Roxana Mihalache Psychanalyste

Roxana Mihalache Psychanalyste J’accompagne toutes celles et ceux qui sont sur un chemin de découverte de soi et de libération, dans un cadre bienveillant

Le psy silencieux : art ou hasard ?J’ai souvent entendu des personnes se plaindre du « silence du thérapeute » en thérap...
10/09/2025

Le psy silencieux : art ou hasard ?

J’ai souvent entendu des personnes se plaindre du « silence du thérapeute » en thérapie. Que ce soit au cabinet, lors de fêtes, de réunions entre amis, dans des bars ou d’autres contextes sociaux, la phrase qui revient fréquemment est : « Je ne supporte pas les psy ». Lorsque je demande pourquoi, dans près de 95 % des cas, la réponse est la suivante : « Parce qu’il ne parle pas », « J’avais l’impression de parler à un mur ou à un robot », « Il n’y avait aucun échange », « Je suis sorti de la thérapie pire que j’y étais entré », « Ce silence glacial m’a terriblement angoissé et mis mal à l’aise », « Je ne me suis pas senti soutenu », « Je n’ai pas senti que le thérapeute était là, qu’il se souciait de moi », « La thérapie ne m’a rien apporté de bon, elle ne m’a rien appris ».

Après ces confidences, je leur demande toujours s’ils ont tiré quelque chose de positif de ces séances. Là encore, dans plus de 90 % des cas (pour ne pas dire 99 %), la réponse est NON. Non seulement cela ne les a pas aidés, mais cela a parfois aggravé leur état, et, pire encore, ils ont perdu confiance dans les « psy » et dans la thérapie en général, n’y retournant jamais.

Ils pensent alors que tous les thérapeutes sont identiques, que la thérapie consiste à parler seul face à un thérapeute muet. Parmi toutes les personnes interrogées, seules deux ou trois m’ont dit que cela les avait « un peu aidées ». L’une d’elles m’a raconté avoir vu un thérapeute « silencieux » qui, dès son arrivée, posait sa montre sur la table et ne disait absolument rien. La personne, déjà bloquée dans son langage et ses émotions, se retrouvait face à son propre mutisme. Pendant neuf mois, il n’y a eu aucun échange verbal, et elle a fini par arrêter la thérapie. Toutes les personnes à qui j’ai parlé ont fini par quitter ces thérapeutes, et beaucoup ont ensuite rencontré d’autres professionnels plus réactifs, qui parlaient, participaient, analysaient et partageaient leurs observations. Résultat : elles se sentaient comprises, progressaient, apprenaient à mieux se connaître, s’apprécier et à comprendre les autres, et se sentaient soudainement plus à l’aise.

Dès lors, une question se pose : pourquoi certains thérapeutes persistent-ils dans cette attitude silencieuse, alors que tant de personnes témoignent que cela ne les aide pas, voire les traumatise ? Ne devrions-nous pas nous interroger sur l’efficacité de cette posture et reconsidérer notre façon d’aborder le patient ? Car, après tout, le patient est celui qu’il faut écouter « en premier lieu », c’est l’une des bases de la thérapie. Et s’il exprime que le silence le fait souffrir, ne devrions-nous pas l’entendre, d’autant plus que nous partons du principe qu’il est le mieux placé pour savoir ce dont il a besoin ?

À la base, le silence du thérapeute vise à offrir un espace « neutre » pour permettre à l’inconscient du patient de s’exprimer, sans être influencé par la « subjectivité du thérapeute ». Mais ce type d’« écoute » – le thérapeute écoute-t-il vraiment ? – soulève plusieurs questions. Par exemple, lorsqu’une personne très anxieuse s’exprime pour la première fois devant un inconnu silencieux, elle se retrouve face à son propre inconscient, souvent perçu comme une menace. Il est naturel qu’elle se sente encore plus anxieuse, car personne n’est là pour l’encadrer. Le thérapeute devient alors un simple témoin de la « dévoration » du patient par ses propres angoisses.

Ce type d’écoute silencieuse s’oppose à l’écoute active, qui consiste à poser des questions, à reformuler, à communiquer au patient ce que le thérapeute a compris ou non. Il est normal que le patient parle la plupart du temps et que le thérapeute écoute, mais cela ne doit pas être systématique, et surtout pas lors des premières séances ou avec des personnes très anxieuses. L’un des principes fondamentaux de la thérapie est d’instaurer un climat de confiance, qui se construit avant tout par la communication. La voix révèle beaucoup sur une personne. Lorsque le patient écoute le thérapeute, il perçoit la tonalité de sa voix : est-elle chaleureuse, froide, bienveillante, hostile, empreinte de jugement ? Ainsi, il peut ressentir le thérapeute, établir une connexion et une relation de confiance. La manière dont une personne s’exprime, la couleur de sa voix, forme une sorte de mélodie que l’on peut ressentir, et qui nous indique si elle est dissonante ou harmonieuse, si elle est « en accord » avec nous. Une fois cette relation de confiance établie dès les premières séances, le silence du thérapeute ne plonge plus le patient dans l’inconfort, même si ce dernier peut parfois éprouver un sentiment de vide ou d’abîme lorsque le thérapeute se tait.

On peut comprendre l’idée selon laquelle le patient ressent et expérimente, à ces moments-là, certaines manifestations de l’inconscient auxquelles il doit faire face. C’est vrai. Tout ce qu’il projette dans ces instants de silence – le sentiment de ne pas être soutenu, l’impression de parler à un mur ou à un robot, etc. – provient sans doute de périodes particulières de sa vie. Il est essentiel d’examiner ces moments avec la plus grande attention, car ils constituent un matériau précieux pour le travail thérapeutique.
Cependant, il est possible de travailler en parlant, en tant que thérapeute, et non en maintenant un silence permanent. Poser des questions, intervenir, échanger : le patient ne vient pas en thérapie pour parler, se questionner et conclure seul. Sinon, il pourrait très bien le faire chez lui, et les « psy » n’auraient pas besoin de tant d’années d’études simplement pour… rester silencieux et observer le patient lutter seul pour « s’accoucher ».
D’ailleurs, en parlant de naissance, le bébé fournit beaucoup d’efforts pour sortir du ventre de sa mère, mais sans l’aide des médecins et de la mère pour le pousser, il ne pourrait pas naître.

Les projections du patient sur le thérapeute silencieux ne sont utiles que si elles sont accueillies et travaillées. Il faut les recevoir comme on accueille une personne qui frappe à notre porte : on l’invite à entrer, on s’intéresse à elle, on établit une relation. On ne la laisse pas dehors, ni ne l’observe en silence par la fenêtre.

Finalement, on peut se demander : le silence absolu est-il vraiment bénéfique pour quelqu’un ? Si l’on met de côté le cadre thérapeutique, pensons à d’autres situations où l’on s’ouvre à quelqu’un, comme à un ami. Imaginons que l’on se confie à son meilleur ami, qu’on lui raconte tout, de A à Z, et qu’il reste silencieux pendant une heure. Peut-être se contente-t-il de dire « je comprends », puis plus rien, et à la fin, il ne prononce qu’un simple « au revoir ». Si cela se répète, n’aurions-nous pas l’impression qu’il ne se soucie pas vraiment de nous ?
Même un ami proche pourrait nous donner ce sentiment, alors imaginez un thérapeute, que l’on paie en plus. Cela pourrait renforcer l’impression non seulement d’indifférence, mais aussi d’avoir été floué. En fin de compte, on a l’impression de payer pour se parler à soi-même, face à ses propres projections… bonnes ou mauvaises… qui sait ? Nous le découvrirons peut-être dans l’épisode deux de la saison trois. En attendant… mystère.

En conclusion, si vous ressentez un malaise persistant avec votre thérapeute, quelle que soit son approche ou sa personnalité, ce n’est pas normal. Il est tout à fait légitime d’arrêter la thérapie et de chercher un professionnel avec qui vous vous sentez réellement bien. Par « se sentir bien », j’entends trouver quelqu’un auprès de qui vous avez l’impression de progresser, d’évoluer, et qui vous apporte un enrichissement émotionnel et intellectuel.

Bien sûr, il est normal de traverser des moments d’inconfort en thérapie : il arrive d’avoir des périodes de vide, des silences parfois un peu tendus, ou de ne pas toujours savoir « où vous en êtes ». Il est aussi possible de ne pas se sentir compris ou soutenu par son thérapeute à certains moments ; dans ce cas, il est important d’en parler et de clarifier la situation. Mais il n’est pas normal de ressentir cela en permanence. Il n’est pas normal non plus de ne constater aucun progrès, même après plusieurs mois de thérapie, ou d’avoir systématiquement l’impression de quitter le cabinet dans un état pire qu’à votre arrivée.

Dans ces situations, il ne s’agit plus d’une véritable thérapie. Cela peut parfois relever d’une forme d’abus, de contrôle, de manipulation, de désintérêt de la part du thérapeute, voire, dans des cas extrêmes, de sadisme, de manque d’empathie ou de compétences. Être thérapeute ne garantit pas automatiquement de bonnes intentions ou une réelle bienveillance envers les autres. C’est un sujet important, souvent à l’origine de thérapies qui « n’avancent pas ». Il existe des thérapeutes qui ne s’impliquent pas, pour diverses raisons, et il ne s’agit alors pas de la fameuse « résistance » du patient à l’analyse. Tout n’est pas de la « faute » du patient : chaque situation doit être examinée avec discernement.
Lors du choix de votre thérapeute, faites confiance à votre instinct et à la qualité de la relation qui s’établit dès les premières séances. La « chimie » ressentie au début est souvent un bon indicateur pour la suite du travail thérapeutique.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : internet

Pourquoi la thérapie prend-elle « autant  de temps » ?On pourrait dire qu’un thérapeute éduque et rééduque à la fois. Lo...
05/09/2025

Pourquoi la thérapie prend-elle « autant de temps » ?

On pourrait dire qu’un thérapeute éduque et rééduque à la fois. Lorsqu’il éduque, il ne dit pas au patient ce qu’il doit faire, mais lui explique certains phénomènes qui se produisent en lui, un peu comme un météorologue décrit les tempêtes. Il peut exposer les différents types de tempêtes, la différence entre une pluie d’été passagère, une tempête ou un tremblement de terre, les dégâts qu’elles peuvent causer, comment s’en protéger lorsqu’on s’y trouve, ou encore comment les reconnaître à distance pour ne pas se laisser emporter par leur chaos. En thérapie, nous apprenons à repérer les signes annonciateurs d’une tempête, même celle qui se profile au loin.

Si je me laisse emporter par cette tempête, il se peut que ma posture ait changé sans que je m’en rende compte. Je ne saurais pas dire précisément ce qui a changé dans ma démarche, mais je sens bien que ce n’est plus la même qu’avant. J’ai alors besoin d’être vu par quelqu’un d’extérieur, car je ne peux pas observer ma propre démarche, je ne peux que la ressentir.

Le thérapeute joue aussi un rôle rééducatif. À l’image du kinésithérapeute qui rééduque un membre fracturé ou corrige une mauvaise posture, le thérapeute aide à remettre de l’ordre dans nos pensées et nos émotions. Plus ces émotions ont pris, au fil du temps, une tournure douloureuse ou destructrice, plus il faudra de temps pour « récupérer ». Les pensées et émotions qui se sont installées en nous depuis longtemps se sont maintenant cristallisées, menant leur propre vie. C’est pourquoi la thérapie demande du temps : on ne peut pas (on a pas le droit) arracher en quelques séances des schémas ancrés depuis des années, au risque de fragiliser d’avantage la personnalité.
C’est un peu comme si, en allant chez le médecin pour une douleur, celui-ci découvrait un kyste et décidait de l’opérer immédiatement, sans anesthésie ni explication. Après l’opération, il te renverrait chez toi, en sang, en t’annonçant que tout est réglé, sans traitement ni suivi. Tu regardes la scène avec effroi et sidération, tu hurles de douleur, tu attaques le médecin parce qu’il te fait subir une souffrance indescriptible, pour laquelle tu n’as même pas de mots. Et la fois suivante, tu ne veux même plus entendre parler de médecins.

C’est ainsi qu’une thérapie trop rapide peut être vécue par une personne aux blessures profondes et délicates, mais cela ne signifie pas que toutes les thérapies doivent durer des années, bien sûr ; chaque situation est unique.
Au cabinet, nous avons l’occasion de nous retrouver face à nous-mêmes, accompagnés d’un témoin bienveillant. Nous pouvons alors nous traiter avec douceur et lenteur, car nos émotions et nos ondes cérébrales ont besoin de temps pour se déployer. Nous avons besoin de ce baume pour l’âme, à appliquer sur nos blessures en présence de quelqu’un capable de les regarder sans faiblir devant la vue du « sang », et d’accompagner leur guérison à nos côtés.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : theastrologyplace

Voilà ce qui attend un Ermite qui n'aurait pas fait le travail de se réconcilier avec sa libido avant de se retirer sur ...
05/09/2025

Voilà ce qui attend un Ermite qui n'aurait pas fait le travail de se réconcilier avec sa libido avant de se retirer sur la montagne...

Art : Félicien Rops, La tentation de Saint Antoine

30/08/2025
Jusqu’à ce que la mort nous sépareOn dit souvent que l’on est là pour nos morts, de notre vivant. Mais qu’en est-il lors...
29/08/2025

Jusqu’à ce que la mort nous sépare

On dit souvent que l’on est là pour nos morts, de notre vivant. Mais qu’en est-il lorsque nous traversons la vie, lorsque nous nous disons « ensemble » et que nous voyons surgir chez l’autre des zones d’ombre ? Sommes-nous vraiment « toujours là » pour lui ?

Par exemple, aimer « sa » femme uniquement « selon notre image », c’est aimer une illusion. Si on l’aime « au-delà » de cette image, on accepte de perdre la forme, de laisser tomber ce que l’on croyait connaître, donc « perdre l’image ». Et quand on aime l’autre au-delà de l’image que l’on s’est forgée, on perd peut-être ce sens « poétique » que l’on chérit dans le monde mondain, mais on touche alors à quelque chose de plus vrai, qui peut devenir réellement poétique.
Qu’y a-t-il de vivant chez l’autre pendant que je l’accompagne ? Suis-je là pour l’assister dans sa propre mort et sa renaissance ? Accompagner quelqu’un dans la vie ou la mort, physiquement, est une chose. L’accompagner intérieurement en est une autre : c’est la quête de la vérité.

On dit souvent que nous ne connaissons pas la vérité de l’au-delà, car personne n’y est allé puis revenu pour la raconter. Pourtant, il nous arrive de traverser cet « au-delà » tout en étant vivants, et nous pourrions revenir pour témoigner de cette vérité, au-delà de nos projections, de nos fantasmes, de nos images. L’engagement véritable ne se trouve pas dans la forme physique, ni dans la réalité extérieure. Sinon, aimer « sa » femme dans l’au-delà n’aurait pas de sens. C’est l’aimer dans ses profondeurs, avec ses parts d’ombre et de lumière, dans sa « vraie » forme.

Être avec « sa » femme, ce n’est pas seulement l’assumer socialement ou selon les stéréotypes construites « autour de la famille ». Si on ne l’assume que publiquement, elle devient alors l’objet de tous les fantasmes collectifs : telle est la façon dont nous l’avons présentée.
L’assumer intérieurement, c’est une toute autre histoire. Une histoire faite d’autres « beautés » et d’autres « démons », d’autres types de héros et de vainqueurs, car nous aimons beaucoup les vainqueurs. Surtout quand l’homme vainc et que la femme est « conquise », mais si elle l’est vraiment, cela signifie qu’il y avait bien une quête, et que nous l’avons « eue ». Mais que signifie réellement cette quête ? Car une chose est de l’avoir à l’extérieur et une autre de se la permettre à l’intérieur. À l’intérieur, il s’agit d’assumer ce qu’elle a de beau, mais aussi ce qu’elle a de moins beau. À l’extérieur, on ne retient que ce qui nous arrange, et quand cela ne nous convient plus, on s’en va. Elle porte alors la « misère » et nous, nous portons le chapeau, en disant à tout le monde (là où nous l’avons assumée depuis le départ) qu’elle n’était finalement « pas belle , je m’étais trompé, elle n’était pas digne de mon amour. Rejetez-la, je ne la veux plus, ce n’est pas la femme que j’avais imaginée. Moi, je voulais une femme conforme à mon image, à mes souhaits, et non à mes démons. Mes démons, ce n’est pas à elle de les porter, elle doit être parfaite, angélique. »

Être avec « sa » femme, - car on y tient bien, elle est « à nous » - c’est la suivre et l’accepter intérieurement, comme si elle était une « partie de nous ». C’est assumer tout ce qu’elle a à pleurer, à enterrer, à faire renaître, et pas seulement ce qu’elle a à nous offrir à nous, « de beau ».

Regarde bien « ta » femme et tout ce qu’elle assume à l’intérieur, pour le pire et pour le meilleur, comme dans le mariage socialement établi, mais rarement établi à l’intérieur. Demande-toi si ce que tu vois en « ta » femme et qui t’effraie ne se trouve pas aussi en toi, si cela n’a jamais fait partie de toi.
Au début, on aime prononcer des mots comme « jamais » pour exprimer des choses profondes, mais on ne les utilise jamais pour exprimer cette vérité : ce que je vois aujourd’hui en « ma » femme n’a « jamais » fait partie de moi. On aime les belles paroles, qui peuvent s’avérer mensongères, car au début, on ne sait pas, on vit dans le présent, le futur nous est inconnu. Il est difficile d’exprimer et surtout d’assumer des vérités déjà existantes en nous, ou qui ont déjà fait partie de nous. Si, avant de promettre des « mondes et des merveilles », nous ne regardons pas attentivement le moment présent et ce que nous assumons, alors promettre, c’est compromettre.

Alors, si tu regardes bien « ta » femme comme la « tienne » et que tu n’as rien à te reprocher intérieurement de ce que tu lui reproches, rien à porter de ce que tu lui fais porter, rien à assumer de ce que tu lui fais assumer, alors elle n’est pas la « tienne ». Tu peux dire que tu t’es trompé, et tu continueras à porter ton chapeau et à avancer sur le chemin d’hommes que tu avais choisi, car tu t’étais simplement trompé de miroir. Celle-là n’était pas « ta » femme, elle était la femme de quelqu’un d’autre.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : internet

Les « je » du cabinetIl était une fois, dans un royaume où la perfection était la loi et où la vulnérabilité n’avait guè...
26/08/2025

Les « je » du cabinet

Il était une fois, dans un royaume où la perfection était la loi et où la vulnérabilité n’avait guère droit de cité, un voyageur fatigué de porter un masque. Un jour, il poussa la porte d’un lieu mystérieux, que l’on appelait « l’espace thérapeutique ». Là, il découvrit un monde où l’ « imperfection » était non seulement permise, mais accueillie avec douceur.

Dans cet espace, le voyageur apprit qu’il pouvait enfin être lui-même, ou du moins partir à la recherche de ce « je » qu’il croyait avoir perdu.

Mais que signifiait donc « être soi » ?

Parfois, il se souvenait d’un temps lointain où il connaissait ce « je », mais il avait l’impression qu’il s’était égaré, comme un ami d’enfance disparu depuis vingt ans. Alors, il se lança dans un periple, traversant des continents inconnus, franchissant des contrées sans paix, affrontant mille dangers, mais toujours avec l’espoir de retrouver ce précieux compagnon.

Sur son chemin, il dut traverser de vastes déserts, seul, n’entendant que la voix lointaine d’un guide bienveillant – le thérapeute. Dans ce désert, il ne pouvait compter que sur ses propres ressources, sans savoir depuis combien de temps il marchait, et puis il ne voyait même pas l’horizon. On lui avait dit que la traversée du désert serait affaire de confiance et de persévérance, mais parfois, la solitude était si grande qu’il n’entendait plus que les battements de son cœur.

Il arriva aussi que le « je » se cache, joueur, derrière un rocher ou sous une feuille, riant doucement lorsque le voyageur le découvrait : « Ah, tu étais là ? Je t’ai cherché partout, sans imaginer que tu étais si près, juste sous mon nez ! »
Parfois, ce « je » était insaisissable, glissant entre les doigts comme du sable. On croyait l’attraper, mais il s’échappait aussitôt, préférant rester discret, à peine effleuré. D’autres fois, le « je » semblait étouffé, peinant à respirer, et venait dans cet espace magique pour être ramené à la vie, comme par un souffle nouveau.

Il y avait aussi des « je » qui avaient oublié qui ils étaient, à certains âges, dans certains souvenirs. Ils vivaient dans plusieurs temps à la fois, et lorsqu’ils retrouvaient leur moi passé, ils étaient bouleversés par ce qu’ils découvraient. Mais, une fois ce « moi » oublié retrouvé, ils pouvaient enfin le ramener chez eux, le réchauffer, le nourrir, et lui promettre qu’il ne serait plus jamais seul dans la nuit froide.

Certains voyageurs venaient pour compléter leur dessin intérieur. Ils avaient tracé des contours de toutes les couleurs et voulaient savoir si leur œuvre était belle, s’ils pouvaient continuer, même si les « maîtres » du royaume leur avaient ordonné de dessiner un poisson. Eux avaient préféré dessiner un arbre, et se demandaient s’ils seraient acceptés ainsi. D’autres, ayant dessiné le poisson, s’interrogeaient : « Est-il conforme à ce qu’on attend de moi ? »

Dans ce lieu, il y avait aussi ceux qui accusaient sans cesse leur « je », le jugeant, le blâmant, incapables de faire la paix avec lui. L’espace devenait alors un tribunal, où le pauvre « je » attendait sa sentence, comme s’il avait commis l’irréparable. Mais ce « je » vivait dans le Pays du Passé, très lointain, difficile à atteindre.

La connexion avec la Terre du Passé était fragile, souvent coupée par des tempêtes. Il fallait réparer les ponts, renforcer les liens, jusqu’à ce que le « je » d’aujourd’hui comprenne que lui et celui du passé vivaient désormais dans des mondes différents, parlant des langues oubliées. Peu de voyageurs osaient s’aventurer sur ces terres, peuplées de dragons cracheurs de feu qui n’acceptaient pas les « je » n’appartenant pas à la Terre du Passé. La légende disait que seuls ceux au cœur pur, jamais touchés par les chimères à sept têtes, pouvaient y retourner et en revenir, porteurs d’une force insoupçonnée.

Roxana Mihalache Psychanalyste

Dans un univers parallèle, les chiens de Pavlov mènent l'expérience 😊🙃"Regarde ce que je peux faire faire à Pavlov. Dès ...
26/08/2025

Dans un univers parallèle, les chiens de Pavlov mènent l'expérience 😊🙃

"Regarde ce que je peux faire faire à Pavlov. Dès que je salive, il va sourire et écrire dans son petit carnet "

Une idée qui circule beaucoup aujourd’hui, c’est que le « mental » serait un vilain à mettre de côté, car il nous ferait...
25/08/2025

Une idée qui circule beaucoup aujourd’hui, c’est que le « mental » serait un vilain à mettre de côté, car il nous ferait plus de mal que de bien. On parle souvent de cette guerre éternelle entre le cœur et le mental, comme si l’on devait absolument « écouter son cœur » et ignorer tout le reste. Le mental, paraît-il, invente des scénarios catastrophes, nous échappe complètement, ne « dit pas la vérité » et nous trompe la plupart du temps. Il serait même responsable de nos insomnies, de nos soucis, et nous empêcherait de savourer l’instant présent. Bref, le mental a mauvaise presse !

Mais si l’on y regarde de plus près, on se rend vite compte que le mental n’est rien d’autre que ce que nous en faisons. Imaginez-le comme un jardinier un peu trop zélé : donnez-lui une petite graine de pensée – par exemple, « personne ne m’a appelé aujourd’hui, ça me rend triste » – et il va s’empresser de la planter, de l’arroser, et de la transformer en un immense bouquet de pensées du même genre. À partir de cette simple idée, il va en faire pousser d’autres : « Si on ne m’appelle pas, c’est que je ne suis pas intéressant… Je le savais déjà au collège, et puis ma mère ne m’a jamais encouragé, mon père ne m’a jamais dit qu’il m’aimait… » Et voilà que votre jardin intérieur se transforme en jungle amazonienne, avec lianes, mauvaises herbes et bestioles bizarres qui surgissent de partout ! On se retrouve à vouloir tout passer à la débroussailleuse, sans trop savoir comment on en est arrivé là.

Chercher à se débarrasser du mental ou à le faire taire, c’est un peu comme vouloir se séparer d’une main ou d’une jambe sous prétexte qu’on ne sait pas où elles vont nous emmener la semaine prochaine. Le mental fait partie de nous, au même titre que le cœur, le corps ou les émotions. Plutôt que de le mettre en compétition avec le reste, il s’agit d’apprendre à vivre en harmonie avec lui.

Notre mental, comme notre corps, a besoin de nourriture adaptée : un peu d’activité physique, une alimentation équilibrée, de la méditation, du sommeil, et surtout… des pensées qui font du bien ! Prendre soin de son jardin intérieur, c’est accepter d’y trouver parfois des surprises, mais aussi apprendre à cultiver des pensées qui produisent des états d’esprit qui soient en accord avec….soi-même.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : theastrologyplace

😬🫠🤓
23/08/2025

😬🫠🤓

Dans une relation amoureuse ou amicale, il arrive souvent que l’on fasse de nombreux compromis, espérant ainsi préserver...
22/08/2025

Dans une relation amoureuse ou amicale, il arrive souvent que l’on fasse de nombreux compromis, espérant ainsi préserver l’harmonie. Pourtant, malgré toute cette « bonté », les conflits persistent, s’aggravent parfois, et l’autre semble devenir de plus en plus indifférent, voire blessant. Tu es gentil, tu fais des concessions, tu dis oui pour éviter les tensions et retrouver la paix. Mais en agissant ainsi, l’autre ne perçoit plus les contours de ton « je » : il ne sait plus où tu commences, ni où tu t’arrêtes. Il ne peut pas te « dessiner » intérieurement, ni te donner une forme claire.

Ton existence devient floue à ses yeux, et peu à peu, tu deviens pour lui… n’importe quoi. Un « n’importe quoi » malléable, qui s’adapte à ses désirs, un « je » qu’il ne peut ni ressentir, ni toucher. Il continuera alors à tester tes limites, car il ne sait pas vraiment à « QUI » il a affaire : tu n’es pas défini par tes propres envies, goûts ou besoins. C’est comme s’il avançait dans le brouillard, cherchant à te trouver, mais ne te trouvant jamais vraiment, se sent finalement seul dans cette incertitude.
Il n’y a alors pas de véritable rencontre entre « toi » et « lui/elle ».

L’autre continue de te chercher, repoussant tes limites, te demandant inconsciemment : « Tu n’es pas là non plus ? Mais tu es où en fait ? » Et il continue de te « pousser ». De plus, celui qui repousse tes limites et à qui tu dis toujours oui sait, au fond, que ce « oui » n’est pas authentique. Il sent que ce n’est pas un « oui » mérité, car il ne vient pas de ton vrai désir, mais d’une envie d’être aimé, de préserver la paix, de lui faire plaisir sans te respecter toi-même. Ce « oui » sonne alors faux, et l’autre le ressent. Il continuera à te pousser à dire la vérité, à affirmer qui tu es, pour enfin créer une connexion sincère et profonde.

Roxana Mihalache

photo : theastrologyplace

DANS LA PEAU D'UNE ÉTRANGÈRE Ne pas parler ta langue tous les jours, c’est un peu comme faire la tête à ta mère, si j’y ...
19/08/2025

DANS LA PEAU D'UNE ÉTRANGÈRE

Ne pas parler ta langue tous les jours, c’est un peu comme faire la tête à ta mère, si j’y réfléchis bien. Et ce n’est pas cette large et débile bouille d’amour, comme quand je la voyais ou que je lui parlais, et que ses mots fondaient dans chaque cellule de mon corps pour me guérir avec son amour. Non, c’est cette moue viscérale, cette distance par laquelle tu te sépares d’elle, à tort et à travers chaque mot prononcé dans une autre langue. Celle que tu as adoptée jour après jour… ou plutôt, celle qui t’a adoptée, ELLE (!)…. heyyy… voilà c’était ça, j’ai trouvé ! On a cette langue qu’on appelle notre langue maternelle « maternelle », et la deuxième langue, c’est comme une belle-mère qui t’a recueilli et qui t’apprend à être différent, te rééduque. Au début, tu bafouilles, tu butes sur les mots, comme une protestation qui dure des années, où tu cries en fait : « Oùùùùù est mamaaaaan ?!?!? » Et des étrangers viennent te donner des bonbons verbaux, t’expliquent ce que signifient « biscornu » ou « boursoufflé », te font mamounetter et rire un peu, et tu oublies cette maman pendant un moment.

Parler deux langues, c’est comme avoir deux personnalités : une chose traverse ton esprit, une autre sort de ta bouche. C’est comme quand tu étais petit et que ta mère (ahhhh toujours elle !) te disait de faire attention à ce que tu disais. Ou comme si tu rejoignais une secte, qu’on te donnait un nouveau nom, une nouvelle vie, parce que l’ancien ne correspond plus à ta nouvelle vibration énergétique. C’est vrai. J’ai appris beaucoup de mots des premières personnes qui ont traversé ma vie ici, en France-maman-adoptive, comme le font les enfants. Beaucoup de ces mots, je m’en souviens grâce au contexte : je sais qui me les a dits, quand je les ai entendus pour la première fois, parce qu’ils portaient une charge émotionnelle, ils m’ont marquée par leur nouveauté. Les mots, les gens, le contexte.

Et je ne parle même pas des expressions… Il m’a fallu du temps (des années ?) pour comprendre « je t’en veux » – cette façon de désigner une rancœur, une frustration (jalousie ?) envers quelqu’un. Même si on me l’expliquait, il m’a fallu plusieurs contextes émotionnels pour enfin la saisir. Et puis il y a ces mots que j’ai bloqués, que je n’ai pas voulu comprendre, parce qu’ils étaient prononcés par des gens que je n’aimais pas, de qui je ne voulais rien apprendre. Comme à l’école, quand tu refuses d’étudier une matière parce que le prof te sort par les yeux.

Mais le vrai choc, c’est le jour où j’ai commencé à râler toute seule en français à la maison, et surtout à jurer en français quand je me cognais. Ouh là, alerte rouge ! Ça voulait dire que la mutation était en marche. Deux mamans, deux personnalités, c’était fait. Et le jour où j’ai rêvé en français… Game over ! Il fallait se rendre à l’évidence.
Quand j’ai enterré ma mère maternelle ici, en France, à la messe, le prêtre a dit « Yana » au lieu de « Jana », et sur sa croix, les pompes funèbres ont écrit « Dimitri » au lieu de « Dumitru ». HA-HA, je l’ai bien eue ! Je ne lui ai même pas dit, et de toute façon, elle ne comprendrait pas, on ne parle plus la même langue… Ça lui apprendra !

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : c'est ELLE

Avant de penser que tu es « dépendante affective », tu pourrais d’abord te demander si l’homme que tu as choisi répond v...
03/05/2025

Avant de penser que tu es « dépendante affective », tu pourrais d’abord te demander si l’homme que tu as choisi répond vraiment à tes besoins.

Est-ce que tu es trop dépendante ou as-tu choisi un homme distant et inaccessible émotionnellement ?

Est-ce que tu es trop insistante avec ton amour ou as-tu affaire à un homme qui ne veut pas trop s’engager ?

Est-ce que tu es « trop câline » ou es-tu en couple avec un homme qui n'aime pas le contact physique et la tendresse ?

Est-ce que tu es « trop sensible » ou as-tu affaire à un homme qui ne se connecte pas vraiment à tes émotions ?

Est-ce que tu es « trop demandeuse » ou as-tu choisi un homme avec un type de personnalité évitant ?

Est-ce que tu es « trop dépendante » de sa présence ou as-tu en fait trop asssoiffée ?

Quand tu as soif, tu peux facilement donner l’impression de dépendance, mais la véritable cause c’est que tu n’es jamais nourrie émotionnellement, ou trop peu. En fait, tu as très soif et tu demandes l'eau à un puits sec ou à une fontaine qui ne veut tout simplement pas s'ouvrir pour toi.

Avant de te cataloguer de quelque manière que ce soit, demande-toi plutôt pourquoi tu as choisi ce type d’homme : distant, absent, insensible à tes émotions, évitant, etc.

En contraste avec un tel homme, tu es naturellement vue comme une femme dépendante, insistante, qui souffre et exige de trop, la femme qui n’est jamais satisfaite. La femme qui attend et qui vit avec l'espoir qu'un jour son amour le guérira. « Peut-être qu'un jour il me verra, il m'entendra. « Peut-être qu’un jour il me comprendra enfin et me donnera l’amour que je mérite. »

Ce sont les échos de l'enfant traumatisée, qui n’a pas été pleinement nourrie émotionnellement et qui a formé un dialogue intérieur qui transformera plus t**d la femme-adulte en une « addict émotionnelle » : je suis trop insistante, trop exigeante, trop sensible, trop câline.

L'homme absent et distant que tu n’arrêtes pas de choisir est un rappel de ton enfance, tu continues de le choisir parce que c’est lui qui t’est familier et non pas celui qui serait attentif et aimant envers toi. Tu ne pourrais pas voir et choisir l'homme attentionné et aimant, car cela signifierait abandonner ton enfance douloureuse. L'homme aimant est un inconnu, ta structure émotionnelle ne le reconnaît pas, il est comme un étranger que ton monde intérieur ne parvient pas à identifier.

Si tu choisissais un homme aimant, tu n'aurais plus aucune raison de souffrir et de pleurer, et tant qu'il y aura encore des larmes de l'enfance que tu n’as pas pleurées, tu choisiras un homme absent qui t’ aidera à justifier (aussi) ces larmes.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : theastrologyplace

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La terr-en-l’airpeute

Ecrire sur soi-même n'est pas évident, surtout dans l'espace où tu prépares un espace pour les autres. L'espace de la dé-nommination prendra donc la forme de la nomination, et moi j'étais nommée par la famille, énumérée par la société, je me suis verbalisée par l'éducation afin de pouvoir me ré-nommer après, m'énumérer et me re-définir par tous ceux à qui je vais créer un espace où ils vont pouvoir se miroiter et se redéfinir pour pouvoir être-avec le monde. Avec leur monde, de là d'où commence la semence qui ne peut être définie que par un nom "propre".