24/11/2025
Bonjour à toutes et à tous,
Comme chaque fin de mois un mot du moi pour soi 🥰. En effet, derrière chaque mot se cache un monde mais aussi beaucoup de fausses représentations. Et qui dit mauvaises représentations du monde dit mauvaises actions. Ce mois-ci : Bienveillance 🤔
👉 Le week-end dernier j’étais pris d’une humeur bienveillante 😇 et était bien décidé à en faire profiter quiconque s’approcherait de moi. J’ai donc traversé ma rue pour apporter, à ma voisine, un peu de ce magnifique rôti 🥘du jour cuisiné aux trompettes, et à mon voisin un morceau de ce pain cuit 🥖dans mon four le matin même. Bienveillance culinaire. Une fois levé (c’est-à-dire après midi pour des ados) je décidai de faire profiter à mes enfants ce cette bienveillance matinale, des câlins en veux-tu en voilà 🥰 et je décidai même d’aider mon fils dans ses exos de math (une gageure pour un psy !). Bienveillance familiale. Enfin, je terminai cette matinée en décidant, par pure bienveillance, de soulager ma femme dans ses tâches ménagères 🧹 (attendez avant d’hurler ;-). Bienveillance maritale.
👉 Mais en fait, étais-je bien sûr d’avoir été bien veillant ? Rien n’est moins sûr.
👉 Et pour cause, ma voisine est végan, mon voisin allergique au gluten 😵💫. Mes filles pas très fans du contact physique de bon matin et que dire de mon fils… j’ai fait l’exo de math à sa place ! 😵💫😵💫 Quant à ma femme…vous avez bien fait d’attendre avant d’hurler (vous êtes tout de même 95% de lectrices) … suis-je bienveillant en la soulageant de ses tâches ménagères ? 😵💫😵💫😵💫Non je prends juste ma part.
🔸 Quand l’enfer bienveillance se pave de bonnes intentions
Ahhh la bienveillance, la pauvre, on la sert à toute les sauces, elle dégouline dans tant de post insta’ dans tant de séminaires RSE, QVCT, FCPE, tant de discours parentaux qu’on en perdrait le sens. Bienveillante avec les uns, bienveillant avec les autres, bienveillante avec soi.
🤜 Bon vous l’avez compris, je n’ai pas une opinion très positive, non pas du mot, mais de la façon dont on la détourne totalement de son sens premier. Raison de plus pour en faire un mot du mois !
🔸 Veillons au bien, vraiment.
Alors c’est quoi la bienveillance ? Du latin benevolentia « disposition favorable envers qqn autrement dit « Une affection qui vous porte à désirer le bonheur de notre prochain »
👉 Jusque-là tout va bien et tant mieux !
En effet, si tout le monde avait pour projet de désirer le bonheur de son prochain, le monde se porterait bien mieux ; Or, le bonheur des uns ne fait pas le bonheur des autres car, derrière cette bienveillance, se cache une forme d’égoïsme.
😡😨😱 Mais comment ça ! Vous exclamez-vous peut être, ou pas. Moi je ne veux que le bonheur de mes salariés, de mes enfants, de ma femme, et ne pense qu’à eux ! Vraiment ? et si derrière ce désir se cachait, comme une forme d’égoïsme ? Aie, je sais ça pique.
🔸 Quand leur bien est en fait le nôtre
Bon précisons que, de toutes les façons, vouloir le bien c’est égoïste. C’est important pour qui de faire le bien à sa femme, ses gamins, son chien? Pour nous. C’est donc un acte autoréférencé (relatif à l’ego, soi-même)🤔. Et il ne peut en être autrement puisque nous sommes les auteurs, les initiateurs de ce bien ! À une différence près, et non des moindres, le bien de qui ?
👉 Ainsi, à l’approche de Noel et l’avalanche de cadeaux 🎁🎁🎁 bienveillants qui se prépare, ils se dit qu’un vrai cadeau c’est offrir quelque chose qu’on n’aime pas. Vouloir le bien indépendamment du sien. Bien souvent (et ne croyez pas que j’en sois exempt) on pense le bien à partir de soi, voire on tenterait bien d’imposer le sien (petit message à ma famille, non, cette année, je ne mangerai toujours pas de cardons 🤢).
La bienveillance s’impose d’abord comme le bien de l’autre mais parfois à trop vouloir le bien on en fait du mal. De bienfaiteur on passe à bienfauteur.
🔸 Bien mal à qui ?
En effet, tout comme lors de cette furie bienveillante du week end dernier, j’ai bien été malveillant sans en avoir l’intention 😇, l’enfer se pavant souvent de bonnes intentions. J’ai ainsi compris pourquoi le rejet de mes gamins et la tronche en biais de mes voisins ainsi que de ma femme. Les ingrats ! Les ingrats ?
👉 La malveillance est ainsi « Une affection qui vous porte à désirer le malheur de notre prochain » 😡. Lorsque je nourris la ferme intention de faire manger ce savoureux pains multicéréales à mon voisin allergique je ne lui veux pas du mal mais le résultat est bien là 😔: ça ne lui fait pas du bien. Pour la troisième fois j’en ai oublié son allergie et mon voisin culpabiliserait presque de me voir déçu qu’il refuse mon bon pain, et ma femme m’en filerait bien un.
🔸Le bien est relatif, le mal aussi.
👉 C’est souvent ce qui peut se passer dans les entreprises lorsqu’on installe le fameux babyfoot pour soutenir le bien-être au travail en complète contradiction avec des méthodes managériales malveillantes. J’ai encore eu, le semaine dernière, l’occasion d’assister à une intervention d’une coach en entreprise parlant de bien-être au travail sans manifestement être allée poser la question aux salariés ce qu’était leur bien. Non, avoir un ordi mis à jour n’est pas un déterminant du bien être lorsque parallèlement les horaires et les conditions sont désastreuses.
👉 C’est ce qui se passe dans les idéologies de parentalité dégoulinant sur les réseaux sans aucune référence scientifique et encore moins de référence aux enfants eux mêmes (pour info une convention citoyenne de personnes tirées au sort a réfléchi aux rythmes scolaires…. et seulement 20 gamins sur les 130 dans l’assemblée).
👉 Et ne me parlez pas de bien-être étudiant. Non, leur refiler des lapins en amphi contre stress (une des news que j’avais relayée l’année dernière) n’est pas bienveillant en soi quand les conditions de travail et de sélections sont aussi ignobles expliquant ce stress. Une claque, un bisou bienveillant ?
🔸 Alors c’est quoi être veillant du bien de l’autre ET de soi-même ?
Nous venons de le voir, on pense souvent à partir de sa conception du bonheur pour le plaquer sur ce qu’on pense du bonheur de l’autre. Précisons que c’est tout à fait normal et surtout économique en psychologie.
👉 En effet, penser qu’on a tous les mêmes bonheurs renforce chez nous le sentiment d’appartenance. Manger, boire, chanter. C’est bon, c’est unifiant et cela jette les bases d’une vie en société basée sur des désirs communs. Liberté égalité, fraternité. J’en ai consacré un chapitre complet dans mon dernier livre « petite psychologie de l’apéro » le commun nous aide à vivre ensemble et aussi avec nous-même.
👉 Mais, la bienveillance ce n’est pas ça, ce n’est pas cet automatisme. Lorsqu’on veut être bienveillant, ce qui est magnifique, pose-t-on la question magique ?
👉👉👉 « De quoi ton bonheur est-il fait ? » et, question encore plus magique, « De quoi as-tu besoin ? » quitte à assumer une réponse en contradiction avec ses idées du bien.
👉 Avec cette question, je comprends que ma voisine n’avait pas besoin d’un petit plat mais peut-être d’un coup de main pour déboucher sa do**he, mon vieux voisin juste besoin de parler 5’ et mes gamins ? Que je les laisse tranquille faire par eux même et avec eux même. Voire parfois que je me taise 🫢.
👉 Cela s’appelle obtenir le consentement. Le consentement au bonheur. De cette seule manière la bienveillance prend tout son sens.
🔸 Plus encore, poser cette bienveillante question initie un processus tellement plus important chez l’autre. Prendre conscience de ce dont il a besoin, ce qui n’est pas une mince affaire. De quoi as-tu besoin ? » « Je ne sais pas »… « si tu as besoin d’apprendre à savoir ce dont tu as besoin, je peux donc te faire le cadeau de t’aider à découvrir tes besoins ».
Ceci à l’encontre des habituelles injonctions, prends soin de toi, faites-ceci, faites-cela (dont je suis aussi le contempteur avec mes conseils sur les réseaux) comme un bonheur venant d’ailleurs mais pas de soi. Ça marche donc aussi pour soi, la bienveillance envers soi-même c’est se poser cette question : 👉« de quoi ai-je besoin ? ».
Cela se nomme autrement la compassion : entendre les besoins et savoir y répondre
🔸 Plutôt que de suivre la nouvelle trend on suit la sienne.
Ainsi, le week-end prochain, lorsqu’une nouvelle matinée de fureur bienveillante viendra, je poserai cette question à quiconque passera non loin de moi :
Bonjour, de quoi as-tu besoin ?
Pour aller plus loin lisez ces articles issus de mon blog :
https://eolepsy.fr/2018/04/05/quest-ce-que-la-compassion-pour-lautre-et-pour-soi/
https://eolepsy.fr/2021/09/26/quand-le-positif-et-la-bienveillance-tournent-a-la-tyrannie-des-bisounours-a-chucky/
🧡 Et, au passage, vos commentaires, likes et autres partages remplissent mes besoins d’interactions et d’approfondissement donc n’hésitez pas ça me fera du bien.
Bonne semaine à toutes et à tous et rendez-vous lundi prochain..... c'est le 1er décembre non ? 😀
Yannick 🤘
✨ ⭐️🌟🌟🌟☺️