Au coeur d'Etre

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Au coeur de l’être

J’ai voyagé, longtemps. Pas autour de la terre, non, j’ai voyagé en moi même. J’ai traversé de nombreuses vies. J’ai été victime, j’ai été bourreau. J’ai été femme, homme enfant, j’ai été sœur, frère, fils ou fille, ami, j’ai été esclave et parfois aussi combattant, j’ai été sorcière, moine, juge, j’ai été vendu, et vendeur, j’ai été roi ou reine. J’ai été dauphin, félin, insecte, j’ai été l’arbre, l’eau, l’air, j’ai été le souffle. J’ai plongé au cœur de mon ombre, j’ai été voir au cœur de ma souffrance, j’ai pleuré, tellement pleuré. J’ai ressenti la violence de la souffrance dans chaque cellule de mon corps à vouloir en mourir, j’ai ressenti la solitude de l’abandon, je me suis sentie tellement seule, tellement vide... J’ai ressenti l’injustice, la colère et l’incompréhension, le rejet. Je me suis interrogé sur le pourquoi, pourquoi tant de violence ici? Pourquoi tant de guerre et de souffrance? J’ai pleuré, encore. Pourtant, je m’infligeais a moi même tant de violence, à en faire souffrir mon propre corps pour atténuer la souffrance de mon cœur. Puis, petit a petit, j’ai appris à être. A respirer. A être là, ici maintenant. J’ai appris à aimer. Je suis allée voir au cœur de moi même, et bien caché, j’y ai trouvé une petite lueur, qui s’appelle amour. Alors j’ai pu apprendre, à aimer, à m’aimer, à être aimer sans peur. La route a été longue, parfois sinueuse, chaotique, mais tout est là, juste parfait, au bon moment. J’ai appris à regarder en face ma peur, la tienne, la notre, sans la transformer en drame, j’ai appris à changer mon regard, et voir avec amour les zones de souffrances à panser, les miennes, les tiennes, les nôtres, celles de l’humanité. Je prends ma responsabilité, je l’accueille, et je fais ma part, j’ai appris à laisser vivre les énergies qui me traversent, à ne plus me juger pour cela. Je suis allée voir au cœur de moi-même, et j’y ai trouver le monde, j’ai appris à aimer être sur terre, ici, maintenant. J’ai appris à ne surtout pas me prendre au sérieux, à rire de moi (et si j’ai pu le faire, chacun y arrivera, tant j’étais susceptible!)j’ai appris la légèreté, et que je ne possédais rien, j’ai appris l’impermanence, et surtout j’ai appris a vivre cette impermanence avec joie. J’ai plongé au cœur de moi même pour regarder le monde, et ne faire plus qu’un. La route n’est pas finit, il y a encore des zones d’ombres, mais ce qui n’était avant qu’une lueur au fond de moi a bien grandit aujourd’hui. A présent, où que je regarde, il y a toujours la lumière, belle étincelante. Aujourd’hui, je suis prête. A tous, visibles, invisibles, merci.