04/06/2024
AU BORD DU...
7 ans plus t**d, cette période d'université touchait à sa fin.
Maintenant c'était temps de faire un choix : finir le Droit ou finir les Beaux-Arts.
J'ai décidé de finir le Droit, remplir le contrat avec mon père et me libérer. Je me suis enfermée pendant l'année suivante avec mes gros bouquins et j'ai obtenu ce diplôme. Cela a été éprouvant parce que ces bouquins étaient nombreux et vraiment très gros !! j'ai sacrifié mes dessins, mes sorties mais je l'ai eu.
Cela m'a libéré certe, mais une fois finis les examens, je me suis sentie au bord de la falaise devant un immense vide. J'étais maintenant livrée à moi même... pas question toujours pour moi de travailler sans passion engloutie dans des papiers de loi dans un bureau juste pour l'argent... et même si j'avais commencé à exposer, je n'arrivais pas à me projeter dans une vie d'artiste que je fantasmais enfermée dans mon atelier puis de toutes façons, il fallait travailler à coté, la majorité de mes potes sont partis travailler à la télé, pas envie non plus...
à vraie dire, j'avais la trouille du monde des grands, je n'avais jamais travaillé, cette chance d'être soutenue à fond par mes parents, était en réalité une surprotection, petit piège... j'avais l'impression d'être de plus en plus décalée et pas envie de m'adapter non plus... je me sentais pompée à nouveau...
L'image d'une vraie naissance me prends, imaginez l'embryon dans le ventre maternel, pendant des longs mois il nage dans ces eaux chaudes, il est surement aux anges, petit à petit il commence à se sentir à l'étroit et arrivé le jour J, ce cocon d'amour devient oppressant... soit il sort soit il meurt... naître c'est une question de vie ou de mort !!! WOW !! j'ai les poils qui s'hérissent rien que de le penser... nous avons tous vécu cela, en fait, nous sommes tous des héros !!! c'est dingue... comment par la suite on oublie notre puissance, notre courage.
Non ce n'est pas cela, en fait « ce personnage » qui doute, qui pense, qui a peur n'est pas encore là à la naissance, le bebe est encore l'incarnation de la pure pulsion de VIE, ce beau être ne peux pas encore se poser des questions :
"est ce que c'est vraiment le moment, la ? Non vraiment, je ne peux pas croire comment on est arrivé là, pourtant c'était parfait, j'ai été tellement heureux ici, je ne peux pas partir, je ne veux pas partir, en plus, je ne sais pas comment c'est dehors, peut-être que je ne vais pas me plaire, qui sais, peut-être que ça va être difficile et horrible même, et si je les plaît pas, et qu'ils ne vont plus m'aimer ? Qu'est ce que je vais devenir... je vais être tout seul, je vais mourir !!!!"
Ça a l'air ridicule vu comme ça, non?
Alors que c'est cela qu'on fait souvent dans notre monde des grands bien adaptés, quand la peur de l'inconnu nous terrorise et nous mène à sacrifier nos rêves en vue d'une sécurité illusoire qui nous assèche même des fois jusqu'à nous transformer en morts vivants...
Mais cette peur de l'inconnu est très archaïque, en réalité elle est annonciatrice d'une naissance imminente..., en réalité elle est une bénédiction, elle est là pour nous protéger, elle nous demande juste de ralentir pour nous sentir, pour bien goûter l'heureux événement...
vous savez, cette histoire qu'on nous a raconté que la femme doit accoucher dans la souffrance ce n'est qu'une abérration, il y a des femmes qui accouchent dans le plaissir plus extatique, ça existe oui!!! mais cela se trouve au-delà de la peur.... là dans l'immense espace des possibles, de la création f***e...
Non, je n'ai pas perdu la tête, malgré tout cela, la vie pulse dedans et le saut s'annonce malgré la peur, que je connais tellement bien...
La vie c'est expansion, chaque expérience se présente pour nous préparer à la suivante. La vie c'est une succession de naissances, de passages..