22/09/2025
J’ai entrepris un parcours de formation approfondie de cinq années au sein de l’Institut de psychanalyse de Béziers, où il ne s’agissait pas seulement d’accumuler des connaissances théoriques, mais de s’initier à une véritable discipline de l’esprit. La psychanalyse, en effet, ne peut être réduite à un savoir académique : elle requiert que le sujet en formation s’expose lui-même à l’expérience de l’inconscient.
C’est pourquoi ce cursus s’est articulé autour de deux dimensions essentielles. La première, théorique, consistait en l’étude systématique des concepts fondamentaux élaborés par Freud et ses successeurs : le fonctionnement des instances psychiques, les mécanismes de défense, les processus de transfert et de contre-transfert, ainsi que les apports cliniques contemporains. Cette immersion intellectuelle avait pour but de construire une ossature conceptuelle solide, à partir de laquelle l’élaboration clinique peut s’exercer.
La seconde dimension, et la plus décisive, fut la cure didactique menée sous la conduite d’un psychanalyste expérimenté. Freud n’a cessé de rappeler qu’aucun praticien ne saurait prétendre accompagner l’inconscient d’autrui s’il n’a pas lui-même traversé l’épreuve de sa propre analyse. « Là où était le Ça, le Moi doit advenir » (Nouvelles conférences sur la psychanalyse, 1933, p. 81) : c’est dans l’espace de cette cure que s’opère ce remaniement, permettant au futur analyste de reconnaître ses propres résistances, d’éprouver le transfert, et de saisir dans sa chair la logique du refoulement et de son retour.
Ainsi, cette formation ne fut pas seulement un apprentissage, mais une transformation subjective. Elle m’a permis d’éprouver que la psychanalyse n’est pas une doctrine que l’on applique, mais une pratique vivante qui engage l’être tout entier. C’est dans ce double mouvement — intériorisation théorique et traversée personnelle — que s’est fondée ma légitimité à exercer la pratique analytique.