
15/06/2025
La plus grande difficulté est finalement d'admettre que l'être humain choisit souvent la souffrance plutôt que le bonheur. Cette observation aussi percutante que dérangeante résonne pourtant avec une vérité profonde sur la nature humaine. Dire que l’être humain choisit la souffrance peut sembler provocateur, presque accusatoire. Mais en réalité, il ne s’agit pas tant d’un choix conscient que d’une fascination, d’un attachement inconscient à ce que la souffrance représente : la loyauté à une histoire, la fidélité à une blessure, la peur du vide ou de l’inconnu que le bonheur pourrait impliquer.
Souvent, la souffrance donne un sens, un rôle, une identité : “Je suis celle qui a été trahie.” “Je suis celui qui porte.” Sortir de ce récit, c’est aussi renoncer à une forme de cohérence personnelle, parfois la seule que l’on connaît. Le bonheur, lui, demande du courage : celui de lâcher prise, de tolérer l’impermanence, et parfois même… d’oser être libre.
C’est tout le paradoxe : la souffrance est familière, presque confortable. Le bonheur, lui, exige un certain travail intérieur, une révolte douce mais ferme contre les automatismes psychiques. Ce n’est pas que l’humain aime souffrir, c’est qu’il préfère souvent le connu douloureux à l’inconnu libérateur.
Et pourtant, tout commence là : dans l’acte d’admettre cette préférence étrange, presque absurde. C’est une lucidité qui pique un peu, mais qui ouvre la porte à quelque chose de profondément libérateur.