Clémence Grange Psychothérapeute - Hypnothérapeute - Psychanalyste

Clémence Grange Psychothérapeute - Hypnothérapeute - Psychanalyste Diplômée Master (Bac+5)
Psychothérapie/Accompagnement psychologique
Thérapie cognitive comportementale (TCC)
Hypnose Ericksonienne
Psychanalyse
Art-thérapie

On dit souvent, et à juste titre, que l’autisme est un « trouble ». Mais ce mot, rond et administratif, a la mauvaise ha...
08/08/2025

On dit souvent, et à juste titre, que l’autisme est un « trouble ». Mais ce mot, rond et administratif, a la mauvaise habitude d’aplatir la complexité en une seule étiquette. Ce que je vous propose ici n’est pas une définition clinique à tiroirs, ni un catalogue de symptômes. C’est une lecture sensible, ancrée et exigeante : un déplacement d’angle pour voir l’autisme non pas comme une défaillance unique à réparer, mais comme une modalité cognitive, sensorielle et relationnelle singulière porteuse de forces, de fragilités et d’exigences concrètes pour nos pratiques cliniques, nos institutions et nos vies communes.

Imaginez un monde perçu à partir d’un rythme interne différent : l’intensité des sensations, la granularité des sons, la littéralité du langage, la profondeur d’un intérêt. Pour certaines personnes autistes, l’environnement n’est pas un décor neutre mais un flux d’informations parfois bruissant, parfois trop pauvre, que le cerveau trie, hiérarchise et porte en permanence. Ce tri n’est ni « mieux » ni « pire » : il est différent. Il produit une manière de penser qui privilégie la précision, la cohérence interne, la logique des systèmes, la fidélité à des règles intimes. Et comme toute modalité, elle s’épanouit quand on lui donne de bonnes conditions, et peine quand elle est contrainte.

Parler d’autisme, ce devrait être d’abord apprendre à écouter autrement : entendre des silences, repérer des régularités atypiques, reconnaître que l’expression émotionnelle ne se conforme pas toujours à nos canons. L’empathie clinique n’est pas simplement reconnaître la douleur de l’autre ; c’est reconnaître aussi la manière dont l’autre organise sa relation au monde et s’adapter à cette organisation.

« Spectre » n’est pas un mot marketing : il est la clef. L’autisme est extraordinairement polymorphe. Certaines personnes ont un langage verbal riche et un isolement relationnel marqué ; d’autres parlent peu mais tissent des liens profonds à leur façon. Des différences sensorielles extrêmes peuvent cohabiter avec des talents pour les abstractions, la mémoire, les systèmes. Cette variété oblige l’humilité intellectuelle : fuir les portraits robots, refuser les checklist comme verdict ultime et réapprendre à individualiser, sans réduire la personne à ses comportements observables.

Beaucoup apprennent à « jouer » la neurotypie. Apprendre les codes sociaux comme on apprend un instrument ; masquer la fatigue sensorielle derrière un sourire. Ce camouflage sauve parfois d’une stigmatisation immédiate, mais il coûte : énergie, identité, anxiété, dépression. En clinique, savoir repérer ce coût invisible est fondamental. Les signes sont subtils : épuisement après des interactions sociales, automatisation du mimétisme, incongruences entre discours et ressentis. Prendre ce coût au sérieux, c’est éviter que l’aide devienne instrumentalisation.

Le soin efficace n’est pas celui qui vise la normalisation, mais celui qui soutient l’autonomie, la sécurité et la qualité de vie. Trois principes pratiques peuvent orienter une clinique rénovée :

1. Humilité épistémique : accepter que notre cadre théorique est une paire de lunettes, non une vérité. Demander, vérifier, écouter les récits de vie. L’expertise la plus décisive est souvent celle de la personne concernée.

2. Co-construction des objectifs : les objectifs thérapeutiques doivent émerger du dialogue : réduction de la souffrance, augmentation des marges de manœuvre sensorielle, apprentissage d’outils pragmatiques (routines, supports visuels), amélioration des relations par des adaptations partagées.

3. Neuro-affirmation : favoriser l’acceptation de soi et des adaptations environnementales plutôt que d’assigner la personne à un « idéal social ». Les interventions qui renforcent les compétences pratiques sans culpabiliser (enseignement explicite des codes, stratégies de régulation, aménagements sensoriels) respectent la dignité.

Voici des gestes cliniques et institutionnels qui changent la vie :

- Avant toute séance, demander les préférences sensorielles et communicationnelles : lumière, bruit, durée, modalités (oral, écrit, par chat).

- Utiliser des supports visuels systématiquement : schémas, agendas, plans de séance. La clarté réduit l’anxiété.

- Fractionner les interactions longues en segments repérables ; prévoir des pauses et des signaux de sortie.

- Enseigner explicitement ce que d’autres apprennent par induction sociale (codes, sous-entendus), sans stigmatisation.

- Promouvoir des environnements sensoriels adaptables dans les écoles, lieux de travail et cabinets (espaces calmes, options de retrait, horaires modulables).

- Valoriser les intérêts spéciaux comme leviers thérapeutiques et professionnels plutôt que comme symptômes à contester.

Changer notre regard sur l’autisme n’est pas seulement une affaire clinique : c’est politique. Cela demande que les systèmes (éducation, travail, santé) cessent de mesurer la réussite sur un seul étalon social et adoptent la souplesse : modalités d’évaluation diversifiées, aménagements raisonnables, pratiques inclusives qui réduisent la nécessité de camouflage. Cela suppose aussi d’inclure les personnes autistes dans la recherche, la formation professionnelle et la gouvernance des politiques qui les concernent, pas comme objets d’étude, mais comme co-auteur·es de la transformation.

Les progrès neuroscientifiques et cliniques ont affiné notre compréhension des différences sensorielles, de la connectivité et des trajectoires développementales. Mais la science la plus utile est celle qui interroge ses finalités : comment ces connaissances améliorent-elles les conditions concrètes d’existence ? La recherche doit se tourner davantage vers les interventions qui accroissent le bien-être, mesurent le coût du camouflage, évaluent l’impact des aménagements environnementaux et intègrent la subjectivité vécue.

Pensez à une ville conçue pour une vitesse unique... Impossibilité d’accueillir les cyclistes, les piétons, les poussettes, les fauteuils roulants... À l’inverse, une cité vraiment vivable est celle qui reconnaît différents rythmes, qui aménage des voies lentes et rapides, des zones calmes et des places animées. Accueillir l’autisme de façon humaine et efficace, c’est construire une ville intérieure et sociale à plusieurs vitesses : où chacun peut trouver des chemins pour exister, apprendre, contribuer.

Ce texte n’abolira pas les débats ; il n’a pas vocation à clore la discussion. Il pose une hypothèse pratique et morale : le véritable progrès ne consiste pas à niveler les différences, mais à transformer nos milieux, nos relations et nos pratiques pour qu’ils fassent sens pour toutes les façons d’exister. Pour le clinicien, le parent, l’enseignant, le collègue et pour toute société qui aspire à la justice, il y a là une tâche simple et immense : écouter avec plus d’attention, aménager avec plus de finesse, agir avec plus d’humilité.
Changer les choses pour l’autisme, c’est changer le monde pour nous tous 🙏🏼

Clémence

Les funambules du lien : comprendre ceux qui soufflent le chaud et le froidIl est des liens qui ne se laissent pas saisi...
07/08/2025

Les funambules du lien : comprendre ceux qui soufflent le chaud et le froid

Il est des liens qui ne se laissent pas saisir. Des liens qui approchent, qui s'enroulent autour du cœur avec chaleur, puis s’effacent sans bruit. Des liens où l’on croit enfin toucher un “nous”, et où l’on se retrouve seul, sans raison apparente. Des liens marqués par des gestes tendres, des mots forts, parfois bouleversants… suivis de silences, d’absences, de comportements à l'opposé. Comme si l’autre se débranchait soudain. Comme s’il n’était plus tout à fait là. Comme si l’amour - ou l’amitié - n’avaient été qu’une bulle, déjà éclatée.

Ce mouvement étrange, déroutant, que certains vivent avec constance, être proche un jour, distant le lendemain, n’est pas un jeu. Ce n’est pas une stratégie de manipulation pour garder l’autre dans l’incertitude. Pas toujours. Ce n’est pas non plus un caprice d’immaturité affective, ni un manque d’intérêt réel. Ce serait si simple.

Non. Ce mouvement, souvent incompris, est l’expression d’un conflit intérieur profond. Un paradoxe vivant. Il dit à la fois l’élan vers l’autre, et la terreur que cela implique. Il dit à la fois “j’ai besoin de toi” et “je ne peux pas me permettre d’avoir besoin de toi”.

Ces personnes qui soufflent le chaud et le froid, qui sont là puis absentes, qui parlent comme s’ils vous voyaient vraiment… puis font comme si rien n’avait compté, sont rarement à l’aise avec leur propre monde émotionnel. Ils peuvent ressentir beaucoup, intensément, mais ne pas savoir comment contenir cet excès. Ou au contraire, ne rien ressentir du tout à certains moments, comme anesthésiés, détachés d’eux-mêmes. Et dans les deux cas, la relation devient un terrain instable, parfois brûlant, parfois glacé.

Ce comportement peut avoir des racines précoces. Dans des histoires où l’amour a été incertain. Où l’attention de l’autre, parent ou figure d’attachement, était elle-même imprévisible. Dans ces configurations, le système nerveux apprend très tôt que la proximité est à la fois vitale et dangereuse. Elle peut réchauffer ou brûler. Sécuriser ou trahir. Alors l’enfant, puis l’adulte, apprend à composer avec cette ambivalence : approcher, puis reculer. Dire, puis nier. Aimer, puis se déconnecter.

On croit souvent que ceux qui soufflent le chaud et le froid sont maîtres de leurs gestes. Mais dans bien des cas, ils sont traversés par des forces qu’ils ne contrôlent pas. Ils veulent être sincères, mais n’arrivent pas à rester cohérents. Ils veulent aimer, mais leur système interne clignote au rouge dès qu’un attachement devient trop réel, trop proche, trop engagé. Et alors, sans même comprendre pourquoi, ils coupent. Se retirent. Se figent. Se ferment.

Ce retrait n’est pas l’opposé de l’amour. C’est sa panique. C’est le trop-plein. C’est la surcharge d’un système affectif qui n’a pas appris la stabilité. Et cela crée chez l’autre, celui qui aime, celui qui attend, une immense confusion. Car l’intensité est réelle. Les mots étaient vrais. Les gestes ont touché. Et puis plus rien. Comme un effacement. Un vide.

La douleur de ceux qui vivent ces liens est immense. Ils doutent d’eux-mêmes. Ils se sentent fous. Ils repassent en boucle les conversations, cherchent la faille. Ils s’accrochent à chaque mot chaleureux, comme à une preuve que ce qu’ils ont ressenti était réel. Et dans le silence ou l’absence, ils se sentent rejetés, oubliés, parfois méprisés. Alors ils attendent. Ils espèrent que l’autre revienne à la chaleur. Ils pardonnent, encore et encore, parce qu’ils savent ce dont l’autre est capable… dans ses bons jours.

Mais il faut comprendre une chose essentielle : aimer quelqu’un qui souffle le chaud et le froid, ce n’est pas forcément l’aimer mieux de le suivre dans sa danse. Ce n’est pas se faire tout petit pour ne pas effrayer. Ce n’est pas se taire pour ne pas faire fuir. Aimer quelqu’un d’oscillant, ce n’est pas se perdre en espérant que l’autre se trouve. C’est au contraire poser un cadre. C’est dire : “Je t’aime assez pour ne pas me laisser désintégrer.”

Et pour celui qui alterne entre présence et absence, il y a un chemin possible. Mais ce chemin demande du courage. Le courage de regarder ce qui fait fuir, ce qui fait peur dans la proximité. Le courage de sentir quand le retrait est un mécanisme ancien, et non une décision consciente. Le courage de se confronter à ses ambivalences, non pour les nier, mais pour apprendre à rester. Apprendre à ne pas saboter le lien dès qu’il devient trop beau.

Car dans le fond, ces personnes-là aiment. Elles aiment fort. Mais elles n’ont pas toujours appris à rester quand ça devient vrai. Et parfois, ce n’est pas qu’elles ne veulent pas… c’est qu’elles ne savent pas comment.

Ce texte n’est pas là pour excuser l’inconstance. Ni pour blâmer. Il est là pour ouvrir une brèche. Pour dire que derrière ces comportements souvent douloureux se cache une complexité qui mérite d’être approchée avec humanité. Que la guérison est possible, mais qu’elle ne se fait ni dans la fuite, ni dans l’effacement de soi.

On peut aimer. On peut rester. On peut changer. Mais cela demande un effort des deux côtés du lien : celui qui oscille, et celui qui tient bon. Cela demande de la lucidité, de la patience, et surtout une grande tendresse envers les parties de soi qui ont appris à se protéger en disparaissant.

Et si on osait aller à leur rencontre ?

Clémence ✨

🜂 Ceux qui ne demandent jamais : « Et toi, comment tu vas ? »Il y a des conversations qui laissent une trace étrange. Pa...
05/08/2025

🜂 Ceux qui ne demandent jamais : « Et toi, comment tu vas ? »

Il y a des conversations qui laissent une trace étrange. Pas à cause de ce qui a été dit, mais de ce qui n’a pas été entendu. Vous étiez là, présent.e, attentif. ve. Vous avez écouté. Longuement. Intensément.
Et puis la conversation s’est terminée, sans qu’à aucun moment on vous ait demandé :
« Et toi, comment tu vas ? »

Peut-être avez-vous appris à ne plus attendre cette question.
Peut-être en avez-vous même perdu l’habitude.
Mais elle continue de manquer. Elle reste absente comme un vide dans le dialogue.

Ce texte ne juge pas. Il explore. Avec respect. Il tente de comprendre ce qui se joue chez ces personnes que l’on croise tous : celles qui parlent beaucoup d’elles, spontanément, longuement, sans se retourner.
Et non pour les blâmer. Mais pour ouvrir un espace de conscience, là où les automatismes gouvernent souvent la relation.

Dans certaines interactions, la parole ne circule pas : elle coule dans un seul sens. L’un parle, l’autre écoute. Et cela semble aller de soi.

Il ne s’agit pas de bavardage anodin ou de moments passagers où l’un a plus à dire que l’autre. Il s’agit d’une structure récurrente, parfois rigide : l’autre existe comme réceptacle, pas comme sujet. Il est témoin, mais jamais acteur. Présent, mais peu interrogé.

Ces personnes ne vous demandent jamais : « Et toi ? », « Qu’est-ce que tu en penses ? », « Comment tu vis ça ? ». Ce n’est pas qu’elles ne veulent pas savoir. C’est souvent qu’elles n’imaginent pas devoir le faire. Pour elles, parler de soi est naturel. Demander à l’autre… n’est pas inscrit dans leur carte du monde.

Dans l’imaginaire collectif, écouter l’autre est une norme sociale. Mais dans la réalité, c’est une capacité psychique qui s’acquiert, qui se structure. Elle suppose de se décaler de soi, même brièvement, pour faire de la place à l’autre. Pour certaines personnes, ce mouvement est trop coûteux, ou trop flou.

Il n’y a là ni cruauté, ni malveillance. Il y a des automatismes acquis dans des contextes où l’écoute n’était pas valorisée, ou pas transmise. Peut-être ont-ils grandi dans un environnement où parler de soi était la seule manière de se faire entendre. Peut-être ont-ils développé une forme d’hyper-expression compensatoire, une sorte de protection identitaire qui passe par le récit permanent de soi.

La parole devient alors un espace de régulation, voire de réparation.
Mais un espace fermé. Auto-référencé.
Un récit sans écho.

Le plus troublant dans ces échanges n’est pas seulement l’absence de question. C’est l’absence d’intention relationnelle. L’autre est là, mais comme toile de fond. Comme un miroir qui ne renvoie jamais sa propre image.

L’oubli de l’autre n’est pas une attaque : c’est une non-conscience. Un pli relationnel, une habitude de se centrer, non pas parce qu’on s’aime trop, mais parce qu’on ne sait pas comment se relier autrement.

Et c’est cela qui rend ces interactions si vides, malgré leur densité verbale. Car on n’y est pas rencontré. On y est périphérique.

Dans ces liens, l’effet cumulatif est réel. Celui qui écoute en permanence finit par se retirer intérieurement. Il ne coupe pas la parole. Il ne corrige pas. Il s’adapte. Il fait court, quand il parle enfin, parce qu’il a appris que le temps de parole lui est compté.
Et l’autre ne s’en rend pas compte.

C’est une forme d’asymétrie invisible.
Rien de violent, rien d’éclatant.
Juste une lente érosion de la réciprocité.

Et maintenant ?

Ce n’est pas un plaidoyer contre ceux qui parlent beaucoup d’eux.
Ce n’est pas un appel à parler moins.
C’est une invitation à parler autrement.

À se souvenir qu’une relation, quelle qu’elle soit amicale, amoureuse, familiale, même éphémère est un espace partagé. Un lieu où chacun peut, à tour de rôle, se dire et s’entendre.

Et si l’on ne vous demande jamais « Et toi, comment tu vas ? », alors ce n’est pas de vous qu’il faut douter. C’est peut-être de l’équilibre du lien.

Changer, ce n’est pas se taire. C’est apprendre à inclure.

Ceux qui ne posent pas de questions ne sont pas à exclure. Ils sont à inviter. À inviter à la conscience, doucement.
Ils n’ont pas à disparaître du paysage relationnel.
Mais ils ont peut-être à réapprendre à faire de la place. Pas pour moins parler, mais pour inclure l’autre dans le champ du lien.

Et parfois, un simple regard peut tout changer.
Un silence laissé à l’autre.
Une question dite pour de vrai.
Une sincère curiosité pour ce que l’autre vit.
Un : « Et toi, comment tu vas ? »

Avec bienveillance

Clémence ✨

La brûlure invisible : quand le silence devient déchirureIl est une blessure que nul ne voit, une brûlure silencieuse qu...
03/08/2025

La brûlure invisible : quand le silence devient déchirure

Il est une blessure que nul ne voit, une brûlure silencieuse qui s’insinue au creux des liens invisibles entre les âmes.
Elle naît non d’un coup, non d’un affront, mais d’un abandon plus sourd, plus subtil : celui du silence qui refuse de reconnaître l’émotion.

Les points de suspension n’ont jamais été une invitation à continuer, juste une manière lâche de se dérober. Être laissé seul, suspendu à un silence lourd, face à une tristesse que l'autre refuse de voir. Ce vide n'est pas un espace pour respirer, mais un mur invisible dressé entre deux solitudes, la leur, faite d’évitement, et la vôtre, de douleur ignorée.

Être humain, c’est d’abord être vu dans sa lumière et dans ses ombres, dans ses cris muets et ses éclats de joie.
Lorsque ce regard manque, lorsque la reconnaissance se dérobe, l’âme vacille, se déchire, et s’isole dans un gouffre où la douleur se fait monologue.

Cette blessure, souvent déguisée en attente ou en doute, est l’écho d’un besoin fondamental, primal : le besoin d’être accueilli dans sa vulnérabilité.
Elle se loge là où le corps s’ouvre, là où le cœur bat à vif, prêt à offrir, à recevoir.
Lorsque le regard de l’autre se ferme, c’est un effondrement silencieux qui se produit, une désertion émotionnelle où la parole meurt avant même d’avoir existé.

Mais cette déchirure ne se limite pas à l’espace intime : elle est la clef d’un paradoxe relationnel universel.
Nous sommes pris dans la tension entre le désir de connexion et la peur panique de la perte, entre l’aspiration à l’unité et le poids écrasant de l’abandon.

Dans ce balancier fragile, la reconnaissance devient l’acte fondateur d’une cohabitation authentique.
Elle n’est ni un cadeau, ni un luxe : c’est un vécu neuro-affectif primordial, inscrit dans les circuits mêmes qui régulent notre survie émotionnelle.
Le cerveau, dans sa merveilleuse complexité, scelle la mémoire des absences aussi puissamment que celle des présences.
Un regard, un geste, un mot qui accueille ou rejette la vulnérabilité inscrivent leur trace dans le corps et l’esprit, façonnant la carte intime de ce que nous sommes.

Ce qui se joue dans le silence, dans l’absence de réponse, dépasse la simple interaction : c’est une forme d’exclusion du monde relationnel, une fracture invisible qui rend le lien impossible.
La souffrance alors devient une invitation à la résilience, à la reconstruction de soi dans la clairière de son propre être.
C’est le moment où l’intégrité personnelle se manifeste dans sa puissance la plus pure, où la capacité à s’auto-accueillir devient un bouclier contre le vide.

Ainsi, la douleur d’être ignoré, le vertige de la solitude affective, révèlent paradoxalement la force inouïe de l’humain à chercher la lumière, à exiger la vérité, à ouvrir des voies nouvelles.
Nous ne sommes pas condamnés à attendre le regard de l’autre pour exister pleinement.
Nous portons en nous cette source inextinguible, cette flamme fragile mais résistante, qui s’appelle l’amour de soi.

Reconnaître cette dynamique, c’est bouleverser les codes classiques des relations humaines.
Ce n’est plus la simple quête d’affection qui prime, mais la nécessité vitale d’une reconnaissance réciproque et consciente, une présence à soi et à l’autre qui refuse la fuite et le silence.
C’est dans cette présence partagée, dans cette honnêteté radicale, que se déploie la guérison.

Au-delà des mots, des promesses et des gestes, ce qui fait tenir la vie, c’est cette capacité à accueillir la blessure, à l’habiter sans la fuir, à la transformer en force.
C’est là, dans ce fracas intime, que naît la véritable intimité, celle qui ne craint ni la lumière ni l’ombre, mais qui danse au rythme du souffle vivant.

Ce texte n’est pas qu’une analyse, c’est un appel.
Un appel à sortir du mutisme des cœurs blessés, à embrasser la vérité de ce qui nous habite, et à bâtir des ponts, non pas pour effacer la douleur, mais pour l’honorer, la traverser, et la transcender.

Clémence ✨

Votre cerveau croit tout ce que vous lui ditesIl y a en vous un organe qui, silencieusement, façonne la totalité de votr...
31/07/2025

Votre cerveau croit tout ce que vous lui dites

Il y a en vous un organe qui, silencieusement, façonne la totalité de votre expérience. Il ne discute pas, ne doute pas, ne soupèse pas la crédibilité de ce que vous lui répétez chaque jour. Il ne tranche pas entre vos exagérations et vos vérités profondes. Il prend vos mots, vos pensées, vos ruminations… et les transforme en architecture vivante, en biochimie, en émotions, en posture, en décisions.

Votre cerveau, lui, croit.

Non pas au sens mystique ou naïf du terme. Il croit au sens où il intègre, modélise, encode et agit. Il croit comme un sol fertile croit aux graines qu’on y dépose : peu importe qu’elles soient porteuses de beauté ou de ronces. Il croit parce qu’il ne peut faire autrement. Parce qu’il est conçu pour apprendre, et que ce que vous lui répétez, il le considère comme fondamental à votre survie. Votre cerveau croit ce que vous lui dites, non parce qu’il est dupe, mais parce qu’il vous est loyal.

Et cette loyauté, souvent, nous la trahissons.

Chaque fois que vous pensez « je suis nul », il prend note. Il prépare des réponses chimiques à cette auto-dépréciation. Il ajuste vos filtres attentionnels pour que vous ne voyiez plus que ce qui la confirme. Il affine vos connexions neuronales pour que cette idée ait plus de poids demain qu’elle n’en a eu hier. Pas pour vous punir, mais pour vous protéger. Pour vous préparer à un monde dans lequel cette affirmation serait vraie puisque vous la répétez tant.

Mais vous n’êtes pas nul. Vous êtes en train de décrire une douleur avec les mots d’une croyance.

C’est cela qu’il faut comprendre : votre cerveau ne distingue pas la vérité de la répétition. Il n’a pas de détecteur de mensonge pour vos pensées. Il se fie à l’intensité, à la fréquence, à l’émotion associée. Ce que vous ruminez devient réalité, non parce qu’il l’est, mais parce que votre système nerveux finit par s’y adapter. Il ne sait pas que vous êtes ironique, ou fatigué, ou que vous parlez sous le coup de la colère. Il prend tout au sérieux. Il transforme vos mots en sensations, en actions, en monde intérieur.

Ce n’est pas une métaphore : le langage modifie littéralement les réseaux cérébraux.

Chaque phrase que vous vous adressez est une commande. « Je suis foutu », « je n’y arriverai jamais », « je suis trop sensible », « je ne mérite pas qu’on m’aime » : votre cerveau n’y voit pas des lamentations, il y voit des instructions. Il organise alors votre perception, vos hormones, vos réflexes comportementaux pour être cohérent avec ce que vous dites. Il veut vous aider à survivre dans le monde que vous décrivez. Même s’il est faux. Même s’il vous écrase.

Mais alors… si cela est vrai, une autre vérité apparaît.

Ce que vous vous dites peut aussi vous libérer.

Essayez un instant : dites-vous intérieurement une phrase d’une douceur radicale. Pas un compliment vide, mais une phrase habitée, ancrée, qui parle à l’enfant que vous avez été et à l’adulte que vous êtes devenu :
« J’apprends à m’aimer même quand j’ai peur. »
« Je suis digne, même quand je trébuche. »
« Je peux changer sans me renier. »

Répétez-la. Pas une fois. Plusieurs fois. Avec sincérité. Pas pour vous mentir, mais pour offrir à votre système nerveux une nouvelle carte, une nouvelle direction. Votre cerveau ne changera pas en une journée. Mais il vous écoutera. Et il commencera à réécrire vos fondations intérieures, neurone après neurone.

Il ne s’agit pas de positivité toxique. Il ne s’agit pas de se convaincre à coups de slogans. Il s’agit d’honorer une vérité biologique : ce que vous vous dites laisse des traces dans votre cerveau. Des traces physiques. Des circuits. Des chemins. Vous êtes l’environnement principal de votre propre cerveau.

Et comme tout environnement, vous pouvez le rendre habitable. Sécurisant. Lumineux.

Ce texte n’est pas une injonction. Ce n’est pas un mode d’emploi. C’est une invitation à la délicatesse envers vous-même. À la rigueur aussi, car il est rigoureux d’être attentif à ce qu’on répète mille fois à l’intérieur. Ce que vous appelez parfois votre caractère, votre fatigue chronique, votre manque de confiance, est souvent le fruit d’années de messages internes trop durs, trop froids, trop anciens. Le cerveau s’y est adapté. Et il est prêt à s’adapter autrement, si vous lui proposez un autre discours.

Mais c’est là toute la beauté : vous êtes l’auteur de votre narration intérieure.

Vous ne contrôlez pas tout ce qui vous traverse, mais vous pouvez choisir ce que vous répétez. Vous pouvez cesser de vous dire ce que d’autres ont dit de vous. Vous pouvez cesser de vous parler comme si vous étiez un projet raté. Vous pouvez décider, non pas de vous convaincre que tout va bien, mais de vous parler comme on parle à quelqu’un qu’on respecte, même quand il va mal.

Votre cerveau, alors, vous croira. Et il vous changera.

A bientôt au cabinet ✨

Clémence

L’ATTACHEMENTIl n’y a pas de vie humaine sans attachement. Pas parce que nous serions faibles ou dépendants par nature, ...
30/07/2025

L’ATTACHEMENT

Il n’y a pas de vie humaine sans attachement. Pas parce que nous serions faibles ou dépendants par nature, mais parce que l’existence elle-même prend forme dans le lien. Avant même de pouvoir nous définir comme « moi », il y a eu un autre. Quelqu’un qui nous a tenu dans les bras, ou qui ne l’a pas fait. Quelqu’un dont le regard a répondu au nôtre, ou qui l’a laissé tomber dans le vide. L’attachement, c’est l’empreinte de ces premiers échos.

Mais réduire l’attachement à une réaction biologique, ou à un schéma appris dans l’enfance, serait une trahison de sa complexité. L’attachement n’est pas une compétence, c’est une manière d’être au monde. Une manière d’exister dans la présence de l’autre. Une manière de ressentir la vie dans le regard, les silences, la chaleur d’une voix. Et surtout : une manière d’espérer.

Il y a plusieurs types d’attachements.

On parle souvent d'attachement sécure, évitant, anxieux ou désorganisé. Mais ces catégories ne sont pas des cases : ce sont des paysages psychiques. L'attachement sécure n'est pas un idéal de normalité, c'est une manière d'habiter la confiance. Confiance en soi, en l'autre, en la possibilité d'être aimé sans devoir disparaître ou lutter.

L'attachement évitant, ce n'est pas l'absence de besoin, c'est un besoin qui a appris à se cacher pour survivre. Il se construit quand l'autre est prévisible dans son indifférence, et que l'on devient sécurité pour soi-même, seul, trop tôt. Ce n'est pas un choix, c'est une adaptation. Comme un enfant qui apprend à ne plus pleurer parce que personne ne vient.

L'attachement anxieux, lui, est le résultat d'une présence incertaine : parfois chaude, parfois froide. L'autre devient un mystère à percer, une température à deviner sans cesse. Alors on se fait petit ou immense, trop présent ou trop docile, dans l'espoir que l'amour se stabilise. L'autre devient obsession parce que l'amour est conditionnel.

L'attachement désorganisé est celui du paradoxe : vouloir se réfugier auprès d'une figure qui effraie. Aimer celui qui fait peur, fuir celui qui rassure. C'est la conséquence d'une confusion fondamentale entre amour et danger, quand le même visage incarne à la fois le soin et la menace. L'âme s'y déchire.

Mais au fond, pourquoi s’attache-t-on ?

Parce que l'humain ne peut pas se penser seul. Le lien est un miroir vivant, il nous reflète. Ce que nous appelons identité est tissé d'innombrables regards, étreintes, absences, trahisons et retours. Le lien est nécessaire non seulement pour se sentir aimé, mais pour se sentir réel. La solitude absolue n'est pas une liberté, c'est une mise à mort du sentiment d'exister.

S'attacher, c'est choisir d'être vulnérable. C'est prendre le risque de se montrer dans son besoin. Mais c'est aussi, quand ce besoin est reconnu, la plus puissante expérience de réparation et d'expansion psychique. C'est là que se trouve le véritable soin : dans la rencontre qui ne juge pas le besoin, mais qui l'accueille.

D'où cela vient-il ?

Il y a des empreintes. Pas seulement des souvenirs, mais des manières d'être avec soi et les autres, que l'on porte comme une seconde peau. Elles viennent des premiers liens : le regard qui se tourne ou se détourne, les bras qui réconfortent ou qui serrent trop fort, les mots qui nomment ou qui écrasent. Chaque expérience laisse une trace neuro-affective. Non pas dans un cerveau abstrait, mais dans la manière dont le corps ressent l'autre.

Ces traces ne sont pas des condamnations. Ce sont des sentiers. Et tout sentier peut être quitté, à condition qu'on le voie.

Comment cela évolue-t-il ?

Ce n'est pas la thérapie seule qui transforme l'attachement, c'est la répétition de présences nouvelles. Ce sont des liens différents, plus stables, plus doux, plus clairs. Ce sont des amitiés sincères, des amours non manipulatoires, des regards patients. C'est un thérapeute qui ne fuit pas, qui ne juge pas, qui reste.

L'attachement évolue quand le corps enregistre que le monde peut être autre. Quand il intègre qu'une main tendue n'est pas toujours piège. Que l'on peut pleurer sans être abandonné. Que l'on peut parler sans être humilié. Que l'on peut aimer sans se perdre.

Il évolue aussi quand on cesse de vouloir réparer le passé dans le présent. Quand on reconnaît que certains liens étaient tordus, injustes, toxiques, sans chercher à les défendre. Le changement naît dans cette lucidité tendre : je comprends pourquoi j'ai appris à me protéger ainsi, mais je ne veux plus vivre sous cette loi.

Un mot pour finir :

S'attacher, c'est accepter de se laisser toucher. Et être touché, c'est être en vie. Il n'y a rien de plus humain, ni de plus courageux.

Alors si vous vous sentez trop dépendant, trop distant, trop exigeant ou trop absent, souvenez-vous : ce ne sont pas des défauts, ce sont des langages que votre âme a appris pour rester en lien.

Et tout langage peut être traduit, compris, et, peu à peu, réinventé.

A bientôt au cabinet ✨

Clémence

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