Clémence Grange Psychothérapeute - Hypnothérapeute - Psychanalyste

Clémence Grange Psychothérapeute - Hypnothérapeute - Psychanalyste Diplômée Master (Bac+5)
Psychothérapie/Accompagnement psychologique
Thérapie cognitive comportementale (TCC)
Hypnose Ericksonienne
Psychanalyse
Art-thérapie

Le perfectionnisme moral est une forme subtile et redoutable de servitude intérieure. Il ne s’agit pas simplement de vou...
24/09/2025

Le perfectionnisme moral est une forme subtile et redoutable de servitude intérieure. Il ne s’agit pas simplement de vouloir bien faire ; il s’agit de se soumettre à une exigence implacable, c'est à dire être irréprochable, toujours juste, toujours « bon », au point d’étouffer la part vivante, mouvante et faillible de soi. C’est une discipline secrète, silencieuse, qui ne s’affiche pas forcément dans les performances visibles mais qui enferme dans une prison plus intime : celle de la rectitude absolue.

Celui qui s’y soumet n’aspire pas à l’excellence mais à l’absence de faute. Pas à la générosité mais à la pureté. Pas à la responsabilité mais à l’innocence. Et c’est précisément cette quête de pureté qui blesse car elle dénie à l’humain sa condition, faite de contradictions, d’impulsions, d’ambivalences. L’exigence d’être toujours « du bon côté » n’ouvre pas sur l’intégrité mais sur la honte....Honte de ses colères, honte de ses désirs, honte de ses ratés, honte d’exister dans la complexité.

Le perfectionnisme moral use d’une arme redoutable qui est l’auto-surveillance. Le sujet devient son propre juge, inlassablement attentif au moindre écart, au moindre « faux pas » dans ses pensées, ses paroles, ses gestes. Et cette vigilance continue finit par absorber une énergie colossale, détournée de la vie créatrice et relationnelle. On croit s’élever, mais on se fige. On croit protéger les autres de son imperfection, mais on les prive de la vérité d’un être humain entier.

Ce qui est terrible dans cette mécanique, c’est que la norme n’est jamais atteinte. Chaque progrès devient la nouvelle base d’une exigence accrue. Chaque victoire morale efface aussitôt sa valeur, remplacée par une faute à éviter demain. Le perfectionnisme moral est donc une course dont l’arrivée recule à mesure qu’on avance. Il ne récompense jamais, il ne console pas. Il ne connaît pas la gratitude, seulement la dette.

Et pourtant, derrière cette dureté, il y a souvent une aspiration profondément humaine : ne pas faire de mal. Être digne de confiance. Offrir le meilleur de soi. Cette intention est belle, mais elle se déforme lorsqu’elle se transforme en absolu. Car ce n’est pas la bonté qui écrase, c’est l’obsession de ne jamais faillir. Or, la bonté véritable ne naît pas de la perfection mais de la vulnérabilité. Elle naît du courage d’admettre : "Je ne suis pas parfait, et c’est depuis cette imperfection assumée que je peux aimer et être aimé. "

Renoncer au perfectionnisme moral ne signifie pas se complaire dans la médiocrité ou l’irresponsabilité. Cela signifie accueillir en soi la pluralité de ses mouvements intérieurs. Cela signifie se reconnaître faillible, parfois maladroit, parfois injuste, mais toujours capable de réparation, d’ajustement, de croissance. La morale vivante n’est pas un code rigide, c’est un tissu de relations, de remords féconds, de réconciliations possibles.

Celui qui se libère du perfectionnisme moral découvre alors une vérité paradoxale : c’est au moment où l’on cesse de vouloir être irréprochable qu’on devient vraiment digne de confiance. Parce qu’on cesse de cacher ses ombres. Parce qu’on peut dire : "J’ai eu tort." Parce qu’on n’a plus besoin d’écraser sa propre humanité pour sauver une image.

Ainsi, le chemin n’est pas d’être « pur », mais d’être entier. Non pas impeccable, mais incarné. Non pas irréprochable, mais présent. La morale véritable n’est pas une ligne droite à suivre sans faillir, mais une danse fragile entre soi et le monde, entre ses élans et ses limites, entre sa lumière et ses zones d’ombre. Et c’est dans cette danse, imparfaite mais vivante, que réside la beauté la plus profonde de l’humain.

A bientôt au cabinet ✨

Clémence

22/09/2025
Célébrer l’automneL’automne n’est pas seulement une bascule du climat, il est une métaphore vivante de nos processus int...
22/09/2025

Célébrer l’automne

L’automne n’est pas seulement une bascule du climat, il est une métaphore vivante de nos processus intérieurs. Les arbres qui se dépouillent ne se meurent pas : ils se délestent. Ils renoncent à ce qui fut nécessaire un temps, mais qui ne leur servirait plus aujourd’hui. Nous aussi, dans nos vies psychiques, avons besoin d’apprendre cet art subtil du détachement. Non pas pour disparaître, mais pour préserver l’essentiel et ouvrir un passage vers une autre fécondité.

Chaque feuille tombée porte l’empreinte d’une histoire. Elle a capté la lumière, nourri la croissance, protégé la branche. Mais vient un moment où persister à la retenir serait un poids. Ce que la nature nous enseigne, c’est la capacité à reconnaître qu’une fonction, même précieuse, n’a plus lieu d’être, et qu’il est temps de laisser aller. Ainsi nos défenses, nos habitudes, nos rôles protecteurs ont eu leur utilité et parfois même ils nous ont sauvés. Mais l’équilibre psychique exige que nous sachions, un jour, les déposer avec gratitude.

L’automne ne nous invite pas seulement à perdre, il nous invite à transformer. Sous la couche des feuilles, le sol s’enrichit. Ce qui semblait chute est en réalité semence. Nos expériences douloureuses, nos renoncements, nos deuils : ils deviennent l’humus de notre maturité. Rien ne s’efface, tout se transforme. Nous croyons souvent que grandir, c’est ajouter, accumuler, conquérir. L’automne nous rappelle que grandir, c’est parfois soustraire, simplifier, revenir à la nudité de l’arbre qui se dresse face au vent.

Il y a dans cette saison une invitation à la lenteur et à l’introspection. Le soleil décline, la lumière se tamise, et dans ce voile progressif, nous sommes amenés à regarder autrement. Comme si la clarté extérieure diminuait pour ouvrir la voie à une clarté intérieure. L’automne est le moment du recueillement, non pas un enfermement, mais une lucidité. L’arbre nu n’est pas faible, il est vrai. Il se montre tel qu’il est, sans masque. Nous aussi, il nous arrive d’être traversés par des périodes où nos forces se retirent, où nos parures tombent. Mais ce dépouillement révèle alors la structure profonde, ce qui, en nous, tient debout.

Accueillir l’automne, c’est apprendre à aimer les transitions. À comprendre que la vie n’est pas un printemps permanent, ni un été infini. L’équilibre psychique se construit dans l’acceptation des cycles, dans l’intime conviction que la perte prépare la renaissance. Les tempêtes émotionnelles, les phases de doute ou de lassitude ne sont pas des anomalies, elles sont les saisons nécessaires de l’esprit. Refuser ces passages, c’est se condamner à la rigidité. Les accueillir, c’est se donner la chance de renaître au moment juste.

Dans cette danse des saisons, l’automne est une leçon de courage. Non pas le courage de combattre, mais celui de consentir. Consentir à la fin d’un cycle, consentir à la fragilité, consentir à l’incertitude de ce qui viendra ensuite. C’est un courage immense que de ne pas savoir et d’accepter malgré tout.

Ainsi, célébrer l’automne, ce n’est pas se résigner. C’est au contraire honorer la profondeur de la vie psychique. C’est reconnaître que le dépouillement n’est pas un effondrement, mais une préparation. Que la tristesse des couleurs qui s’éteignent porte en elle une intensité que la lumière crue de l’été ne connaît pas. Que la mélancolie elle-même peut devenir source de clarté, si nous savons la contempler sans la fuir.

Alors, aujourd’hui, en accueillant l’automne, rappelons-nous ceci : nous ne perdons jamais vraiment. Nous transformons. Chaque feuille qui tombe est une preuve de vitalité, un acte de fidélité à la vie qui continue. Et peut-être que, comme les arbres, nous avons à apprendre que notre force n’est jamais dans ce que nous retenons, mais dans ce que nous savons laisser aller.

Avec bienveillance ✨

Clémence

Prendre soin du lien : un défi essentiel pour notre sociétéIl existe une vérité discrète mais incontournable : la qualit...
20/09/2025

Prendre soin du lien : un défi essentiel pour notre société

Il existe une vérité discrète mais incontournable : la qualité de nos liens détermine la qualité de nos vies. Pas seulement nos liens intimes, pas seulement ceux qui nous relient à nos proches, mais l’ensemble des fils invisibles qui nous tiennent debout. La manière dont nous nous adressons à un inconnu, la façon dont nous reconnaissons l’existence de l’autre dans un regard, l’attention portée aux mots que nous déposons sur quelqu’un. Ces gestes, que nous croyons souvent insignifiants, façonnent en réalité l’ossature psychique et émotionnelle d’une société.

Le lien n’est pas une évidence. Il se construit, se soigne, se nourrit ou il s’effrite. Et lorsqu’il se délite, ce n’est pas seulement une relation qui s’affaiblit, c’est tout un tissu social qui se fragilise, ouvrant la porte à l’isolement, à la méfiance, à la violence. Nous vivons dans une époque où l’individualisme, la vitesse et la distraction permanente nous poussent à croire que nous pouvons exister séparément, que notre autonomie se suffit à elle-même. Pourtant, chaque être humain demeure un organisme profondément relationnel et privé de lien, il dépérit.

Prendre soin du lien, c’est d’abord reconnaître qu’il ne se réduit pas à l’affection ou à la proximité. Il se déploie dans la qualité de présence. Être là, vraiment là, quand l’autre parle. Offrir un espace de sécurité où la parole peut circuler sans jugement. Laisser une respiration entre ses propres pensées pour accueillir celles de l’autre. Le lien, c’est cette rencontre entre deux subjectivités qui se reconnaissent mutuellement, qui admettent l’existence d’une altérité irréductible et qui choisissent pourtant de rester ensemble.

Ce soin n’est pas une délicatesse superflue. Il est un acte de responsabilité. Car le lien, lorsqu’il est négligé, devient source de fractures au sein des familles, des couples, des amitiés, mais aussi dans les entreprises, les quartiers, les institutions. Quand le lien n’est plus nourri, le vide qu’il laisse est occupé par la défiance. Et la défiance, à grande échelle, devient le terreau de la polarisation, de l’agressivité, de l’exclusion.

Prendre soin du lien, c’est aussi accepter qu’il soit fragile. Il n’existe pas de lien "installé une fois pour toutes". Chaque lien exige une attention continue, un entretien humble, comme un jardin qui demande de l’eau, de la lumière et du temps. Le lien ne supporte pas l’automatisme. Il réclame la conscience. Il appelle à se souvenir que l’autre est vivant, mouvant, changeant et que c’est dans cette dynamique que la relation trouve sa force.

Prendre soin du lien, enfin, c’est se rappeler que derrière les besoins matériels, les ambitions, les conflits, c’est toujours une soif de reconnaissance qui se cache. L’humain a besoin d’être vu, entendu, accueilli. Quand il ne l’est pas, il se cabre, se défend, se replie ou attaque. Quand il l’est, il s’apaise, il s’ouvre, il crée. Ainsi, chaque fois que nous choisissons d’écouter réellement quelqu’un, de valider sa présence, nous faisons plus que lui offrir une attention : nous contribuons à une société moins dure, moins froide, moins fracturée.

Alors oui, prendre soin du lien est un défi. Parce qu’il suppose de ralentir dans un monde pressé. Parce qu’il exige de dépasser l’ego pour se tourner vers l’autre. Parce qu’il nous contraint à admettre notre vulnérabilité, à admettre que nous avons besoin les uns des autres et cette dépendance n’est pas une faiblesse, c’est notre condition humaine.

Le véritable progrès d’une société ne se mesure pas uniquement à sa technologie, à son économie ou à ses innovations. Il se mesure aussi à la chaleur de ses liens, à la capacité de ses membres à se reconnaître mutuellement comme dignes de respect et de considération.

Prendre soin du lien, c’est réapprendre l’art fondamental de l’humanité. Se tenir ensemble, non pas malgré nos différences, mais avec elles. C’est oser croire qu’au cœur des fractures, le lien peut redevenir le ciment. C’est choisir la relation comme une force, non comme un risque.

Et si nous en faisions notre responsabilité commune, alors nous pourrions, peut-être, transformer en profondeur ce que nous appelons "vivre ensemble".

Avec bienveillance

Clémence ✨

Le paradoxe du lien amoureuxAimer, c’est entrer dans une expérience où le besoin vital de se sentir en sécurité se confr...
16/09/2025

Le paradoxe du lien amoureux

Aimer, c’est entrer dans une expérience où le besoin vital de se sentir en sécurité se confronte à la fragilité radicale de l’existence. Dans le lien amoureux, chacun cherche un port d’attache, une certitude, une évidence. Mais l’évidence de l’amour n’existe pas : elle doit être réinventée, réaffirmée, éprouvée. Et c’est précisément là que naît le paradoxe.

Car plus on désire l’assurance de l’amour, plus on est tenté de la mettre à l’épreuve. On teste, on provoque, on se retire, on observe. Non pas pour blesser, mais pour vérifier : « Resteras-tu si je ne suis plus à la hauteur ? Supporteras-tu mes ombres comme mes élans ? » Dans ce geste, l’appel à l’amour devient sa propre menace. On cherche à se rassurer en générant l’instabilité même qui fragilise le lien.

Ce paradoxe est humain, universel. Il ne parle pas de pathologie, mais de la condition de tout être qui s’attache. Derrière l’envie de tester se cache une peur plus profonde : celle de découvrir que l’amour n’est pas inconditionnel, que l’on peut être aimé pour ses lumières mais abandonné pour ses failles. Alors, plutôt que de risquer la surprise de l’abandon, certains préfèrent le provoquer, croyant garder ainsi un semblant de contrôle : « Si je crée la tempête, je saurai au moins de quoi elle est faite. »

Mais l’amour, lorsqu’il est authentique, n’a pas besoin de preuves spectaculaires. Il s’éprouve dans le quotidien, dans les gestes minuscules qui résistent au temps. L’épreuve ultime n’est pas celle de la souffrance infligée à l’autre, mais celle de la confiance accordée sans filet. Accepter d’aimer, c’est accepter de ne pas savoir si l’autre restera. C’est faire le pari qu’au-delà des doutes et des tempêtes, il y a une solidité discrète, tissée dans la durée et la répétition des gestes simples.

Ce paradoxe révèle une vérité fondamentale : aimer, c’est se mettre en danger. C’est tendre son cœur vers une incertitude, en sachant que rien ne garantit que l’autre ne partira pas. Mais c’est aussi cela qui fait la grandeur de l’amour : il ne tient pas sa valeur de sa sécurité, mais de sa vulnérabilité. L’amour qui ne peut pas se perdre n’existe pas ; et c’est justement parce qu’il peut se perdre qu’il est précieux.

Nous sommes tous traversés par cette tension : vouloir l’absolu d’un lien indestructible, tout en sachant que le lien est mortel, fragile, exposé. Le paradoxe du lien amoureux ne se résout pas. Il s’habite. Et plus nous cherchons à le contrôler, plus nous risquons de le détruire. L’enjeu n’est donc pas de prouver ou de tester, mais d’apprendre à rester, malgré l’incertitude, dans cet espace où la confiance n’est jamais donnée une fois pour toutes, mais choisie, chaque jour.

Aimer, en définitive, c’est accepter l’imperfection du lien, son instabilité, son risque. C’est reconnaître que la peur de perdre fait partie intégrante de l’amour, et qu’elle en souligne la valeur. L’amour véritable ne se prouve pas par des épreuves, il se construit dans la constance fragile d’une présence. C’est ce fragile-là, précisément, qui en fait une force.

Clémence ✨

La charge mentaleLa charge mentale n’est pas un simple trop-plein d’activités, ni une question de mauvaise organisation....
10/09/2025

La charge mentale

La charge mentale n’est pas un simple trop-plein d’activités, ni une question de mauvaise organisation. C’est un mécanisme beaucoup plus subtil, invisible, qui use non pas seulement le temps, mais l’être tout entier. Ce n’est pas l’empilement de tâches qui l’épuise, mais la vigilance constante, la tension invisible de l’esprit qui anticipe, prévoit, ajuste, se souvient, répare.

La charge mentale, c’est l’art de penser pour plusieurs quand on ne devrait avoir à porter que ses propres pensées. C’est cette veille permanente qui ne s’interrompt jamais : se rappeler de ce qui doit être fait, de ce qui risque de ne pas l’être, de ce qui arriverait si l’on oubliait. C’est vivre dans une sorte d’avant-scène, où l’esprit joue sans cesse une pièce qui n’aura jamais de fin, répétant chaque réplique à l’avance pour que rien ne s’écroule.

Elle ne se mesure pas au nombre de cases cochées sur une liste, mais à l’usure silencieuse de celui ou celle qui ne peut s’autoriser à déposer la responsabilité, ne serait-ce qu’un instant. Elle ronge dans les marges : le sommeil troublé, la digestion lourde, la respiration courte. Elle s’infiltre jusque dans le repos, car même lorsqu’on cesse d’agir, on ne cesse pas de penser.

La charge mentale ne se voit pas. Et c’est peut-être là qu’elle trouve sa cruauté. On peut observer la fatigue d’un corps, les heures accumulées, la lassitude d’un visage. Mais ce flux invisible de rappels intérieurs, ce monologue ininterrompu, cette anticipation qui ne laisse aucun répit, personne ne le voit. Personne sauf celui qui le porte.

Elle ne tient pas seulement dans l’idée de faire, mais surtout dans l’obligation de ne pas oublier. Le « penser pour » précède le geste. Le geste peut être délégué, mais pas toujours la pensée. Alors elle s’accroche au quotidien comme une seconde peau. Une peau qui colle, qui empêche de respirer librement.

La charge mentale est une prison sans murs. Pas de cadenas, pas de chaînes, mais une vigilance qui enferme plus sûrement que l’acier. C’est ce qui épuise bien plus que l’action elle-même, la sensation que rien ne peut s’arrêter, que si l’on relâche une seconde, tout s’effondre.

Et le paradoxe, c’est que celui qui en souffre est souvent celui qui veut le moins faillir, celui qui se sent responsable de maintenir l’équilibre, d’assurer la cohérence d’un ensemble qui dépasse sa seule personne. La charge mentale est ainsi liée à une forme d’amour, de loyauté, de souci de l’autre. Mais à force d’aimer, on s’oublie. À force de veiller, on s’éteint.

La seule manière de l’alléger n’est pas de distribuer des tâches comme des miettes, ni de réorganiser un emploi du temps saturé. La vraie libération se joue plus profondément, elle commence quand l’autre accepte de penser avec. Quand le fardeau cesse d’être un monologue pour devenir un dialogue. Quand le monde autour cesse d’attendre qu’on soit l’horloge vivante qui régule tout, et qu’il se met à porter lui-même une partie du temps, une partie de l’angoisse, une partie de la mémoire.

Car ce n’est pas tant de faire qui pèse, mais d’être le seul à y penser.

La charge mentale nous rappelle ainsi une vérité simple, c'est que l’équilibre ne se trouve pas en faisant toujours plus, mais en osant exister autrement, en acceptant que la responsabilité n’a de sens que lorsqu’elle est partagée. C’est là qu’on respire à nouveau, qu’on redécouvre le silence intérieur, cet espace mental vierge qui n’est pas un luxe mais une nécessité vitale.

Et peut-être que le premier pas est d’oser le dire. Non pas pour se plaindre, mais pour témoigner : voilà ce que je porte, voilà pourquoi je m’épuise. Nommer l’invisible, c’est déjà commencer à le délier.

A bientôt au cabinet ✨

Clémence

"Courage"... Il existe un mot que l’on croit généreux, réconfortant, universel. Un mot que l’on lance comme une formule ...
08/09/2025

"Courage"...

Il existe un mot que l’on croit généreux, réconfortant, universel. Un mot que l’on lance comme une formule magique, persuadé qu’il suffit à apaiser : « courage ». Mais ce mot est souvent tout sauf une présence. C’est un paravent, une manière polie de détourner les yeux.

Lorsqu’on se décide à confier une souffrance, à livrer un morceau de son intimité la plus vulnérable, c’est un acte risqué. On tend sa douleur comme une offrande fragile. On s’expose. Et que reçoit-on trop souvent en retour ? Une injonction à tenir. « Courage ». Comme si l’on n’en avait déjà pas usé jusqu’à la corde, de ce courage. Comme si ce mot, balancé à la va-vite, pouvait compenser la fatigue, la peur, l’usure, l’épreuve.

En réalité, « courage » est un mot qui rassure davantage celui qui le prononce que celui qui le reçoit. Il clôt la conversation. Il permet de se protéger de l’embarras d’écouter, de la gêne d’être impuissant. Il gomme l’intensité du vécu et renvoie subtilement le fardeau à celui qui souffre : « Tiens, tiens bon. Fais le travail toi-même. Moi, je t’envoie un petit talisman verbal, mais ne compte pas sur ma présence. »

On pourrait croire que c'est injuste de dire cela parce qu'après tout, beaucoup le disent avec bonne intention. Mais justement, c’est là le problème : une bonne intention peut devenir une arme quand elle dispense d’entrer vraiment en relation. Car au fond, qu’est-ce qui soigne dans la parole partagée ? Ce n’est pas qu’on nous encourage comme on le ferait pour un coureur fatigué sur le bord d’une route. C’est qu’on nous reconnaisse. C’est qu’on nous dise : « J’entends ta douleur. Je ne la minimise pas. Je ne fuis pas. Je reste là. »

Un silence habité, une écoute vraie, un regard qui ne cherche pas à détourner la souffrance mais à l’accueillir, voilà ce qui soutient. Voilà ce qui donne réellement la force de continuer. Pas une injonction. Pas un slogan. Pas un mot-clé recyclé, répété mille fois, vidé de sa substance.

Car il faut bien le dire : « courage » est devenu une formule creuse, une politesse déguisée en soutien. Et parfois même, une violence. Car il nie la légitimité de notre lassitude, de notre désarroi, de notre effondrement. Il sous-entend : « ne faiblis pas, tiens encore, fais front. » Comme si flancher était interdit. Comme si la vulnérabilité n’avait pas droit de cité.

Mais la vérité, c’est que nous n’avons pas toujours besoin de courage. Nous avons besoin d’espace. De reconnaissance. De chaleur humaine. Nous avons besoin que quelqu’un accepte de rester au bord du gouffre avec nous, sans détourner le regard, sans plaquer de pansement verbal.

Il n’y a rien de plus humain que d’être impuissant face à la détresse de l’autre. Rien de plus vrai que de dire : « je ne sais pas quoi dire, mais je suis là ». Cette phrase, si humble, contient plus de force que mille « courage ». Parce qu’elle n’esquive pas. Parce qu’elle assume la nudité de la relation. Parce qu’elle offre une présence, et non un mot-bouclier.

Alors oui, la prochaine fois qu’on nous dira « courage », on saura. On saura que derrière ce mot se cache souvent l’incapacité d’affronter la profondeur de ce que l'on vient de partager. Et plutôt que de nous y accrocher, on choisira d’écouter ce qu’il révèle : le vide de l’autre, sa peur, son désarroi.

Et nous nous rappellerons ceci : la vraie force n’est pas dans les slogans, mais dans le lien. La vraie consolation ne vient pas des mots convenus, mais de la présence silencieuse et sincère. La seule chose dont nous ayons vraiment besoin, ce n’est pas de courage emprunté, c’est d’une humanité partagée.

Avec bienveillance ✨

Clémence

Le mariage des polarités En chacun de nous cohabitent deux forces, deux langages intérieurs qui ne s’opposent pas mais s...
31/08/2025

Le mariage des polarités

En chacun de nous cohabitent deux forces, deux langages intérieurs qui ne s’opposent pas mais se cherchent, comme deux courants qui s’enlacent pour former une seule rivière. Une part que l’on nomme « féminine » et une part que l’on dit « masculine ». Ces mots ne désignent ni un genre ni une appartenance sociale, mais les deux dynamiques les plus essentielles de la vie psychique. L’une s’ouvre, recueille, accueille ce qui tremble et respire ; elle est la matrice de la sensibilité, la profondeur qui relie, la clairvoyance des émotions subtiles, la coupe tendue vers l’invisible. L’autre se dresse, trace, déploie ; elle est la charpente qui soutient, l’audace qui décide, la frontière qui permet l’essor, le feu qui arrache l’élan au silence.

L’humain est cet être traversé par les deux : une chambre d’écho où l’élan et l’accueil se répondent comme deux notes inséparables d’un même accord. Et lorsque l’un étouffe l’autre, l’édifice se fissure. Trop d’accueil sans pilier, et l’on se dissout dans l’attente des autres, absorbé par des vents qui ne sont pas les nôtres. Trop d’affirmation sans source intérieure, et l’on devient armure vide, mécanique de contrôle, force qui s’effondre au premier souffle. L’équilibre, ce n’est pas le partage d’un territoire, c’est une conversation vivante : la sensibilité qui féconde l’action, l’action qui protège la sensibilité. Comme la systole et la diastole du cœur, c’est un rythme, pas une règle.

Cet équilibre ne se pense pas, il se respire. Il passe sous la peau, irrigue nos choix, colore nos gestes les plus infimes. Il traverse la manière dont nous aimons, dont nous refusons, dont nous créons. Il est danse invisible. Quand le refus devient une tendresse qui nous garde debout, quand l’émotion devient une clairière où le désir se prépare. Rien n’est plus humain que cette circulation intime entre les deux pôles. Là où l’intellect voudrait classifier et enfermer, la vie nous rappelle que nous sommes faits pour osciller, vibrer, respirer entre l’intérieur et l’extérieur, entre l’abandon et la maîtrise. L’équilibre n’est jamais un état figé : c’est une marée, une respiration infinie, une musique qui se réaccorde sans cesse au fil des jours.

Mais notre époque nous presse de choisir. Être fort ou sensible, tranchant ou perméable, logique ou intuitif. Comme si pour appartenir il fallait consentir à une mutilation intérieure. Ces choix sont des mirages : nous ne sommes jamais seulement l’un, jamais réduits à une case, jamais prisonniers d’un seul visage. Ce qui nous fragilise n’est pas d’abriter deux polarités, mais d’oublier qu’elles se complètent, qu’elles se nourrissent. La véritable maturité commence le jour où elles cessent de se disputer la première place et découvrent qu’elles s’éclairent l’une l’autre. Alors, la vulnérabilité devient puissance de profondeur, la force se fait douceur lucide, et la tension cesse d’être fracture pour devenir souffle. L’équilibre n’est pas un compromis, mais une dilatation de l’être : non pas moitié, mais alliance.

Marier le féminin et le masculin en soi, ce n’est pas résoudre une équation, c’est consentir à une orchestration. Non plus guerre civile entre deux voix, mais polyphonie. L’une montre le sens, l’autre bâtit la voie. L’une sans l’autre s’épuise ou se raidit ; ensemble elles donnent chair et densité à l’existence. On ne devient pas neutre : on devient vaste. On ne devient pas tiède : on devient traversé. Et cela se lit jusque dans le corps. Le regard garde sa clarté sans perdre sa douceur, la parole s’allège sans cesser de toucher, la présence devient à la fois ferme et hospitalière. Alors, on ne lutte plus contre soi, on respire à l’unisson.

Dans ce mariage intérieur, quelque chose se dénoue. Nous cessons de vouloir réduire notre visage à une seule image, et nous consentons à être traversés par plusieurs. Nous ne sommes plus prisonniers de la caricature de nous-mêmes, nous devenons cette respiration profonde, ce battement vivant, ce passage où le féminin et le masculin cessent de se défier pour engendrer ensemble la plénitude d’être humain.

Clémence ✨

✨ Tracer ses propres constellations ✨La vie ressemble à un ciel nocturne. Non pas parce qu’elle serait vaste ou mystérie...
28/08/2025

✨ Tracer ses propres constellations ✨

La vie ressemble à un ciel nocturne. Non pas parce qu’elle serait vaste ou mystérieuse, ces métaphores sont trop faciles, mais parce qu’elle se déploie comme une étendue où tout semble dispersé, chaotique, parfois incompréhensible, et où pourtant un ordre plus profond se dessine. Nous croyons souvent qu’il faudrait n’avoir que des étoiles claires pour être heureux : des réussites, des relations harmonieuses, des certitudes. Mais le ciel n’est pas seulement un amas de lumières : il est fait d’ombre, de vides, d’interruptions, et c’est précisément ce contraste qui permet aux astres d’exister. Si tout était uniformément lumineux, rien ne serait visible. De la même manière, nos douleurs, nos échecs, nos silences intérieurs ne sont pas des accidents à effacer : ils constituent le fond nécessaire contre lequel nos élans, nos choix et nos liens prennent relief.

Or, dans la vie comme dans le ciel, rien n’est statique. Les étoiles elles-mêmes que nous observons sont des traces du passé : certaines sont mortes depuis des millénaires mais leur lumière continue de nous atteindre. Il en est de même de nos expériences : des blessures anciennes nous éclairent encore aujourd’hui, parfois en nous alourdissant, parfois en guidant subtilement nos pas. Nous sommes donc faits de ce paradoxe... Traversés par le présent et, en même temps, habités par des éclats d’histoires révolues. Comprendre cela, c’est se libérer de l’illusion qu’il faudrait effacer son passé pour avancer. Il ne s’agit pas de supprimer les vieilles lumières mais d’apprendre à les situer dans la constellation de notre existence.

Ce qui nous égare le plus souvent, c’est notre habitude à ne regarder qu’une étoile isolée : un problème, une angoisse, une perte. L’esprit humain a tendance à fixer ce qui blesse, à tourner en boucle autour d’un point lumineux ou douloureux, jusqu’à oublier l’immensité autour. Mais une étoile n’a de sens que par les liens invisibles qu’on trace entre elles. De même, nos vies ne prennent sens qu’en reliant nos expériences, en dessinant des constellations intérieures. Relier, c’est donner forme. Et dès lors qu’un sens apparaît, même fragile, la souffrance se transforme en une donnée intégrée, au lieu de rester une fracture ouverte.

Nous croyons souvent qu’il faut chercher le ciel le plus pur pour voir les étoiles. Mais les astrophysiciens savent que c’est en utilisant d’autres spectres, d’autres regards, qu’on découvre des galaxies entières invisibles à l’œil nu. C’est un enseignement puissant... Ce n’est pas en cherchant toujours plus de clarté que nous comprenons mieux notre vie mais en apprenant à changer d’angle, à diversifier nos façons de regarder. Nos ressources psychiques sont comme des instruments, certains captent l’évidence, d’autres perçoivent l’infra-minime. Oser changer de regard, c’est ouvrir des portes vers des dimensions de nous-mêmes insoupçonnées.

Et si la vie nous paraît parfois insupportable, c’est que nous oublions que nous faisons partie de ce ciel. Nous ne sommes pas seulement les observateurs, nous sommes aussi matière d’étoiles. Nos neurones, nos émotions, nos liens, tout en nous est issu de cycles de destruction et de création. Une étoile doit s’effondrer pour donner naissance à de nouveaux mondes. De la même façon, nos effondrements intérieurs, nos moments de chute, portent déjà la promesse de recompositions. Ce n’est pas une consolation naïve, c’est une loi de structure. Rien ne se perd dans l’expérience humaine, tout se transforme.

Ainsi, vivre ne consiste pas à chercher une étoile fixe à adorer, ni à se désespérer de l’obscurité. Vivre, c’est accepter d’être ce ciel mouvant, fait de lumières et de vides, de passés qui brillent encore et d’avenirs en gestation. C’est apprendre à dessiner ses propres constellations plutôt que de suivre celles qu’on nous impose. C’est reconnaître que nos ombres sont nécessaires, que nos effondrements participent à nos renaissances, et que nos cicatrices émettent, elles aussi, une lumière. Alors la vie cesse d’être un chaos menaçant, elle devient un espace immense où tout trouve place, où chaque fragment contribue à un dessin plus vaste. Et soudain, ce qui semblait douloureux ou absurde révèle une cohérence, non pas une réponse toute faite, mais une invitation à poursuivre le mouvement, à continuer de tracer du sens, comme on relie les étoiles pour inventer une nouvelle constellation...

Avec bienveillance ✨

Clémence ✨

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