
25/09/2025
💫 Il y a vingt ans, je suis partie seule, avec un sac à dos, traverser le nord de l’Inde.
De Delhi à Katmandou, en passant par Bénarès et le Rajasthan, ce voyage m’a transformée.
C’était l’été des grandes inondations. Les routes étaient pleines de familles déplacées. J’ai découvert des visages marqués par la rudesse, mais illuminés par des sourires d’une générosité immense. Avec presque rien, ils partageaient avec moi un repas, un thé, un moment.
Être une femme seule, blanche, là-bas, suscitait curiosité. Au début, les regards fixes m’intimidaient. Puis un sourire suffisait à ouvrir la porte : on m’invitait chez soi, on partageait ce que l’on pouvait. Malgré la barrière de la langue, la rencontre avait lieu, dans la simplicité des gestes.
À Bénarès, je suis restée plusieurs jours sur les ghats du Gange, sans sortir mon appareil photo. Photographier me paraissait presque indécent. Là-bas, la spiritualité était palpable. Chaque instant était un rituel.
J’ai connu la confiance et parfois la peur, mais surtout cette impression d’être portée. Les gens prenaient soin de moi, comme d’une étrangère qu’on protège. J’ai troqué, échangé, reçu bien plus que je n’ai donné.
Voyager seule, c’était aussi s’ouvrir autrement : au silence, à la contemplation, à l’espace. Cette disponibilité a fait naître en moi un goût pour la vie que je n’ai jamais oublié.
Ce voyage m’a donné un sens, une force. Il a planté une graine qui nourrit encore ma manière d’être au monde aujourd’hui.