01/11/2023
LA NUIT DE NOCES : 2 PARTENAIRES, UN LIT ET DES SIECLES D’INJONCTIONS GENREES AVEC OPPOSITION (donc confrontation, domination) ENTRE FEMININ ET MASCULIN PLUTÔT QUE COMPLEMENTARITE. CE PREMIER ECHANGE INEGAL EST ENSUITE ENTERINE PAR LES LOIS, LES NORMES MORALES ET LES REPRESENTATIONS QUI CODIFIENT L’IDENTITE FEMININE ET MASCULINE. (La Nuit de noces – Une histoire de l'intimité conjugale, Ed La Découverte, Sept 2023)
La nuit de noces a longtemps représenté un vide historiographique que l'historienne Aïcha Limbada cherche à combler à partir de sources nombreuses et variées. Les thématiques de l'ouvrage sont nombreuses et résonnent tout particulièrement dans l'actualité de nos sociétés, à l'heure du mouvement MeToo et des combats féministes (rapports de genre puis construction de rôles sociaux, consentement, émancipation des femmes...).
Au XIXe, il est surtout question d’un rite initiatique pour les femmes mais l'historienne voit la nuit de noces comme révélatrice des inégalités sociales entre «ceux qui savent et celles qui ne savent pas», puis insiste sur l'ignorance complète de certaines femmes, que l'on surnomme «les oies blanches». Elle apporte toutefois une nuance intéressante en mentionnant l'existence d'une ignorance masculine qui, loin d'être perçue comme une vertu –comme c'est le cas pour les femmes–, apparaît comme une véritable disqualification morale rompant avec la place qui lui est assignée dans la société du XIXe siècle…. La nuit de noces apparaît comme le moment par excellence de la «confrontation des sexes», au cours duquel s'opère une véritable réflexion sur les rapports de genre et leur construction au XIXe siècle. Aïcha Limbada démontre ainsi que le féminin et le masculin sont pensés en opposition plutôt que sous l'angle de la complémentarité, pourtant à la base de la relation charnelle hétérosexuelle. C'est par cette confrontation, selon elle, que les identités sexuelles du mari et de la femme sont confirmées. L'union sexuelle exige en effet, dès la première fois, une distribution des rôles témoin de la place de chacun dans la société. À l'homme revient l'initiative et l'initiation, témoignant de sa puissance virile de chef de famille; à la femme revient l'attitude d'élève docile, obéissante, en situation d’attente… L'historienne insiste ensuite sur le double standard de la morale, des normes et des rôles sexuels, à l'œuvre au XIXe siècle et qui perdure encore. Le caractère obligatoire et inégal de ce premier échange est, dans les faits, entériné par les lois, les normes morales, puis les représentations y compris scientifiques qui codifient les identités féminine et masculine… Ni le Code civil (1804) ni le dogme religieux ne requièrent la consommation sexuelle du mariage pour que ce dernier soit reconnu. Cependant, l'union charnelle qui suit traditionnellement l'échange des consentements est appréhendée socialement comme un élément incontournable de l'union matrimoniale. Ainsi, les normes sociales et religieuses imposent aux époux de se plier au devoir conjugal, dont le terme est hautement significatif car il «inscrit sémantiquement la sexualité conjugale sous le signe de l’obligation». Or le devoir conjugal et le consentement sexuel ne s'appliquent pas de la même manière aux hommes et aux femmes…
https://www.slate.fr/story/255443/nuit-noces-deux-partenaires-un-lit-siecles-injonctions-intimite-couple-aicha-limbada-decouverte?utm_source=ownpage&utm_medium=newsletter&utm_campaign=daily_20231030&_ope=eyJndWlkIjoiZTY3NWZmZTg3ZmJhNTBiYjM0MjBhMGY5NzMwYjU4NDMifQ%3D%3D
Au plaisir de lire vos prochains partages sur ”Equilibre Féminin-Masculin au fil des siècles” : https://www.facebook.com/profile.php?id=100044318363193