
20/08/2025
Allongé sur mon transat, j'observe le bleu du ciel. Un éclat lumineux et sombre à la fois, puissant, une profondeur infinie. Quelques oiseaux traversent l'espace au-dessus, des virgules fugitives zébrant l'air dans un piaillement discret. Au loin, le bourdonnement de la ville, des routes, de la circulation. La vie s'active partout autour et je reste figé sur ma chaise, immobile et absorbé par la contemplation d'une couleur dans toutes ses dimensions. Le jour, les étoiles disparaissent, elles s'effacent et reviendront ce soir. Un peu comme tout du reste. Eternel recommencement.
Là-Haut, passent des avions. On distingue leur fuselage, le orange qui habille la queue. Une traînée nuageuse les suit qui se fond dans le bleu laiteux. Je pense aux passagers, surtout à ceux qui regardent par le hublot. Ont-ils vu mon village ? Des allemands, norvégiens, anglais, des français peut-être... Des vacanciers pour la plupart. Parfois de lourds aéronefs propulsés par leurs quadrimoteurs, fiers, intercontinentaux, ils appartiennent à la caste des grands voyageurs, emportant à leur bord des destins, des familles, des cadres pressés. Je fus l'un d'entre eux, il y a bien longtemps. Je me souviens qu'à l'époque, je profitais de chaque vol pour garder la tête plongée dans mes carnets, écrivant ce que j'avais vu en bas.
Aujourd'hui c'est l'inverse. Je profite d'avoir les pieds sur terre pour garder la tête en l'air et écrire ce qui se joue, là-haut. Mes seuls voyages relient mes pensées, comme un pont entre plusieurs idées, de délicates passerelles, de petits bonds à coups de lettres déposées sur le papier. Des pas qui se suivent, patiemment, plus urgemment parfois. Un long voyage sans fin... sans doute... Si, beaucoup de doutes.
Pour LaoTseu, "un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas". Beaucoup croient encore qu'il parlait d'un voyage dans mille "lieux", pour ma part, je consacre maintenant tout mon temps et mon énergie à ce pas unique, ce petit pas, forcément le premier de tous ceux qui suivront.
Voyager sur un transat. Quelle folie ! Et pourtant, voyager toujours... éternel recommencement, pas après pas.