on retrouve ce gène chez 7 % des sujets sains.
Autrement dit ce n’est pas parce que on a le HLA B27 qu’on va forcément contracter la maladie.
_ Il existe un dysfonctionnement de l’immunité avec une activation anormale du système immunitaire inné et adaptatif (activation excessive des lymphocytes Th17, une production accrue de cytokines pro inflammatoires comme le TNF alpha l’Interleukine 17, l’interleukine 23 …).
La coexistence avec d’autres pathologies inflammatoires extra articulaires comme le psoriasis, les MICI càd. les maladies inflammatoires chroniques de l‘intestin comme le Crohn ou la RCH, l‘uvéite antérieure aiguë … témoigne de ce dérèglement immunitaire.
_ 3ème mécanisme et non des moindres: La présence d’une dysbiose intestinale globale.
On observe en effet, une réduction globale de la diversité bactérienne avec une modification du rapport Firmicutes/Bacteroidetes, souvent au profit des Bacteroidetes.
Simultanément, il existe une raréfaction de certaines familles microbiennes protectrices ( productrices de butyrate …) et une forte proportion de bactéries pro inflammatoires avec une altération de la tolérance immunitaire intestinale et une activation chronique du système immunitaire.
Parmi les bactéries inflammatoires on retrouve une augmentation de Ruminococcus gnavus, de Escherichia coli, de Klebsiella pneumoniae, de Prevotella copri …
Parallèlement, on assiste à une diminution des bactéries protectrices, comme Faecalibacterium prausnitzii, Bifidobacterium spp., Akkermansia muciniphila, Roseburia spp. …
Le rôle pathogène de cette dysbiose va entraîner une augmentation de la perméabilité intestinale, une activation de la voie IL 23/IL 17, une stimulation du système immunitaire muqueux puis systémique, déclenchant une inflammation d‘abord articulaire puis extra-articulaire.
On peut affirmer aujourd’hui dans la spondylarthrite ankylosante que le gène HLA B 27 influence la composition du Microbiote.
Il y a donc une interaction évidente entre génétique et Microbiote.
Les objectifs de la recherche résident
à comprendre l’origine de la maladie pour mieux la traiter
De nombreuses équipes travaillent sur le rôle du microbiote intestinal dans les spondylarthrites.
Les chercheurs ont remarqué que la dysbiose disparaît lorsque la spondylarthrite n’est pas active.
D’autre part la sévérité de la dysbiose est directement corréler avec la surabondance de la bactérie inflammatoire Ruminococcus gnavus.
Ceci nous amène à réfléchir sur les pistes pour corriger la dysbiose afin d’améliorer les spondylarthrite .
L’hypothèse est donc qu’une dysbiose qui favoriserait la présence de Ruminococcus gnavus pourrait engendrer des maladies inflammatoires articulaire dont les spondylarthrite sur un terrain génétiquement prédisposé HLA B 27.
Les axes thérapeutiques visent à corriger la dysbiose et l’inflammation:
1_ L‘alimentation:
On sait maintenant que l’alimentation influence fortement la composition du microbiote et donc l’inflammation.
Modifier son régime alimentaire permettrait donc d’améliorer la dysbiose.
« Le régime méditerranéen », par ses effets anti-inflammatoires, sa richesse en fibres (légumes fruits, légumineuses) et huile d’olive, poisson gras améliore la diversité microbienne.
À l’inverse la consommation d’aliments ultra-transformés pourrait avoir des effets négatifs.
Par conséquent, il est logique de réduire les aliments pro inflammatoires comme les sucres raffinés, les graisses saturées, l’excès de viande rouge et bien sûr les aliments ultra-transformés.
Augmenter les graisses anti-inflammatoires : huile d’olive, noix, poisson, gras…
Favoriser les aliments fermentés : yaourt nature, kéfir, choucroute, kimchi, miso (modérément).
2_Les probiotiques
Les probiotiques visent à restaurer une flore bénéfique, à réduire l’hyper perméabilité intestinale et donc de diminuer l’inflammation.
Les souches de probiotiqies les plus étudiées dans les maladies inflammatoires chroniques (et parfois dans la SPA) sont :
• Lactobacillus rhamnosus GG
• Bifidobacterium longum
• Lactobacillus plantarum
• Bifidobacterium breve
• Akkermansia muciniphila Faecalibacterium prausnitzii.
La restauration des bactéries clés comme Akkermansia muciniphila et Faecalibacterium prausnitzii semble très prometteuse.
3_ Prébiotiques
Les prébiotiques (fibres fermentescibles, inuline, FOS, GOS) favorisent la croissance des bactéries bénéfiques (ex. Bifidobacterium, Faecalibacterium prausnitzii).
Ils augmentent la production d’acides gras à chaîne courte (butyrate, propionate), ayant des effets anti-inflammatoires et régulateurs de l’immunité.
4_ Les postbiotiques et métabolites
Certains composés issus du microbiote (comme le butyrate, produit par Faecalibacterium prausnitzii) modulent directement l’immunité et la barrière intestinale.
Des suppléments de butyrate ou de métabolites dérivés de probiotiques sont à l’étude pour corriger la dysbiose dans la SPA.
5._Autres interventions
• Antibiotiques ciblés : parfois testés expérimentalement pour réduire les bactéries pro-inflammatoires (comme Klebsiella), mais pas recommandés à long terme.
• Transplantation de microbiote fécal (TMF) : en recherche, avec des résultats encourageants dans d’autres maladies auto-immunes (Crohn, RCH).
• Activité physique régulière et réduction du stress, qui influencent aussi la diversité microbienne et l‘hyper perméabilité intestinale.
En conclusion, corriger la dysbiose dans la SPA passe par :
1. Une alimentation anti-inflammatoire et riche en fibres.
2. L’usage raisonné de probiotiques et prébiotiques.
3. La restauration des bactéries clés comme Akkermansia muciniphila et Faecalibacterium prausnitzii.
4. Un mode de vie favorable à l’équilibre intestinal avec surtout réduction du stress.
Je tenais à traiter ce sujet car je reçois au cabinet de nombreux patients atteints de SPA.
Avec la mise en place d’un régime de type méditerranéen, anti-inflammatoire ainsi qu’une amélioration de l’hyper perméabilité, de la dysbiose et de l‘inflammation, on peut espérer une réduction avec un espacement des crises et sur le long terme une stabilisation de l’évolution.
La médecine avance à grands pas dans ce domaine et les résultats sont très encourageants.
Si ce sujet vous a intéressé, merci de le partager au plus grand nombre afin de sensibiliser les patients avec une autre approche de cette maladie.