19/06/2025
Allez, je vous parle de « Différente », ce super film de Lola Doillon avec Jehnny Beth dans le rôle d’une adulte qui découvre… sa différence.
Enfin un film qui aborde l'autisme sans déficience cognitive, et qui plus est, au féminin. On y parle de la différence mais cela montre aussi la ressemblance. Car oui, même s'il sagit d'une apparente ressemblance avec les neurotypiques, certaines personnes autistes se fondent avec brio dans le moule....retardant ainsi leur diagnostic. Une personne non avertis (et avertis parfois) n'y verra que des "bizarreries", ou une "sensibilité particulière" là où il s'agit d'un Trouble du Spectre Autistique !
Car oui, comme je l’ai souvent expliqué dans mes précédents posts, le TSA (Trouble du Spectre Autistique) peut prendre des formes très variées. Il y a autant de manières d’être autiste que de personnes autistes. Et pourtant, l’autisme chez les femmes reste largement sous-documenté.
Les stéréotypes ont la vie dure. Beaucoup pensent encore que le TSA implique nécessairement un regard fuyant, le mutisme, ou une déficience intellectuelle.
Oui, cela existe — mais ce n’est pas une règle. Il y a des personnes autistes très verbales, d’autres qui soutiennent le regard de façon intense, certaines qui ressentent le monde avec une hypersensibilité sensorielle, d’autres avec une hyposensibilité… parfois même les deux à la fois. On retrouve aussi une grande diversité dans la manière d’interagir : certaines personnes évitent les contacts sociaux, d'autres les recherchent intensément sans percevoir les codes implicites, et certaines encore passent inaperçues car elles compensent avec des mécanismes d’observation et d’imitation.
Autre caractéristique essentielle du TSA : les intérêts spécifiques. Passion dévorante pour un sujet, investissement total dans une activité — c’est souvent un moteur, une source de réconfort et de sens. Mais attention : ces intérêts ne sont pas synonymes de génie mathématique ou de mémoire exceptionnelle façon Rain Man. Il s’agit d’une perception et d’une relation au monde unique, pas d’un super-pouvoir hollywoodien.
Toutes rencontrent des difficultés dans les interactions sociales, mais chez celles sans déficience cognitive, voire à haut potentiel, une forme d’adaptation se met souvent en place dès l’enfance : le masking. Elles analysent les comportements des autres et les imitent, pour se fondre dans la norme.
Et quand enfin le diagnostic tombe, on leur balance : « Mais tu ne ressembles pas à une autiste », « Ça ne se voit pas », « Tu parles, tu as des amis, donc tu n’es pas autiste ! ». Même des proches de personnes TSA peuvent remettre leur diagnostic en question — parce que leur forme d’autisme ne semble pas "assez grave".
Mais ce camouflage a un coût. Il entraîne angoisse, de l’anxiété généralisée, des épisodes de dépersonnalisation, de dissociation, des diagnostics erronés (dépression, bipolarité, borderline...) et une fatigue psychique profonde, si lourde que se lever peut devenir un exploit.
Bref, vous l’aurez compris : ce film est essentiel. Il éduque, il bouscule, il éclaire et il parle d'une histoire d'amour avec une personne ..."Différente"!
Et croyez-moi, même parmi les professionnels formés à détecter ce trouble il y a des années — certains parlent encore de "maladie" — il y a encore tant à apprendre.
Courez le voir pour que le monde soit plus compréhensif envers les neuroatypiques. Il sort dans peu de salle, mais vous pouvez le voir à utopia Avignon et au de Saint Rémy de Provence dès demain 16h (20 juin) et jusqu'à lundi.