HYPNOSE CONVERSATIONNELLE
Comment définir l’hypnose conversationnelle ? Si on explique le terme hypnose non comme un « état modifié de conscience » mais comme un « état différent de conscience », la tâche sera plus facile et correspondra mieux à la réalité de l’hypnose. La deuxième question qui se pose est : Comment est-il possible d’amener quelqu’un à évoluer vers ce qu’il souhaite en « provoquan
t » un « état différent » que l’on assimile à l’hypnose ? Etat de conscience différent
L’expression d’ « état différent de conscience » vient de François Roustang qui s’est insurgé contre l’expression d’ « état modifié de conscience » assimilé à l’hypnose. François Roustang, souhaite rendre compte que l’hypnose n’est rien d’autre qu’un état ou des états parmi tous les états différents de conscience que nous pouvons éprouver. C’est grâce aux multiples états de conscience que notre vie psychique et émotionnelle est si riche. Les oscillations mentales sont inhérentes à l’être humain. En effet, plusieurs états de conscience traversent notre quotidien jusqu’à entretenir, quelques fois, avec notre réalité, des vécus mystérieux et impressionnants. Hypnose conversationnelle
L’hypnose conversationnelle peut être alors définit comme un art de la communication stratégique qui permet d’aborder des états propices au changement. Le praticien utilise, de surcroit, des principes et des outils couramment utilisés en hypnose formelle (suggestions indirectes, présupposés, métaphores, confusion injonctions paradoxale…). On pourrait synthétiser le processus et la dynamique selon les propositions d’Erickson et de Rossi de la manière suivante :
1/ Fixation de l'attention : Au-delà de la fixation visuelle traditionnelle, c'est le monde intérieur du patient qui va être utilisé pour absorber son attention. C’est, ici, aussi qu’intervient (déjà initié dès les premières minutes de la rencontre) la qualité d’ « accroche » relationnelle de l’opérateur. Son attitude verbale et non verbale est la clef principale de la mise en route du processus.
2/ Dépotentialisation de la conscience et des systèmes de croyance habituels : Distractions, choc, surprise, doute, confusion, dissociation ou autre processus qui détache le sujet de son cadre de référence habituel.
3/ Mise en route d'une recherche inconsciente : par l’intermédiaire d’insinuations, présuppositions, questions, allusions, toutes les formes de suggestions indirectes, et tout particulièrement, utilisation de métaphores.
4/ Processus inconscient : c'est ce qui se passe dans la "boite noire" appelée inconscient : activation des associations personnelles de l’individu et de ses mécanismes mentaux. Le réservoir de ressource, d’apprentissages et de créativité est sollicité.
5/ Réponses : insight, hapax existentiel, sérendipité, comportements vécus comme automatiques, involontaires qui comprennent des phénomènes hypnotiques classiques lors d’une séance d’hypnose formelle mais qui se rencontre de manière plus modéré dans la forme (catalepsie, régression en âge, hallucinations et modifications sensorielles, distorsion du temps, modifications mnésiques, suggestions post-hypnotiques, signaling), ainsi que la réponse « thérapeutique » ou existentielle elle-même. L’hypnose conversationnelle, un art du dialogue et une question de posture
Tout entretien, tout dialogue se joue par le biais de la rhétorique. La rhétorique peut être considérée, ici, comme un medium de la communication, c’est la capacité d'ajuster pour chacun ses représentations aux représentations d'autrui et la capacité d’orienter l’interlocuteur vers ce qu’il souhaite (dans le cadre du travail d’accompagnement thérapeutique, de coaching ou de relation d’aide). La rhétorique est la conscience de la puissance et de l’impact du langage, c’est l’art par excellence de la communication stratégique. L’hypnose conversationnelle est donc un art du dialogue très sophistiqué, très stratégique mais pas seulement. Le très bon technicien ou stratège peut manquer la qualité principale et incontournable qui est celle de la disponibilité ou disposition psychique. C’est-à-dire une disposition intérieure ou une qualité d’être-au-monde qui comprend : la liberté de l’esprit soit une capacité d’ouverture à tous les possibles, l’intelligence culturelle, riche de réflexion, la bienveillance (mais non l’épanchement émotionnel altruiste dégoulinant !), la disponibilité d’accueil du monde de l’interlocuteur, une qualité relationnelle sécurisante, forte et positive. Tous ces dispositions ou prédispositions sont palpables dans le verbal, le non verbal et le paraverbal qui se maintiennent seulement depuis une attitude authentique puissante et manifeste parce qu’invisible ! Si l’hypnose n’est pas un état « modifié » de conscience mais un état « différent » de conscience, alors l’état hypnotique devient celui depuis lequel quelque chose d’autre est possible. Cet état est inhérent à l’être humain, il est commun à la veille paradoxale, la rêverie, l’absorption… C’est une vacance de la conscience du quotidien qui permet un saut, une déterritorialisation, un déplacement, vers un état de conscience favorable au changement et à l’évolution. L’utilisation d’outils de communication spécifiques liés à la rhétorique hypnotique et à l’art de la communication va faire entrer le patient dans un état différent de conscience propice au changement. En d’autres termes, il va commencer à percevoir autrement son monde. L’hypnose conversationnelle : Pour qui ? Pour quoi faire ? L’hypnose conversationnelle peut se révéler utiles dans divers domaines de développement personnel et thérapeutique. L’hypnopraticien, le coach ou tout autre acteur du monde de la conduite au changement pourra y trouver des outils, des stratégies facilitant l’accompagnement de la personne pour atteindre son objectif. Les rhéteurs, les juristes, affineront et enrichiront leur aptitude et compréhension des mécanismes de la communication ainsi que de la « puissance » des structures verbales et non verbales ; l’enseignant apprendra à rendre sa communication efficace et motivante, les professionnels du monde médical découvriront une autre dimension de l’impact de la communication avec leur patient. Les chefs d’entreprise et managers affineront la qualité et l’efficacité de leurs relations avec leurs interlocuteurs. Enfin pour tous, l’hypnose conversationnelle est une compétence qui rend l’argumentation efficace, qui permet de mieux « lire » son interlocuteur et en outre de décrypter les techniques des influences et manipulations sociales. Contenu de la formation en hypnose conversationnelle
Introduction : l’hypnose sans hypnose
L’hypnose, un état différent de conscience
Hypnose sans hypnose comment et pourquoi ? La dynamique évolutive du processus de changement
Comment et quoi observer, écouter et utiliser ? L’art de la communication
L’écoute phénoménologique
L’observation de Scherlock Holmes
La communication ericksonienne
La posture roustanienne
Le langage verbal, paraverbal et non verbal
La systémique
L’herméneutique des comportements, le décodage des comportements et des stratégies mentales, les biais cognitifs, les métaprogrammes…
Comment dire ? La rhétorique hypnotique, présupposés, suggestions indirectes, simples liens et double liens, yes set, no set, etc. La rhétorique des anciens et des modernes
Le méta-modèle de la PNL
Le dialogue stratégique selon le modèle du MRI de Giorgio Nardone
Le dialogue maïeutique ou socratique
Les métaphores et les histoires encastrées
Les recadrages conversationnels
L’art de la métaphore
L’art de connaître (culture générale)
Comment faire ?
« La comédia dell’arte » jeux de rôle (regards, voix, posture, gestion de l’espace…)
L’accompagnement non directif
La disposition interne du praticien
Amener aux décalages de la conscience et des schémas cristallisés et limitants par la surprise, du suspens, de l’intérêt, de l’étonnement, l’ennui, la curiosité, la colère, la provocation, la frustration, etc.