
06/10/2025
Il y a quelques mois, les chutes en fin de saison avaient laissé plus de traces que je ne voulais l’admettre.
Pas seulement sur le corps : sur l’esprit aussi.
À chaque saut, l’élan se heurtait à la peur. Cette microseconde de doute suffisait à tout figer : les mains se raidissaient, le souffle se bloquait, et le corps, pourtant entraîné, refusait l’envol.
C’est là que j’ai compris que le blocage n’était pas physique, mais psychologique.
Comme en psychothérapie, certaines peurs se glissent dans les interstices du quotidien. Elles s’immiscent dans le geste, dans la posture, dans le souffle même.
Et pour les apprivoiser, il ne suffit pas de “tenir bon”.
Il faut accueillir la peur, la regarder en face, la nommer, puis apprendre à lui laisser sa place : sans la laisser guider la main.
Dans la théorie cognitive-comportementale (Beck, 1976), on parle de désensibilisation graduée : réapprendre, pas à pas, à affronter ce qui effraie en restaurant la sécurité intérieure.
En équitation comme en thérapie, cela suppose d’abord une alliance : celle du cavalier et du cheval, celle du patient et du thérapeute.
Deux êtres qui se fient l’un à l’autre pour oser à nouveau.
Alors j’ai recommencé.
Des barres au sol, puis des croisillons.
Des battements de cœur plus calmes, des mains plus souples.
Et un jour, sans vraiment y penser, on a sauté.
Vraiment sauté.
L’élan était là, la confiance aussi.
Best volait, et moi avec lui.
Ce moment n’est pas qu’un simple saut.
C’est le symbole d’une résilience retrouvée (APA, 2023) : la capacité à se reconstruire après un échec, à retrouver un sentiment d’efficacité personnelle (Bandura, 1997), et à transformer la peur en force d’adaptation.
Aujourd’hui, je ne me bats plus contre la peur.
Je l’écoute, je la remercie, puis je lui murmure doucement :
« Regarde, on vole. »