09/02/2025
« J’apprenais que la poésie est un acte, une incantation, un ba**er de paix, une médecine.
J’apprenais que la poésie est une des rares, très rares choses au monde qui puissent l’emporter sur le froid et sur la haine. On ne m’avait pas appris cela »
Jacques Lusseyran
Il était une fois,
au cœur de l’hiver,
un froid.
Un grand froid,
Glaçant de brise gémissante,
Brûlant de gelée enkylosante.
C’était un froid
Que ni vous ni moi
N’aurions voulu connaître,
Et pourtant,
Il était là
Et tardait à disparaître,
S’accrochant au moindre courant
Venu du Nord ou de l’Ouest.
Il se faufilait partout,
Entre les doigts,
Sous les bas de manteaux,
Au travers des cols roulés et enroulés,
Rien ne lui résistait…
Et si par malheur
En s’infiltrant à l’intérieur de vous,
Jusque dans vos fibres ou vos humeurs.
Il réussissait à s’installer et à s’incruster,
C’est qu’il avait rencontré chez vous
Un de ses meilleurs acolytes.
Un acolyte ? À l’intérieur de moi ?
Vous plaisantez ? me direz-vous.
Hélas, cela arrive parfois.
À la faveur d’un oubli, d’un défi,
D’une épreuve de vie,
D’un heurt ou d’une erreur,
Où nos capacités n’ont pas suffi,
Une trace comme une empreinte
Reste là tapie dans l’attente
Que son compère froid surgisse
Et lui donne à nouveau son ampleur
Rugissante de muette douleur.
Ne reste qu’alors
à accueillir le silence,
Le regard qui se fige,
Le geste qui se crispe,
Simplement leur laisser la place
D'être entendus
D'être vus
D’être caressés
Par le souffle qui réchauffe,
La présence qui entoure,
La voix qui soutient.
Et le mouvement revient,
Puis le printemps advient.
C’était un froid
Qui, passant par là,
De vieux émois
Avait ravivés.
Et de vous à moi,
Je dois vous l’avouer,
Qu’ils soient partis,
Ensemble,
Clopin-clopan,
Bras dessus, bras dessous,
Ou bien cahin- caha
Me met le cœur en joie.
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