21/11/2025
Une publication récente apporte un éclairage intéressant.
Non pas parce qu’elle “prouve” que l’ostéopathie est la solution miracle à la lombalgie, mais parce qu’elle analyse, comment une séance de manipulations lombaires influence réellement l’utilisation ultérieure des soins médicaux.
Voici comment l’étude a été menée et pourquoi elle mérite d’être intégrée au débat.
🔵 1. Une étude basée sur plus de 11 000 parcours réels
Les auteurs n’ont pas interrogé les patients.
Ils ont analysé des données d’assurance santé : imagerie, chirurgie, urgences, prescriptions, injections.
Ce sont des actes réellement facturés, datés et tracés.
Ce type de données limite plusieurs biais classiques : pas de déclarations subjectives, pas d’oublis, pas d’auto-évaluations.
Dans un débat centré sur les coûts et la pertinence des soins, ce type de données est particulièrement pertinent.
🔵 2. Une comparaison rigoureuse entre patients exposés et non exposés
L’étude compare deux groupes :
• patients ayant reçu une manipulation lombaire
• patients n’en ayant pas reçu
Mais l’intérêt de cette étude n’est pas la comparaison brute.
Les auteurs ont éliminé les biais majeurs grâce à une méthode statistique robuste : le « propensity score matching ».
🔵 3. Comment les biais ont été éliminés
Chaque patient manipulé a été apparié à un patient identique n’ayant pas reçu de manipulation, selon plusieurs critères :
• âge
• sexe
• gravité estimée de la lombalgie
• comorbidités
• niveau de risque médical global
• nombre de jours avec actes facturés
• contexte du soin (ambulatoire, urgence)
Cet appariement crée deux groupes comparables au départ, ce qui permet d’isoler l’effet potentiel de l’acte manuel sur la suite du parcours.
C’est un point essentiel : l’étude évite ainsi l’argument selon lequel les patients manipulés seraient simplement “moins graves”.
🔵 4. Des critères d’évaluation objectifs et vérifiables
L’étude ne s’appuie pas sur la douleur ou sur le ressenti du patient.
Elle analyse uniquement des événements objectifs : imagerie, chirurgie, urgences, injections, prescriptions d’opioïdes.
Ce sont précisément les événements qui pèsent le plus lourd dans les dépenses de santé.
🔵 5. Les limites à connaître
Pour rester rigoureux, il faut également souligner les limites :
• L’étude est américaine, dans un système d’assurance très différent de la France.
• Les praticiens manipulant sont majoritairement des chiropracteurs, pas des ostéopathes européens.
• Le recours aux opioïdes, à l’imagerie ou aux urgences n’a rien à voir avec le système français.
• Comme toute étude observationnelle, elle montre une association et non une causalité absolue.
Elle n’est donc pas une preuve définitive, mais elle représente l’une des analyses les plus solides disponibles sur l’impact réel d’un acte manuel dans le parcours de soins.
https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10769084/