Karine Henriquet Psychologue Clinicienne Psychanalyste Psychothérapeute

Karine Henriquet Psychologue Clinicienne Psychanalyste Psychothérapeute Informations de contact, plan et itinéraire, formulaire de contact, heures d'ouverture, services, évaluations, photos, vidéos et annonces de Karine Henriquet Psychologue Clinicienne Psychanalyste Psychothérapeute, Psychologue, Ancienne Cure, 64 Place des commerces, Bourgneuf.

Psychologue clinicienne | Psychanalyste |Thérapie individuelle & familiale | Clinique de l’extrême : expériences traumatiques, soins palliatifs | Psychanalyse transgénérationnelle | Supervisions & expertise institutionnelle | Autrice

Bien sûr ! La formation offre juste un minima d'un socle de connaissances que nous continuons à développer. L'expérience...
29/08/2025

Bien sûr ! La formation offre juste un minima d'un socle de connaissances que nous continuons à développer. L'expérience s'acquiert sur le terrain, au gré des supervisions, des formations complémentaires, des échanges avec les collègues. Il n’y a pas de spécialiste en psychotrauma ou trauma complexe, ni de psychotraumatologue. Le traumatisme demande respect, humilité, au clinicien ou psy de ne pas céder à la séduction, être juste celui qui accueille, qui fera entre autre lieu de dépôt, de transformation et en même temps fonction de témoin.

Les étudiants en psychologie et en médecine font bientôt leur rentrée. Certains espèrent se former aux enjeux du trouble de stress post-traumatique. Les demandes augmentent, mais l’offre de formation a des écueils.👉 https://nouvelobs.com/societe/20250829.OBS107140/je-ne-me-sens-pas-de-traiter-un-traumatisme-complexe-avec-les-seuls-outils-de-mon-master-la-difficile-formation-au-psychotraumatisme.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook =1756451800

Loyautés invisibles et mandats transgénérationnels : pièges et répétitions dans la relation d’aide au sein de la filiati...
28/08/2025

Loyautés invisibles et mandats transgénérationnels : pièges et répétitions dans la relation d’aide au sein de la filiation.

Les mandats inconscients : une dette sans contrat.

Dans les familles, certains rôles s’attribuent de manière implicite, comme si une assignation silencieuse pesait sur les enfants. Ce sont les mandats inconscients, concept développé par les théoriciens du transgénérationnel (notamment Boszormenyi-Nagy, puis repris dans l’approche psychanalytique par A. Eiguer, et indirectement par G. Clavreul et Talpin dans leur lecture familiale du vieillissement).

Ces mandats peuvent être :

De réparation : « Tu es là pour compenser ce que j’ai perdu. »

De fidélité : « Ne sois pas plus heureux que moi. »

De sacrifice : « Ta vie passe après la mienne. »

De continuité : « Tu es la prolongation de mon destin. »

Ils s’imposent comme des obligations affectives qui n’ont pas été contractées consciemment par les enfants, mais qui organisent leur position psychique — et parfois leur résistance farouche à « l’aidance ».

Ainsi, un enfant géographiquement éloigné peut ne pas simplement fuir une contrainte matérielle, mais refuser un mandat filial écrasant : celui de devoir porter seul la charge affective et existentielle du parent vieillissant.

« Le sujet peut refuser le statut d’aidant parce qu’il sent qu’on lui demande bien plus qu’une aide : un investissement totalisant, une dévotion qui l’efface en tant que sujet autonome. » (Henriquet, K., communication personnelle, 2022)

Loyautés invisibles : entre dette et culpabilité.

Les travaux de Boszormenyi-Nagy sur la "loyauté familiale invisible" montrent comment les individus sont inconsciemment liés à un système d’échange affectif dans leur famille, sous la forme d’une dette intergénérationnelle implicite. Cette dette, jamais discutée, crée un dilemme : aider son parent, c’est honorer la dette, mais c’est aussi confirmer une assignation, parfois aliénante.

La culpabilité émerge alors comme symptôme de ce double lien. L’enfant peut à la fois culpabiliser de ne pas en faire assez, et en même temps ressentir une violence psychique dans la sollicitation même.

On touche ici à ce que Jacques Clavreul nommait l’ordre familial latent, cet ordre symbolique sous-jacent qui structure les rôles, les places et les interdits, bien en-deçà des intentions conscientes des sujets.

« Les loyautés invisibles assignent des fonctions parentales à des enfants qui n’ont jamais consenti à les endosser. Le refus de ce rôle devient alors un acte de survie psychique. » (Talpin, J.-M., Les affects du vieillir, InPress, 2020)

Quand la relation d’emprise naît d’un mandat.

L’emprise n’est pas toujours volontaire ni perverse. Dans certaines configurations, le parent vieillissant peut lui-même être pris dans son propre mandat non résolu : celui d’avoir dû s’occuper de ses propres parents, ou d’avoir renoncé à sa vie pour une fratrie, et de transmettre ce modèle de sacrifice comme seul possible.

Ainsi, l’attente d’aide devient non seulement une demande, mais une injonction filiale, enrobée de dette morale, d’abandon redouté, voire de chantage affectif. Le vieillissant, parfois sans malveillance, peut alors entretenir une forme d’emprise issue de la transmission traumatique.

Ce que j'ai tenté de démontrer dans mes travaux sur l’accompagnement institutionnel, c’est combien les équipes peuvent servir de tiers déculpabilisant, en venant délier ces liens de loyauté toxique et en redistribuant les rôles dans un espace moins saturé de répétitions inconscientes.

« La souffrance de l’enfant aidant peut être celle d’un héritier sans testament symbolique. Il hérite d’un rôle sans parole, d’un amour comme dette, et non comme liberté. » (Henriquet, K., L’aide comme violence douce, in Cliniques du lien, 2023)

Répétitions, clivages, et exil géographique

L’éloignement géographique des enfants peut apparaître, dans cette lecture, non comme un simple fait social, mais comme un acte de clivage psychique : mettre de la distance spatiale là où la psyché n’arrive pas à poser de frontière interne.

Le refus de proximité devient alors un mécanisme défensif majeur, une tentative d’échapper à un mandat qui consume ou qui réactive une position d’enfant parentifié.

Les institutions, dans ce cadre, peuvent devenir soit :

- un tiers symbolisant, en offrant une médiation et une redistribution des places ;

- soit un lieu de cristallisation du conflit, où les mandats familiaux se rejouent sous d’autres formes, notamment par la sur-responsabilisation des équipes ou par le transfert massif de la charge affective sur les soignants.

Pour une reconnaissance psychique des mandats

Il ne suffit pas d’énoncer les obligations légales pour qu’un enfant devienne aidant ; il faut entendre ce que cela réveille dans son histoire subjective. Refuser d’aider n’est pas nécessairement une fuite, c’est parfois un non symbolique, adressé à un héritage muet et aliénant.

Les approches psychanalytiques du vieillissement familial (Talpin, Clavreul, Henriquet) invitent à considérer que derrière chaque refus d’aidance peut se cacher un combat contre un mandat intrusif, une loyauté dévorante ou une dette jamais choisie. Seule une élaboration psychique, accompagnée ou soutenue, permet de transformer ces chaînes en choix.

La place de l’institution est alors précieuse : non pas comme substitut ou sauveur, mais comme tiers symbolisant, capable de décaler les assignations, de soutenir l’autonomie des uns, tout en respectant la vulnérabilité des autres.

📚 Bibliographie

- Talpin, Jean-Marc (dir.), Les affects du vieillir, In Press, 2020.

Ouvrage collectif qui explore les vécus émotionnels du vieillissement sous un angle psychanalytique. Talpin y développe notamment la complexité affective de la relation aidant-aidé, en lien avec les transformations du narcissisme, les conflits de loyauté et les remaniements subjectifs liés à l’âge. Très utile pour penser le refus d’aidance comme une tentative de préservation du moi ou une résistance à la répétition.

- Charazac, Pierre, La vieillesse en psychanalyse : clinique du sujet vieillissant, In Press, 2012.
L’un des ouvrages de référence sur la clinique psychanalytique du vieillissement. Charazac y aborde notamment les processus de deuil du corps, le retrait narcissique, et les modalités de symbolisation de la dépendance. Il insiste sur le rôle du travail psychique dans le passage de l’autonomie à l’acceptation de l’aide, ce qui éclaire aussi l’emprise potentielle des figures aidantes.

- Clavreul, Jean, L’ordre médical, Gallimard, 1978.
Ce texte fondateur traite du fonctionnement inconscient des institutions de soins. Bien que le cadre soit médical, il propose des clés de lecture transposables au champ de la gériatrie et de l’aidance. La notion d’"ordre latent" éclaire les rôles implicites et les assignations silencieuses à l’œuvre dans la relation parent/enfant vieillissant.

- Boszormenyi-Nagy, Ivan, Invisible Loyalties: Reciprocity in Intergenerational Family Therapy, Harper & Row, 1973.
Un texte central dans la compréhension des loyautés transgénérationnelles. L’auteur y montre comment des obligations inconscientes traversent les générations, constituant des « dettes » silencieuses. Ce concept est fondamental pour comprendre pourquoi certains enfants se sentent obligés d’aider (au prix d’un renoncement de soi), tandis que d’autres s’en défendent avec vigueur.

- Henriquet, Karine, L’aide comme violence douce : enjeux inconscients dans la relation aidant-aidé, in Cliniques du lien, R***e, 2023.
Karine Henriquet met en lumière les zones grises de l’aide familiale : là où le soutien devient intrusif, là où la sollicitude devient emprise. Elle analyse aussi les tensions institutionnelles autour de la délégation des soins, en lien avec les projections inconscientes des professionnels et des familles. Article très éclairant pour situer la subjectivité de l’aidant dans les conflits de place.

- Torock, Marie-Noëlle, Le travail psychique du vieillissement, R***e Psychologie Clinique, n°35, 2013.
Un article approfondi sur le travail d’élaboration psychique nécessaire pour traverser le vieillissement sans basculer dans le retrait dépressif ou l’agressivité passive. Torock évoque notamment le risque d’instrumentalisation des proches comme "moi auxiliaires", ouvrant à des lectures fines de l’emprise et de la dépendance.

- Aubertel, Dominique, Aidants familiaux et emprise psychique : entre obligation morale et conflit de loyauté, in Champ Psychosomatique, 2021.
Cet article interroge le tiraillement entre l’obligation d’aider et la nécessité de se protéger. Il explore le rôle des institutions dans le soutien au positionnement subjectif des aidants, en évitant de les réduire à des fonctions. Il souligne aussi les risques de somatisation chez les aidants pris dans des injonctions paradoxales.

- Gutton, Philippe, L’adolescence et le vieillissement : deux moments du même processus psychique ?, in Le Coût psychique du vieillissement, Erès, 2017.
Gutton met en parallèle l’adolescence et la vieillesse comme deux périodes de crise identitaire, de remaniement narcissique et de passage. Cette lecture permet d’envisager le refus d’aider comme une "adolescence inversée" chez l’enfant adulte, en quête de séparation symbolique tardive face à un parent devenu dépendant.

- Duché, Dominique, Être aidant sans se perdre, Éditions Odile Jacob, 2022.
Un ouvrage plus accessible mais très riche, qui offre des outils concrets pour penser la posture d’aidant, ses limites, ses conflits internes et ses possibilités de réaménagement. Utile pour les professionnels comme pour les familles.

Tout droits réservés à Karine Henriquet Psychologue Clinicienne Psychanalyste Psychothérapeute.

Loyautés invisibles et mandats transgénérationnels : pièges et répétitions dans la relation d’aide au sein de la filiati...
28/08/2025

Loyautés invisibles et mandats transgénérationnels : pièges et répétitions dans la relation d’aide au sein de la filiation.

Les mandats inconscients : une dette sans contrat.

Dans les familles, certains rôles s’attribuent de manière implicite, comme si une assignation silencieuse pesait sur les enfants. Ce sont les mandats inconscients, concept développé par les théoriciens du transgénérationnel (notamment Boszormenyi-Nagy, puis repris dans l’approche psychanalytique par A. Eiguer, et indirectement par G. Clavreul et Talpin dans leur lecture familiale du vieillissement).

Ces mandats peuvent être :

De réparation : « Tu es là pour compenser ce que j’ai perdu. »

De fidélité : « Ne sois pas plus heureux que moi. »

De sacrifice : « Ta vie passe après la mienne. »

De continuité : « Tu es la prolongation de mon destin. »

Ils s’imposent comme des obligations affectives qui n’ont pas été contractées consciemment par les enfants, mais qui organisent leur position psychique — et parfois leur résistance farouche à « l’aidance ».

Ainsi, un enfant géographiquement éloigné peut ne pas simplement fuir une contrainte matérielle, mais refuser un mandat filial écrasant : celui de devoir porter seul la charge affective et existentielle du parent vieillissant.

« Le sujet peut refuser le statut d’aidant parce qu’il sent qu’on lui demande bien plus qu’une aide : un investissement totalisant, une dévotion qui l’efface en tant que sujet autonome. » (Henriquet, K., communication personnelle, 2022)

Loyautés invisibles : entre dette et culpabilité.

Les travaux de Boszormenyi-Nagy sur la "loyauté familiale invisible" montrent comment les individus sont inconsciemment liés à un système d’échange affectif dans leur famille, sous la forme d’une dette intergénérationnelle implicite. Cette dette, jamais discutée, crée un dilemme : aider son parent, c’est honorer la dette, mais c’est aussi confirmer une assignation, parfois aliénante.

La culpabilité émerge alors comme symptôme de ce double lien. L’enfant peut à la fois culpabiliser de ne pas en faire assez, et en même temps ressentir une violence psychique dans la sollicitation même.

On touche ici à ce que Jacques Clavreul nommait l’ordre familial latent, cet ordre symbolique sous-jacent qui structure les rôles, les places et les interdits, bien en-deçà des intentions conscientes des sujets.

« Les loyautés invisibles assignent des fonctions parentales à des enfants qui n’ont jamais consenti à les endosser. Le refus de ce rôle devient alors un acte de survie psychique. » (Talpin, J.-M., Les affects du vieillir, InPress, 2020)

Quand la relation d’emprise naît d’un mandat.

L’emprise n’est pas toujours volontaire ni perverse. Dans certaines configurations, le parent vieillissant peut lui-même être pris dans son propre mandat non résolu : celui d’avoir dû s’occuper de ses propres parents, ou d’avoir renoncé à sa vie pour une fratrie, et de transmettre ce modèle de sacrifice comme seul possible.

Ainsi, l’attente d’aide devient non seulement une demande, mais une injonction filiale, enrobée de dette morale, d’abandon redouté, voire de chantage affectif. Le vieillissant, parfois sans malveillance, peut alors entretenir une forme d’emprise issue de la transmission traumatique.

Ce que j'ai tenté de démontrer dans mes travaux sur l’accompagnement institutionnel, c’est combien les équipes peuvent servir de tiers déculpabilisant, en venant délier ces liens de loyauté toxique et en redistribuant les rôles dans un espace moins saturé de répétitions inconscientes.

« La souffrance de l’enfant aidant peut être celle d’un héritier sans testament symbolique. Il hérite d’un rôle sans parole, d’un amour comme dette, et non comme liberté. » (Henriquet, K., L’aide comme violence douce, in Cliniques du lien, 2023)

Répétitions, clivages, et exil géographique

L’éloignement géographique des enfants peut apparaître, dans cette lecture, non comme un simple fait social, mais comme un acte de clivage psychique : mettre de la distance spatiale là où la psyché n’arrive pas à poser de frontière interne.

Le refus de proximité devient alors un mécanisme défensif majeur, une tentative d’échapper à un mandat qui consume ou qui réactive une position d’enfant parentifié.

Les institutions, dans ce cadre, peuvent devenir soit :

- un tiers symbolisant, en offrant une médiation et une redistribution des places ;

- soit un lieu de cristallisation du conflit, où les mandats familiaux se rejouent sous d’autres formes, notamment par la sur-responsabilisation des équipes ou par le transfert massif de la charge affective sur les soignants.

Pour une reconnaissance psychique des mandats

Il ne suffit pas d’énoncer les obligations légales pour qu’un enfant devienne aidant ; il faut entendre ce que cela réveille dans son histoire subjective. Refuser d’aider n’est pas nécessairement une fuite, c’est parfois un non symbolique, adressé à un héritage muet et aliénant.

Les approches psychanalytiques du vieillissement familial (Talpin, Clavreul, Henriquet) invitent à considérer que derrière chaque refus d’aidance peut se cacher un combat contre un mandat intrusif, une loyauté dévorante ou une dette jamais choisie. Seule une élaboration psychique, accompagnée ou soutenue, permet de transformer ces chaînes en choix.

La place de l’institution est alors précieuse : non pas comme substitut ou sauveur, mais comme tiers symbolisant, capable de décaler les assignations, de soutenir l’autonomie des uns, tout en respectant la vulnérabilité des autres.

📚 Bibliographie

- Talpin, Jean-Marc (dir.), Les affects du vieillir, In Press, 2020.

Ouvrage collectif qui explore les vécus émotionnels du vieillissement sous un angle psychanalytique. Talpin y développe notamment la complexité affective de la relation aidant-aidé, en lien avec les transformations du narcissisme, les conflits de loyauté et les remaniements subjectifs liés à l’âge. Très utile pour penser le refus d’aidance comme une tentative de préservation du moi ou une résistance à la répétition.

- Charazac, Pierre, La vieillesse en psychanalyse : clinique du sujet vieillissant, In Press, 2012.
L’un des ouvrages de référence sur la clinique psychanalytique du vieillissement. Charazac y aborde notamment les processus de deuil du corps, le retrait narcissique, et les modalités de symbolisation de la dépendance. Il insiste sur le rôle du travail psychique dans le passage de l’autonomie à l’acceptation de l’aide, ce qui éclaire aussi l’emprise potentielle des figures aidantes.

- Clavreul, Jean, L’ordre médical, Gallimard, 1978.
Ce texte fondateur traite du fonctionnement inconscient des institutions de soins. Bien que le cadre soit médical, il propose des clés de lecture transposables au champ de la gériatrie et de l’aidance. La notion d’"ordre latent" éclaire les rôles implicites et les assignations silencieuses à l’œuvre dans la relation parent/enfant vieillissant.

- Boszormenyi-Nagy, Ivan, Invisible Loyalties: Reciprocity in Intergenerational Family Therapy, Harper & Row, 1973.
Un texte central dans la compréhension des loyautés transgénérationnelles. L’auteur y montre comment des obligations inconscientes traversent les générations, constituant des « dettes » silencieuses. Ce concept est fondamental pour comprendre pourquoi certains enfants se sentent obligés d’aider (au prix d’un renoncement de soi), tandis que d’autres s’en défendent avec vigueur.

- Henriquet, Karine, L’aide comme violence douce : enjeux inconscients dans la relation aidant-aidé, in Cliniques du lien, R***e, 2023.
Karine Henriquet met en lumière les zones grises de l’aide familiale : là où le soutien devient intrusif, là où la sollicitude devient emprise. Elle analyse aussi les tensions institutionnelles autour de la délégation des soins, en lien avec les projections inconscientes des professionnels et des familles. Article très éclairant pour situer la subjectivité de l’aidant dans les conflits de place.

- Torock, Marie-Noëlle, Le travail psychique du vieillissement, R***e Psychologie Clinique, n°35, 2013.
Un article approfondi sur le travail d’élaboration psychique nécessaire pour traverser le vieillissement sans basculer dans le retrait dépressif ou l’agressivité passive. Torock évoque notamment le risque d’instrumentalisation des proches comme "moi auxiliaires", ouvrant à des lectures fines de l’emprise et de la dépendance.

- Aubertel, Dominique, Aidants familiaux et emprise psychique : entre obligation morale et conflit de loyauté, in Champ Psychosomatique, 2021.
Cet article interroge le tiraillement entre l’obligation d’aider et la nécessité de se protéger. Il explore le rôle des institutions dans le soutien au positionnement subjectif des aidants, en évitant de les réduire à des fonctions. Il souligne aussi les risques de somatisation chez les aidants pris dans des injonctions paradoxales.

- Gutton, Philippe, L’adolescence et le vieillissement : deux moments du même processus psychique ?, in Le Coût psychique du vieillissement, Erès, 2017.
Gutton met en parallèle l’adolescence et la vieillesse comme deux périodes de crise identitaire, de remaniement narcissique et de passage. Cette lecture permet d’envisager le refus d’aider comme une "adolescence inversée" chez l’enfant adulte, en quête de séparation symbolique tardive face à un parent devenu dépendant.

- Duché, Dominique, Être aidant sans se perdre, Éditions Odile Jacob, 2022.
Un ouvrage plus accessible mais très riche, qui offre des outils concrets pour penser la posture d’aidant, ses limites, ses conflits internes et ses possibilités de réaménagement. Utile pour les professionnels comme pour les familles.

Tout droits réservés à Karine Henriquet Psychologue Clinicienne Psychanalyste Psychothérapeute

Une émission sur l'emprise qui est un mécanisme insidieux, présent dans tous les milieux et domaines : en amour, en amit...
27/08/2025

Une émission sur l'emprise qui est un mécanisme insidieux, présent dans tous les milieux et domaines : en amour, en amitié, au travail ou en famille. Elle peut toucher n’importe qui.

➡️

Qu’elle soit en amour, en amitié, au travail ou dans la famille, quels sont les mécanismes de l'emprise ? Quelles sont les stratégies de manipulation mises en place par le pervers narcissique ? Comment s’en sortir et se reconstruire ? Quel est le rôle des proches ?

Le berceau psychique et le projet du désir d’enfant : une approche psychanalytiqueLe désir d’enfant n’est jamais un simp...
26/08/2025

Le berceau psychique et le projet du désir d’enfant : une approche psychanalytique

Le désir d’enfant n’est jamais un simple projet biologique ou social. Il plonge ses racines dans l’inconscient, au croisement de l’histoire psychique du sujet et de celle de ses lignées. Avant même la conception, l’enfant est déjà investi, rêvé, fantasmé, attendu — il naît dans un berceau psychique que ses parents, et particulièrement sa mère, construisent bien avant son apparition réelle. C’est dans cet espace que se tissent les enjeux inconscients du projet d’enfant, souvent en lien avec les transmissions transgénérationnelles et les loyautés invisibles. Cet article propose d'explorer ces articulations à partir d'une lecture psychanalytique.

Le berceau psychique : genèse d’un espace d’accueil inconscient

Le concept de berceau psychique, développé notamment dans la lignée des travaux de Bydlowski et de la clinique périnatale psychanalytique, désigne l’espace psychique préparé par les parents — en particulier la mère — pour accueillir l’enfant à venir. Ce berceau n’est pas seulement fantasmatique : il est aussi structurant, en ce qu’il conditionne la place qui sera donnée à l’enfant dans la psyché parentale.

Ce berceau est tissé d’éléments entre autre Fantamatiques, identificatoires et transgénérationnels.

Fantasmatiques : l’enfant rêvé, idéalisé, parfois réparateur.

Identificatoires : l’enfant porteur des projections du parent, de ses attentes conscientes et inconscientes.

Transgénérationnels : l’enfant parfois investi du rôle de prolonger ou réparer l’histoire familiale.

Dans cette perspective, l’enfant ne naît jamais dans un vide psychique. Il est précédé par des représentations, des attentes, parfois même des dettes symboliques, qui vont orienter les premiers liens et la manière dont il sera reconnu comme sujet. Il pourra cependant vivre l'expérience de naissance dans une profonde solitude avec des ressentiments de vide selon la qualités des investissements parentaux.

Le projet du désir d’enfant : entre narcissisme, manque et filiation

Le désir d’enfant s’ancre dans le narcissisme primaire du sujet, dans sa quête de complétude, mais aussi dans son rapport au manque. Désirer un enfant, c’est parfois chercher à réparer une perte, restaurer une image de soi fissurée, ou encore prolonger symboliquement sa propre existence.

Mais le projet d’enfant peut aussi révéler des zones d’ombre de l’inconscient parental :

Des désirs de réparation narcissique : avoir un enfant « pour soi », comme prolongement idéal de soi-même.

Des projections identificatoires : faire de l’enfant le dépositaire de ce que l’on n’a pas pu être ou accomplir.

Des enjeux œdipiens non résolus, où l’enfant peut inconsciemment occuper une place d'objet d’amour oedipien déplacé.

De ce fait, le projet d’enfant n’est jamais neutre. Il est chargé d’histoires, de fantasmes, de manques, de scénarios internes. La capacité des futurs parents à penser l’enfant comme un sujet séparé, avec sa propre altérité, conditionne la qualité du lien et la constitution de son appareil psychique.

Transgénérationnel : héritages psychiques et loyautés inconscientes

Le transgénérationnel constitue un axe fondamental dans la compréhension du désir d’enfant. La psychanalyse contemporaine, à travers les travaux de Nicolas Abraham, Maria Torok, Anne Ancelin Schützenberger ou encore Serge Tisseron, a montré combien les histoires familiales, surtout lorsqu’elles sont non dites ou traumatiques, peuvent se transmettre à l’insu des sujets.

Le fantôme dans le berceau

Selon Abraham et Torok, le fantôme est l'effet d’un secret ou d’un trauma non élaboré dans les générations précédentes, qui vient hanter l’inconscient du sujet. L’enfant peut alors être convoqué, sans le savoir, à réparer, revivre ou porter ce qui n’a pu être symbolisé avant lui.

Cela crée une tension entre ce qu’il est appelé à être (dans l’inconscient parental ou familial) et ce qu’il pourrait devenir en tant que sujet.

Les loyautés invisibles

Les travaux systémiques de Boszormenyi-Nagy ont mis en lumière les loyautés invisibles ou loyautés inconscientes, ces liens d'obligation silencieux entre générations. L’enfant peut ainsi être investi d’un mandat invisible : restaurer une lignée, racheter une faute, réaliser un rêve inachevé.

Ces loyautés agissent souvent à l’insu du parent lui-même, et peuvent structurer le désir d’enfant comme une réponse à une injonction familiale implicite : “Il faut un enfant pour...”.

Lorsque ces loyautés ne sont pas mises en mots ni élaborées, elles peuvent constituer un fardeau pour l’enfant, qui sera alors pris dans une dette symbolique qui ne lui appartient pas.

De l’élaboration à la transmission : enjeux thérapeutiques

Dans le cadre thérapeutique, l’exploration du désir d’enfant offre une voie d’accès précieuse aux contenus inconscients, individuels et transgénérationnels. Mettre des mots sur ce qui a été transmis, souvent sans langage, permet de différencier le soi du héritage familial.

L’enjeu est d’aider le sujet à reconnaître les fantasmes à l’œuvre dans son désir d’enfant. Il s'agira aussi d'identifier les loyautés inconscientes qui sous-tendent ce désir et d'accompagner le patient à se défaire des mandats familiaux implicites.

Accueillir l’enfant réel, dans sa singularité et son altérité.

Le travail thérapeutique favorise ainsi une désintrication des héritages psychiques, ouvrant un espace plus libre pour la parentalité et la constitution d’une filiation symbolique.

Le désir d’enfant, loin d’être un simple projet de vie, s’inscrit dans une histoire psychique et familiale complexe, souvent marquée de silences, de fantasmes et de transmissions implicites. Le berceau psychique, qui précède la naissance réelle, témoigne de cette intrication entre intime et transgénérationnel. La reconnaissance de ces enjeux inconscients permet, tant pour les parents que pour les thérapeutes, de mieux accompagner l’émergence de l’enfant en tant que sujet à part entière, et non comme objet de réparation ou de projection.

Berceau psychique et psychose puerpérale Une vignette clinique de Julie, 32 ans pour illustrer les enjeux.

Quand le berceau psychique est habité par les fantômes.

Julie, 32 ans, est hospitalisée en unité psychiatrique quelques jours après la naissance de son premier enfant, une petite fille prénommée Élina. L’alerte a été donnée par son compagnon et l’équipe de maternité : Julie présente un état confusionnel aigu, teinté d’angoisses délirantes, de discours incohérents, avec des moments de sidération et de retrait profond vis-à-vis de son bébé. Elle affirme que "le bébé n’est pas le sien", puis, à d’autres moments, murmure que "sa grand-mère est revenue à travers elle". Elle dort très peu, refuse de s’alimenter et semble parfois totalement étrangère à la réalité.

Le diagnostic de bouffée délirante aiguë du post-partum est posé, une forme de psychose puerpérale, dans un contexte de vulnérabilité psychique non repérée jusque-là. Un suivi psychothérapeutique est mis en place parallèlement à une prise en charge médicale.

Le berceau psychique fissuré : un enfant pour réparer…

Dans le travail thérapeutique engagé progressivement en post-crise, Julie commence à évoquer un désir d’enfant très fort, présent depuis de nombreuses années. Elle parle d’Élina comme d’un “bébé miracle”, une “chance que la vie lui a donnée de tout recommencer”.

Elle confie que sa propre mère est décédée quand elle avait huit ans, dans des circonstances floues : un "accident domestique", selon la version officielle, mais des soupçons de su***de sont présents dans la famille, sans jamais avoir été discutés. Son père, décrit comme "dur et silencieux", n’a jamais reparlé de cette perte.

À travers les séances, Julie élabore que sa grossesse a été pour elle une tentative inconsciente de réparer cette absence maternelle, de devenir enfin "la mère qu’elle n’a pas eue". Mais ce projet, trop chargé de sens, trop investi narcissiquement, a laissé peu de place à la réalité du bébé comme sujet. Élina devenait un objet de restauration psychique, le support d’un fantasme de complétude.

Des loyautés inconscientes à l’effondrement psychique

L’évocation de sa grand-mère dans le délire post-partum prend alors tout son sens : Julie porte, sans le savoir, une histoire transgénérationnelle douloureuse. Cette grand-mère maternelle s’était elle aussi suicidée, peu après la naissance de son troisième enfant — un fait tenu secret dans la famille, jamais raconté mais toujours murmuré.

La venue d’Élina semble avoir réactivé ce trauma familial, non symbolisé, transmis dans le silence. Julie devient, sans le vouloir, la dépositaire de cette lignée féminine marquée par la maternité douloureuse, le silence, la perte, et le non-dit.

On peut lire ici l’effet d’une loyauté invisible : en devenant mère à son tour, Julie entre dans un scénario psychique familial non élaboré. Le berceau psychique qu’elle avait construit pour sa fille était déjà habité par les fantômes de ses ancêtres, rendant difficile la constitution d’un espace psychique libre pour accueillir le bébé réel.

Réflexions cliniques

Cette vignette illustre puissamment l’articulation entre :

Un désir d’enfant structuré autour d’un manque archaïque (la perte de la mère) ;

Un berceau psychique envahi par des attentes de réparation narcissique ;

Une transmission transgénérationnelle non symbolisée, entraînant une répétition traumatique ;

Et enfin, une décompensation psychotique post-partum, comme effondrement face à l’impossible articulation entre l’enfant réel et l’enfant fantasmatique.

Ce type de clinique met en lumière la nécessité, en périnatalité, d’une attention particulière au récit familial, aux non-dits, aux histoires inachevées. Le travail thérapeutique ne consiste pas seulement à contenir la crise, mais aussi à rendre lisibles les traces du passé, à désengager l’enfant des injonctions invisibles, afin de permettre à la mère de se subjectiver dans sa parentalité, et à l’enfant de devenir sujet à son tour.

Adresse

Ancienne Cure, 64 Place Des Commerces
Bourgneuf
73390

Heures d'ouverture

Lundi 08:00 - 20:30
Mardi 08:00 - 20:30
Mercredi 08:00 - 20:30
Jeudi 08:00 - 19:00
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