
05/05/2025
đż Quand le soin devient lien đż
Aujourdâhui, jâaimerais partager un moment fort vĂ©cu au secteur stĂ©rile du CHU de Brest, dans le cadre de mes interventions en tant que praticienne shiatsu spĂ©cialisĂ©e en oncologie.
Madame est hospitalisĂ©e depuis plusieurs semaines pour une greffe de moelle osseuse. Malheureusement, la maladie a pris le dessus. Le pronostic est dĂ©favorable, lâannonce a Ă©tĂ© faite. Ensemble, la patiente et sa famille avancent doucement vers les soins palliatifs.
Cet aprĂšs-midi-lĂ , jâarrive plus t**d que dâhabitude. Son mari est prĂ©sent. Madame tient Ă sa sĂ©ance hebdomadaire et demande Ă son Ă©poux sâil accepte de lui accorder ce moment. Un peu gĂȘnĂ©, il propose de quitter la chambre. Ensemble, nous lui proposons autre chose : rester, observer, participer sâil le souhaite. Il accepte.
La fatigue de Madame est palpable. La sĂ©ance sera douce, plus courte. Sur le tableau blanc de sa chambre, mon dessin de la semaine derniĂšre est encore lĂ â quelques points clĂ©s pour apaiser les nausĂ©es. On les rĂ©vise ensemble.
Nous Ă©changeons ensuite sur une notion essentielle : le consentement. MĂȘme dans lâintimitĂ© dâun couple, mĂȘme avec de « bonnes techniques », il est vital de pouvoir dire oui, ou non. Sans pression. Juste dans le respect.
Puis vient lâinstant du toucher : je montre, il ressent, il essaie. Elle lui fait un retour immĂ©diat :
« Câest encore mieux quâavec elle ! Tu nâes pas trĂšs tactile habituellement, mais là ⊠câĂ©tait vraiment bien. »
Son regard sâĂ©claire. DerriĂšre le masque, je devine un sourire. Il me remercie, plusieurs fois. Je lui rappelle : il a aussi des ressources en lui. En quittant la chambre, je laisse derriĂšre moi un couple complice, que la maladie sâapprĂȘte Ă sĂ©parer.
đżđżđżđżđż
Je suis praticienne shiatsu à Brest, spécialisée en soins de support en oncologie.
Jâinterviens Ă lâhĂŽpital et je forme le personnel soignant ainsi que les aidants Ă des techniques simples, accessibles et respectueuses du vĂ©cu de chacun.
Parce que parfois, un toucher juste vaut mille mots.