
19/09/2025
Il est des vies que l’on confond.�La vie, dit-on, c’est l’agitation des hommes :�les voix qui s’entrecroisent,�les tramways qui scandent les heures,�les journaux froissés, les sourires volés,�les rires clairs échappés des terrasses.
Mais il est une autre vie.�Celle que l’on entend lorsqu’on s’arrête vraiment.�Le chant d’un oiseau qui réaccorde notre biochimie,�l’insecte qui célèbre son instant d’éternité,�la plante qui s’invente en silence —�fleurir, mûrir, se défendre, s’offrir.�Un parfum de terre humide,�un ruisseau qui chuchote au bois voisin.
Deux formes de vie, deux nourritures.�L’une appelle le calme, l’oisiveté, la contemplation.�L’autre la surprise, la rencontre, la créativité.�Et pourtant, notre monde moderne�les sépare comme deux rivales.
Nous avons besoin des deux.�Besoin de silence et besoin de parole,�besoin de racines et besoin de foule.�Besoin d’être seuls, et ensemble.
L’art est peut-être là :�apprendre à élargir notre attention,�à recueillir ce qui se donne,�à honorer ces contrastes�sans chercher à les résoudre.
Car la Vie — la vraie —�n’est ni dans la campagne ni dans la ville.�Elle est dans la qualité de notre regard.