10/05/2025
Oeuvrer à rassembler les divers chapitres passés de son roman de vie pour permettre d’en écrire de nouveaux
L’un des phénomènes les plus complexes et fondamentaux du travail psychothérapeutique est la confrontation entre le conscient et l’inconscient, en particulier lors de la réémergence d’un traumatisme refoulé.
Ce moment précis de la prise de conscience est d’une intensité psychique remarquable. Il ne s’agit pas d’un simple doute rationnel, mais d’un effondrement momentané des repères internes, car ce qui est révélé remet souvent en cause la perception même que le sujet avait de son histoire, de ses relations, voire de lui-même. Ce refus ou cette incrédulité n’est pas une posture volontaire ou intellectuelle, mais bien la trace d’un mécanisme de survie psychique : le refoulement.
À ce moment précis il est important d’aider le patient renverser la logique de culpabilité ou de doute qu’il pourrait éprouver et à reconnaître la sagesse protectrice de son psychisme, qui a su, à un moment donné, mettre à distance l’insupportable.
Sur le plan analytique, ce moment de révélation est un point de bascule : il marque le passage d’un contenu inconscient actif mais inaccessible, à une prise de conscience douloureuse mais potentiellement libératrice. La souffrance, jusque-là enkystée dans le corps ou dans des symptômes, trouve un début de représentation. Cette transition est indispensable pour amorcer un processus de subjectivation : en d’autres termes, pour que le sujet puisse dire « cela m’est arrivé », et non plus « je vais mal sans savoir pourquoi ».
Le travail thérapeutique, dès lors, ne consiste pas seulement à “retrouver” des souvenirs, mais à les relier, les symboliser et les intégrer dans une narration nouvelle de soi, où le trauma cesse d’être une faille obscure pour devenir un élément conscient, transformé et potentiellement porteur de sens. C’est en cela que la thérapie n’est pas un simple acte de dévoilement, mais un processus d’élaboration psychique en profondeur, exigeant, mais profondément réparateur.
Photo : Lucie Allard - A La Psy School