04/11/2025
La souffrance psychique se distingue par son absence de traces visibles : aucune plaie, aucun bleu, et pourtant une douleur bien réelle. Cette invisibilité rend la détresse mentale particulièrement difficile à reconnaître, tant pour la personne qui la vit que pour son entourage. Comme le rappellent Herman, Perry et van der Kolk (2022), les blessures de l’esprit se manifestent souvent par des signes discrets : irritabilité, troubles du sommeil, épuisement émotionnel (qui échappent à la lecture immédiate)
Cette invisibilité pousse fréquemment à la dissimulation. L’être humain, soucieux de préserver une apparence de maîtrise, apprend à cacher sa peine derrière le masque du « ça va ». Ce mécanisme d’adaptation, que Gross et John (2003) décrivent comme la suppression émotionnelle, agit comme une armure protectrice à court terme, mais il augmente à long terme la détresse psychologique et la vulnérabilité au burnout.
Dans un contexte social encore marqué par la stigmatisation de la maladie mentale, cette stratégie de camouflage émotionnel reste fréquente (American Psychological Association, 2023). Elle découle d’une peur du jugement et d’une norme implicite valorisant la performance et la résilience apparente. Pourtant, ce « silence intérieur » aggrave souvent la blessure. Le modèle de vulnérabilité-stress (Ingram & Luxton, 2005) montre que l’exposition prolongée au stress, combinée à un manque de soutien émotionnel, peut transformer une fragilité latente en trouble psychique manifeste.